Chapitre 5

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Greg s'y attendait, comme tous ces hétéros qui acceptent de se faire vider par un gay, Tom plonge très vite dans le déni. Aucun mot n'était sorti de sa bouche après avoir pris sa douche si ce n'est pour confirmer qu'ils allaient manger.

Une fois dans l'ascenseur, ça s'aggrave même : 

- On est pas obligé de manger ensemble, on est pas un couple.

- Ben non mais on est, au moins colocataires et c'est le genre de choses que font les colocataires.

- Quoi ? Baiser ?

- Non, manger. Mais tu ne penses plus qu'à ça mon beau.

- Arrête ça tout de suite ! Ce qui vient de se passer, tu l'oublies. Je n'étais pas dans mon état normal, tu m'as embobiné d'une manière ou d'une autre. Je pourrais même porter plainte pour viol.

- T'es sérieux ? C'est du grand n'importe quoi ! Aucun flic ne te croirait. Tu te fais du mal Tom, tu peux très bien accepter d'avoir pris ce plaisir. Ca ne fait pas de toi un gay si c'est ça qui t'embête. La preuve, tu semble dégouté par ce qui s'est passé, c'est bien la preuve. J'ai déjà couché avec des hétéros et, je peux te dire...

L'ascenseur s'est arrêté à mi-course pour embarquer d'autres personnes. Cette fois, il s'agit d'un vrai couple de garçons. Ils se tiennent par la main et s'embrassent amoureusement une fois les portes fermées. Greg fait un clin d'oeil à Tom qui détoune le regard Le petit couple d'amoureux sent tout de suite la tension et ils regardent tous deux Greg avec inquiétude. Il leur fait comprendre par une petite grimace qu'il n'y a rien de grave, que tout va bien.

Greg et Tom n'ont plus l'occasion de se parler avant d'être installés à table. Greg ne prendrait pas le risque de continuer la conversation avec autant de monde autour d'eux, pour ne pas mettre Tom mal à l'aise. Enfin, plus qu'il ne l'est déjà.

Le nez plongé dans la carte du menu, chacun attend une réaction de l'autre. Le silence n'a été coupé, jusqu'à présent, que par le serveur leur proposant de commencer avec une bonne bouteille de rouge, ce qu'ils ont accepté. C'est finalement Tom qui commence, au grand étonnement de son colocataire.

- Tu as déjà couché avec de nombreux hétéros ?

- Nombreux c'est un grand mot mais un peu oui.  Il y a ceux qui ne le sont pas vraiment et qui sont mariés à une femme. Ils cherchent de l'homo pour les baiser ou se faire baiser et retournent à leur petite vie de famille tranquille. D'autres n'ont jamais été sûrs de leur sexualité, ils sont soit refoulés soit de vrais bis mais n'ont jamais passé le pas, brimé par une éducation ou un entourage trop fermé. Et il y a ceux qui, comme toi, sont de vrais hétéros endurcis, sans aucun doute quant à leurs préférences sexuelles mais qui s'accordent un peu de bon temps, de temps en temps. Ils prennent leur pied, admettent parfois que c'est mieux qu'avec une femme mais, une dès qu'ils sont vidés, ils tombent dans le déni et le dégout. Tu es clairement dans cette catégorie. Je ne t'en veux pas et je te demande juste de me respecter. Car, souvent, l'hétéro se retrouve dans une mini-dépression post-coït et, plutôt que de s'en vouloir à lui-même d'être tombé dans la luxure, c'est le gay qui trinque. Je me suis déjà pris des coups.

- Pourquoi tu continues à aguicher des hétéros alors ?

- Je sais pas, c'est un fantasme immense chez moi. Je ne suis pas le seul à aimer ça. Je te le disais, on se sent tellement fiers de convertir, même l'espace d'un instant, un gars qui ne couche qu'avec des femmes. 

- Tu m'as pas converti !

- Non je sais, c'est mal formulé mais c'est ce qu'on espère secrètement. Ca veut pas dire qu'on y arrive vraiment, ni même que ce soit souhaitable. Un pote à moi a trainé une histoire d'amour avec un hétéro et ça n'a été que souffrance. Le gars venait le voir uniquement pour servir de vide-couilles en lui faisant miroiter des rêves de vie commune mais il filait bien vite dans les bras de sa femme une fois rassasié. j'ai dû ramasser ce pote à la petite cuillère.

Plus qu'une chambre...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant