Lundi 4 juillet 2022

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Dans le train (1)

Le train avance entre les cyprès trop hauts pour qu'on distingue quoi que ce soit derrière. J'ai envie de mettre mon bras sur l'accoudoir du milieu mais l'espèce de velours douteux qui le couvre me gratte le coude. Sur le siège devant moi, il y a une jeune femme qui a beaucoup de cheveux (ils dépassent des deux côtés du siège). À côté de moi, un homme de la cinquantaine est avachi plus qu'assis sur son siège. Il a des Air Pod dans les oreilles et regarde un film dont j'ignore le nom mais qui a l'air marrant.

Sous mon casque, les dernières notes de Still Loving You du groupe Scorpions s'évanouissent. Je suis allée à leur concert avant-hier soir mais je ne m'en lasse pas. J'aimerai m'assoupir quelques minutes mais je sais que je ne peux pas dormir en pleine journée, même extrêmement fatiguée... j'envie mon père pour qui il suffit qu'il soit décidé de faire la sieste et hop ! On entend juste ses ronflements sonores pendant une heure au minimum. Le mec à côté de moi a fermé les yeux. Dans moins de dix minutes il dort. C'est pas humain de faire ça.

Je me tourne vers la fenêtre qui est de mon côté (quelle aubaine !) et pose mes deux coudes sur l'accoudoir qui donne l'impression d'être plus confortable que celui du milieu (et il l'est). Je fixe le paysage qui défile tandis que Send Me An Angel résonne. Merci Scorpions de chanter ces chansons magnifiques qui vont parfaitement avec mon mood actuel. J'ai l'impression que le train ralentit. Peut-être est on déjà arrivé à l'un des quelques arrêts avant Lille Flandre, le terminus.

Bon Send Me An Angel ça va cinq minutes mais au bout de trois fois de suite ça commence à faire beaucoup... je met Ainsi Bas La Vida d'Indila me retourne vers le pavé posé devant moi. Ce livre est génial mais il est gros quand même...

Au final le gars à côté de moi ne s'est pas endormi il a repris son film.

On arrive à Marne-la-Vallée Chessy. J'aime pas cette gare. Elle est sombre et les gens qui montent sont souvent surexcités car ils reviennent (généralement) de Disney Land Paris. Mais aujourd'hui, c'est le début des vacances (officiellement je suis même pas en vacances) ce qui explique pourquoi il y a moins de monde que d'habitude.

Je me tortille sur mon siège pour mettre ma veste en jean noir. Il fait froid mine de rien ! Le mec à côté de moi pense que je vais me lever et descendre en catastrophe car il se redresse au moment où je me laisse presque tomber sur le siège. Il reste quand même droit, histoire de pas passer pour un débile.

J'ai trop écouté Ainsi Bas La Vida. Je met Astronaut In The Ocean. Une des meilleures intro de l'histoire du hip-hop/rap anglophone. Je chante une phrase entière à toute allure et le gars à côté de moi me regarde chelou alors je rougis un peu. Oups...

Mon tel vibre. Mais le temps que j'extirpe l'appareil de la pochette c'est trop tard... alors je regarde qui a bien pu m'appeler dans les appels manqués. C'est un numéro étrange, comme si on l'avait composé au hasard sans même mettre le 06, 07 ou 04 réglementaires en France. Je rappelle mais une voix insupportablement mécanique me dit : « Votre forfait ne vous permet pas d'appeler ce numéro. Vous pouvez modifier votre abonnement pour appeler à l'international sur votre espace client » et j'ai pas écouté la suite parce que j'ai raccroché... MAIS QUI M'APPELLE DE L'ÉTRANGER BORDEL ?!!! JE VEUX SAVOIR !

Le speaker EST TROP DRÔLE J'EN PEUX PLUS ! Il me tue avec ses « Vous êtes priés de passer vos appels téléphoniques sur les plateformes prévus à cette effet car je ne doute pas que votre vie est passionnante mais elle n'intéresse que vous, désolé de vous l'apprendre ! » et « Veillez à n'oublier aucun bagage, et oui, les enfants sont considérés comme des bagages... » et bien d'autres mais flemme de tout citer.


(687 mots)

Rantbook ou l'art du vagabondage intellectuelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant