Chapitre 11

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La douleur me terrasse, voir qu'il ne réagit pas me brise un peu plus que je ne le suis déjà et entendre le cri de Solal me fait mal. Ils étaient tous contre cette idée, mais c'est mon choix, mon devoir de le ramener sauf que j'ai échoué. Maëlan ne reviendra jamais, il a fait son choix et c'est elle. Je préfère mourir plutôt que de voir la suite des évènements. Je n'aurais pas la force de supporter tout cela et de le voir heureux avec elle alors que je serais en train de mourir de chagrin. J'ai demandé qu'on me laisse mourir si ça ne fonctionnait pas et j'espère que ma demande sera respectée même si elle est difficile pour les gens que j'aime.

Pardon maman, pardon papa, pardon Joyce, mais je préfère quitter ce monde plutôt que d'y être malheureuse. J'espère que vous vous remettrez de mon départ et que malgré tout vous vivrez une vie heureuse.

Mes yeux papillonnent, la douleur de mon ventre est intense et la preuve que je suis toujours vivante. La pièce est plongée dans le noir et je tourne le regard vers la fenêtre pour constater que nous sommes en pleine nuit. Je ne sais pas combien de temps je suis restée inconsciente, je ne sais pas ce qu'il s'est passé et j'ai espoir qu'on a respecté ma volonté même si j'ai un doute en voyant que Maëlan n'est pas auprès de moi. Une première larme roule sur ma joue, rapidement rejointe par une autre avant que j'éclate en sanglots. Pourquoi me sauver alors que j'ai échoué ? Pourquoi ils n'ont pas respecté ma volonté ?

- Ne pleure pas belle Luna. Souffle la voix de Solal alors que ses bras viennent m'entourer.

La douleur est atroce alors que les sanglots se font plus fort et je frappe le torse de mon ami.

- Pourquoi ? soufflais-je.

Sa bouche se pose dans mes cheveux et il me laisse le frapper en répétant inlassablement ma question. Je veux qu'il me réponde, je veux savoir, je dois savoir.

- Réponds ! hurlais-je.

Solal se recule et prend mon visage entre ses mains. Son regard bienveillant rencontre le mien remplis de larmes.

- Je ne pouvais pas me résoudre à te laisser mourir. Personne n'était d'accord avec ta décision, Noelia.

- C'était mon choix, vous m'aviez promis de la respecter !

Son regard devient triste et je retire ses mains de mon visage avant de me recoucher en lui tournant le dos. Je lui en veux plus à lui qu'aux autres, il m'avait promis de me laisser partir et il n'a pas tenu sa promesse. Il aurait dû le faire, s'il tenait réellement à mon bonheur, il m'aurait laissé partir plutôt que de me faire endurer tout cela.

Je reste enfermée dans mon mutisme tout au long de mon séjour à l'infirmerie. Tout le monde vient me voir, chaque personne a une parole pour tenter d'adoucir ma douleur, mais la seule personne que je veux voir ne vient pas. J'ai failli mourir pour le sauver et il ne vient pas.

En trois jours, j'ai eu le temps de me rendre compte à quel point j'ai été idiote de penser que ce geste le ramènerait, à quel point j'ai été bête de croire que j'avais le pouvoir de ramener Mae alors qu'il avait fait son choix. J'ai subi durant plus d'une semaine sa haine, sa colère et sa violence pourtant j'ai quand même joué avec ma vie pour lui et je n'en ai récolté que plus de douleur. Je refuse que ça continue comme ça. La meute n'a pas respecté ma volonté, mais ils ne pourront pas me retenir prisonnière ici, ils ne l'ont jamais fait et ce n'est pas aujourd'hui que ça commencera. J'ai besoin de partir, il faut que je le fasse même si je sais à quoi je m'expose en partant. Je préfère largement souffrir loin d'ici plutôt que de le faire en voyant le couple.

De petits coups à la porte me sortent de mes pensées sombres et lorsque celle-ci s'ouvre, je retiens mes larmes du mieux que je peux. Adélie entre accompagnée de ses trois enfants. En deux ans, il n'y a pas que Maëlan qui a changé, sa sœur, elle, a agrandi sa famille avec des jumelles qui ont déjà un an. Mon ancienne belle-sœur s'approche de moi et la petite Julia vient s'installer à mes côtés sur le lit. Cette petite que j'ai connue tout bébé a bien grandit et j'ai été heureuse de la revoir même si elle me renvoie a un souvenir de Maëlan qui me regardait avec vénération lorsqu'elle était dans mes bras. C'est dur de se dire qu'on aurait dû lui donner un cousin ou une cousine si nous étions restés ensemble il y a deux ans. C'est dur de voir le bonheur d'une famille lorsqu'on sait que nous ne connaitrons jamais ce qu'ils vivent.

De l'autre coté de la frontière - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant