𝟓 | 𝐄𝐬𝐜𝐚𝐩𝐚𝐝𝐞 𝐧𝐨𝐜𝐭𝐮𝐫𝐧𝐞

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  You hit me so hard, I saw stars - Billie Eilish

LIA
5 septembre 2024,

I̶l̶ ̶m̶'̶a̶ ̶m̶a̶n̶q̶u̶é̶

Ses baisers descendent le long de mon cou alors que je tente de le repousser.

—  Sean... râlé-je. Pas ici...

—  Alors allons autre part...

—  Mais oui bien sûr...

Il souffle et se décale finalement sur le mur. Je prends une taffe avant de lui passer mon roulé.

Il pense que je lui ai pardonné, comme à chaque fois qu'il me cause du tort. Mais c'est tout autre, c'est juste que rester seule, ça craint.

Tu mens.

̶T̶u̶ ̶r̶e̶t̶o̶m̶b̶e̶s̶ ̶d̶a̶n̶s̶ ̶s̶e̶s̶ ̶b̶r̶a̶s̶.̶

Je n'ai jamais réussi à lui en vouloir longtemps... Pourtant, j'ai vraiment tenté de couper les ponts avec lui, mais j'ai l'impression que c'est mission impossible.

Je n'y arriverai jamais.

—  Tu viens ce soir ?

—  Où ça ? À la soirée d'Ayanna ?

Il hoche la tête.

—  Tu te fous de moi ? Elle te hait autant que moi, qu'est-ce que tu vas y faire ?

—  Sa maison est tellement grande qu'elle ne nous verra même pas. Allez Lia, insiste-t-il.

—  Qu'est-ce que tu vas y foutre Sean ? Te bourrer la gueule ? Te droguer ?

—  Pourquoi ton ton est si méprisant ? Comme si j'étais le seul à faire ça...

—  Peut-être parce que c'est toi qui m'as entraîné dedans Sean... craché-je.

—  Au moins, je ne suis pas le seul à être tombé si bas.

Je hausse les épaules. Il me repasse le roulé et j'ingère doucement la fumée toxique.

Si maman était là, elle serait tellement déçue de moi...

—  Je ne sais pas si mon père... enfin tu sais. Depuis que mon frère nous a vus, mon père me prend pour une traînée. Si je sors cette nuit, c'est la dernière fois que tu me vois en vie.

Il prend une mine perplexe et semble chercher une solution à mon problème.

—  Ben, tu peux toujours sortir en cachette.

—  T'as entendu ce que je viens de te dire ?

—  Personne ne te verra. Allez, je passe te prendre à 1 heure.

⋅•⋅⊰∙∘☽༓☾∘∙⊱⋅•⋅

Je n'ai pas pris la peine de me changer. À quoi bon ? Je m'apprête à me rendre chez mon ancienne meilleure amie qui, à présent, me déteste. Tout ça à cause de Sean.

J'ai réussi à sortir en cachette et j'espère que je n'ai vraiment fait aucun bruit. Autrement, je suis une femme morte.

—  On est arrivé, déclare Sean.

—  Enfin, soufflé-je.

J'ouvre la portière et sors de la voiture. Une immense maison se dresse devant moi.

En effet, j'avais oublié à quel point elle était grande. Réticente, je ne bouge pas. Sean atterrit devant moi et arque un sourcil.

—  Tu hésites encore ?

—  À ton avis ?

—  Qu'est-ce que je t'ai dit ? Elle ne verra même pas nos silhouettes. Allez, insiste-t-il en me traînant par le bras.

—  C'est une mauvaise idée Sean...

—  Donc tu veux repartir, c'est ça ?

Oui.

Je secoue la tête et lève les yeux au ciel. Nous arrivons rapidement à l'intérieur. Évidemment, on nous a laissé entrer parce qu'elle ne semble pas avoir dit à ses proches qu'on ne s'entendait plus. Sûrement parce qu'elle n'attendait pas ma présence. Logiquement.

À peine entré, une foule d'élèves se dresse devant nous. La musique dans les enceintes est tellement forte qu'elle fait bourdonner mes oreilles. Je regarde autour de moi, à la recherche d'une tête qui m'est familière, mais rien.

Je remarque que Sean nous entraîne vers la cuisine vide et me tend un gobelet rouge.

—  Whisky coca ? me propose-t-il.

—  Juste un verre.

—  Bien sûr.

Il me sert rapidement et j'engloutis tout d'un coup.

—  Wow, depuis quand tu bois cul sec ?

—  Si Ayanna nous voit, elle nous tue.

—  Tuer est un trop petit mot, articule une voix derrière moi.

Je me retourne vivement quand la voix de Jayden surgit derrière moi. En posant mes yeux sur lui, je détaille sa peau noire sans défauts et ses cheveux rassemblés dans quatre nattes collées.

—  Oh pitié, on vient tout juste d'arriver, se plaint Sean.

Jayden lui lance un regard blasé et se reconcentre sur moi.

—  Donc, qu'est-ce que vous faites ici ?

—  Jay... tenté-je.

Il secoue la tête et son expression se referme.

—  Jayden.

J'ouvre la bouche une demi-seconde, mais me résigne au dernier moment et finis par hocher la tête. Je la baisse et contemple mes chaussures, gênée. Je ne sais pas quoi dire. C'est comme si notre complicité n'avait jamais existé. Je ne sais plus quoi dire à l'une des personnes avec qui j'ai tout partagé auparavant.

—  Lia ? Je peux te parler ?

Sean lève les yeux au ciel quand il comprend que Jayden souhaite être seul avec moi.

—  Cinq minutes.

Il se lève et sort rapidement de la cuisine.

Jayden se gratte le crâne et se racle la gorge.

—  Tu sais très bien que tu ne peux pas te pointer ici... Si Ayanna te voit, elle te trucide. Tu sais très bien comment elle est.

—  Rancunière, je sais...

—  Tu comptais énormément pour elle, fallait voir comment elle était les jours après votre rupture amicale. À cause de toi. Et maintenant tu te pointes dans sa propre maison ?

—  Jay...

—  Et tu ne t'excuses même pas ?

—  Je ne peux pas.

—  Nuance. Tu ne veux pas.

Je secoue la tête et tente de retenir la colère qui menace d'exploser. J'ai tendance à rapidement m'emporter et hausser le ton dans ces situations. Je n'arrive pas à contrôler ma colère, pourtant j'aimerai tellement... Je crois que j'ai pris ça de mon père, et je m'en veux atrocement de lui ressembler.

—  Si seulement j'avais le choix, je te jure que jamais je n'aurai fait ça.

—  On a toujours le choix. Tu avais le choix. Et tu l'as quand même fait.

—  Tu ne comprends pas !

—  Comment veux-tu que je comprenne si je ne sais rien ? C'est bien beau de hausser le ton sur moi comme si j'étais le fautif alors c'est toi !

—  Si je pouvais te le dire, je l'aurai fait !

Il fronce les sourcils et s'approche lentement de moi.

—  Rien ne t'en empêche Lia... S'il te plaît, ne fais pas la victime alors que c'est toi la fautive.

—  Jayden... Je t'ai connu beaucoup plus compréhensif...

L'expression de Jayden devient plus fragile et je peux lire de la peine dans ses yeux. Je déglutis péniblement et passe une main dans mes cheveux. Jayden arrive à ma hauteur et pose ses deux mains sur mes épaules.

—  Alors parle-moi... Je ne t'ai jamais jugé...

Des larmes commencent à envahir mon visage, mais je les fait rapidement disparaître.

—  Je ne peux pas te parler de ça, tu ne comprends pas ou quoi ?!

—  Et pourquoi ?

Tu veux que je te dise que mon père me bat ? Que chaque jour, je me demande si c'est le dernier ? Que la dernière fois, il a terrorisé Ayanna et que j'ai eu peur qu'il s'en prenne à elle ?

—  Je sais qu'Ayanna et toi voudriez faire quelque chose... Mais cela ne fera que nous enfoncer.

—  Comment ça ?

—  J'en ai déjà trop dit, le reste ne te regarde pas.

Je m'apprête à lui tourner le dos quand il m'interpelle à nouveau :

—  Lia ? Est-ce que Sean sait ?

Mon regard devient peiné à l'entente de sa question. Rien ne sort de ma bouche, et je sais que mon silence lui a malheureusement répondu. Il hausse les sourcils et s'apprête à s'en aller, déçu.

—  Très bien... Donc tu préfères le raconter à cette pourriture qu'à tes amis...

—  Anciens amis, Jayden.

Mon cœur s'arrête en entendant la voix d'Ayanna dans mon dos. Oh non... Mes yeux se ferment un instant et je me retourne lentement pour me retrouver face à elle.

—  Qu'est-ce que tu fous chez moi ?

Sean m'a forcé à venir ?

—  Ton frère m'a laissé entrer... On dirait qu'il n'est pas encore au courant.

—  Et je vais m'empresser de le lui dire. Avant ça, fout le camp.

—  Aya...

—  Quoi ? Tu veux que te montre la sortie ?

Mon regard rencontre une dernière fois celui de Jayden.

—  Désolé, murmuré-je

—  Désolé ? C'est tout ce que tu trouves à dire ? s'emporte Ayanna. C'est tellement culotté de s'être invité chez moi. Et même pas pour t'expliquer en plus !

—  Aya-

—  Non, tais-toi ! Tu sais à quel point tu es cruelle ? Au point de m'avoir abandonné au moment où j'avais le plus besoin de toi !

Elle craque et fond en larmes. Je ne sais pas quoi dire ou faire alors je laisse Jayden la prendre délicatement dans ses bras. Il me lance un regard peiné et me tourne le dos. Je croise alors le regard mouillé d'Ayanna qui me lance un regard accusateur.

—  J'ai failli mourir, Lia...

Mes yeux s'écarquillent et mon visage se décompose rapidement.

—  Quoi ?

—  J'ai été hospitalisée un mois entier, et j'avais tellement besoin de toi... Mais tu n'étais pas là. Tu as préféré me renier pour je ne sais quelle raison absurde ! Qu'est-ce qu'on t'a fait, Lia ?! Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? J'aurais pu mourir, et tu n'aurais même pas su...

—  Aya, je suis tellement désolée... Si j'avais su, j'aurai...

—  Quelle importance ? On ne peut pas réécrire le passé. C'est trop tard. J'ai compris qu'on ne pouvait compter que sur soi-même ce jour-là. Va t'en, s'il te plaît. Je ne veux plus entendre parler de toi.

En entendant ces paroles, mon coeur se serre. Pourtant, je l'ai mérité.

—  J'ai conscience que j'ai merdé, mais est-ce que t'as déjà essayé de comprendre ? Comprendre pourquoi du jour au lendemain, j'ai dû me contenter de ma propre compagnie contre ma volonté ?!

—  Tu ne nous parles jamais de tes problèmes ! Comment tu veux que je te comprenne ?! Tu te braques à chaque fois, et tu oses me reprocher de ne pas te comprendre ?

Je secoue la tête et m'apprête à rétorquer. Au même moment, Sean débarque dans la pièce. Ayanna secoue la tête.

—  Évidemment, tu es venu avec lui...

—  Lia, on y va.

Voyant que je ne compte pas bouger, il prend mon bras et me tire. Je leur lance une dernière œillade, mais remarque qu'Ayanna nous a déjà tourné le dos.

Une fois dehors, je me détache brusquement de l'étreinte de Sean et avance rapidement vers la voiture. J'attache ma ceinture et attends qu'il démarre, mais il ne fait rien.

—  Qu'est-ce qu'il y a ?

—  C'est de ta faute.

Silence.

—  Pardon ?

—  En venant ici, à quoi tu t'attendais ? C'était ton but ? Que je les croise ?

—  Mais qu'est-ce que tu racontes ?

—  Tu savais qu'ils nous verraient ? Tu voulais qu'on se dispute et que je les renie pour de bon ?

—  Lia... Tu me crois vraiment capable de faire ça ?

—  Honnêtement ? Oui ! Tu es tellement malsain Sean...

—  Mais tu as entendu ce qu'ils t'ont dit j'espère ? Ils n'essaient même pas de te comprendre. Moi, je sais que tu fais ça pour leur bien, alors ne culpabilise pas, OK ?

—  Mais ils ont raison, je ne leur dis rien.

Même toi, je ne te dis pas tout...

—  Et c'est de la faute de ton père, pas de la tienne.

—  Je fais ça pour leur bien... essayé-je de me convaincre. Mais je me sens tellement coupable... Ayanna a failli mourir et je n'étais même pas là...

Comme s'il sait déjà que je m'apprête à fondre en larmes, Sean me prend immédiatement dans ses bras.

—  Je m'en veux tellement Sean...

Et nous restons comme ça pendant de bonnes minutes.

𝐓𝐇𝐄 𝐍𝐈𝐆𝐇𝐓 𝐖𝐄 𝐌𝐄𝐓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant