Chapitre 6

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Entendre ses paroles voir son comportement et voir deux meilleurs amis se déchirer à cause de ma personne est trop pour moi. Je n'ai jamais voulu ça, si j'avais su que ça se passerait de cette façon, jamais je ne serais revenue. Le Maé que j'ai aimé n'est plus là et celui qui l'a remplacé est immonde.

Installé face au lac, la tête posée sur mes genoux, je réfléchis à la suite, à ce que je veux vraiment, à ce que je suis prête à faire pour ce lien. Personne n'est venu me voir et c'est très bien comme ça. En traversant la place, ils ont tous vu mon état, mais surtout ils ont su voir entre les lignes et comprendre mon besoin de solitude.

Les minutes s'écoulent, le calme m'apaise et les réponses commencent à venir. Je sais ce que je veux et c'est retrouver l'homme dont je suis tombée amoureuse, il est toujours là sinon jamais il n'aurait réagi de façon aussi possessive. Le problème c'est de trouver comment le ramener, on ne sait pas ce qui cause de changement chez lui. Je ne veux pas du Maé qu'il est devenu, mais j'ai peur de ne pas réussir à faire revenir l'ancien. Je ne sais pas non plus si j'aurais la force de subir tout ça et de rester impuissante alors qu'il est avec une autre. Solal dit que je pourrais rester ici, avancer, mais j'ai un gros doute sur ça. Je ne supporterais pas de le voir avancer avec elle alors que je suis là, en simple spectatrice de mon bonheur et mon avenir qui s'envole.

Des pas derrière moi me font redresser la tête, la peur prend place en moi. Solal m'a promis de me protéger et il l'a fait, mais il n'est pas là.

- Va te laver et te changer, ça me dégoûte de sentir son odeur sur toi. Grogne Maé derrière moi.

Je me lève d'un bond, la colère est revenue en flèche à cause de sa présence et ses paroles. Je me dirige vers lui d'un pas décider, bien consciente que ça risque fortement de dégénérer dans les secondes à venir.

- Tu as perdu le droit de dire quoi que ce soit à partir du moment où tu as choisi de baiser une autre dans la pièce juste à côté de celle où je me trouvais. Tu as perdu le droit d'avoir un quelconque avis sur ce que je fais a la minute où tu l'as choisi elle plutôt que moi. Et tu as perdu le droit de me demander quoi que ce soit au moment où tu as parlé de moi comme d'une salope juste parce que j'ai dormi chez Solal. Tu n'as plus ton mot à dire en ce qui me concerne, je fais ce que je veux, avec qui je veux et quand je le veux. Tu n'as pas le droit de me repousser pour faire le possessif quelques heures après, je ne t'appartiens pas, je ne t'appartiens plus !

Il attrape mon poignet et m'empêche de continuer à maltraiter son torse. Ses yeux lancent des éclairs, sa mâchoire est tellement serrée que j'ai peur qu'il se pète les dents, mais je n'arrêterais pas. C'est peut-être ça la solution, le provoquer jusqu'à le faire véritablement exploser et que tout redevienne normale. J'ai mal, il me fait mal et pas seulement au poignet, il me brise le cœur de secondes en secondes.

- Il est passé où le Maëlan dont je suis tombée amoureuse ? Demandais-je la voix tremblante de tristesse.

- Tu l'as abandonné il y a deux ans.

Je dégage mon poignet d'un coup et recule d'un pas. Il me reproche ce que lui-même il a fait. Il est sérieux ?

- C'est toi qui as abandonné ! hurlais-je. Tu as décidé de me faire boire cette potion, tu m'as repoussée, tu m'as abandonné ! Criais-je à m'en briser la voix. Tu n'as pas le droit de me reprocher tes propres erreurs !

- Si ça peut te rassurer de te dire ça, grand bien te fasse, mais s'il y en a bien une qui n'a pas cru en nous, c'est toi ! Tu n'as jamais voulu rester ici, tu as toujours été claire, tu comptais te casser.

- Oui Maé, c'est vrai tu as raison ! dis-je, fatiguée de cette discussion inutile. C'est pour ça que j'ai demandé le transfert de mon dossier à l'université la plus proche, c'est pour ça que j'étais prête à faire trois heures de route chaque putain de jour pour être avec toi, c'est pour ça que j'étais prête à abandonner ma famille et mes amis. Je voulais rester auprès de toi, je t'ai dit que je t'aimais et je t'ai demandé de me marquer, mais tu as pris cette décision à ma place. Je ne comprends même pas pourquoi j'essaie de parler avec toi, je m'épuise pour rien. Je vais aller voir la meute et partir, de toute façon tu as été clair, si je reste tu me tues et je préfère mourir de douleur parce que je t'ai perdu plutôt qu'être tuée par l'homme que j'aime. Adieu Maëlan.

De l'autre coté de la frontière - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant