De l'autre coté de la frontière - Tome 2

Chapitre 9

Le silence durant le trajet m'angoisse, les regards de mes deux amis aussi, mais c'est surtout la réaction de Maëlan que j'appréhende. Il a menacé de tuer ceux qui oseraient m'aider, il a déjà failli tuer Solal et je refuse qu'il retente.

- Vous n'auriez pas dû me libérer.

La main de mon ami passe entre les deux sièges et prend la mienne.

- On ne le laissera pas te faire du mal, Noelia.

Je serre ses doigts, reconnaissante de sa tentative de me rassurer même si elle ne fonctionne pas.

- Je préfère qu'il s'en prenne à moi plutôt qu'à l'un d'entre vous. S'il...

Je suis incapable de terminer ma phrase, un sanglot incontrôlable sort de ma bouche. Solal passe entre les deux sièges faisant grogner Mays qui conduit et s'installe près de moi. Il m'attire dans ses bras et pose ses lèvres sur ma tête.

- Il ne nous fera rien, Luna.

- Et puis, on a accepté de prendre le risque, Noelia. Surenchérit Mays en me souriant dans le rétroviseur.

- On a bon espoir que ta disparition le ramène à ce qu'il était. Et puis, vu tout ce qu'il t'a fait en vingt-quatre heures, il est hors de question qu'il continue à avoir le dessus sur toi, tu as le droit d'avoir une vie à peu près normale. Et puis, avoir mal lui fera peut-être du bien. Termine Solal.

Je me sens mal de cette situation, de me dire qu'il faut que je disparaisse pour avoir une chance de le ramener, mais je suis prête à tout pour retrouver l'homme que j'aime, prête à toutes les extrémités si c'est nécessaire.

Le silence nous a accompagné le reste du trajet, garé devant mon appartement, je reste encore dans l'habitacle.

- Va te reposer ma belle, tu vas avoir besoin de force pour affronter la journée de demain. Je reste en bas de chez toi au cas où il débarquerait et je t'accompagnerais au travail pour l'empêcher de te ramener de force. Me dit Solal, en me serrant dans ses bras.

Au bout de quelques minutes, je quitte la chaleur rassurante de son étreinte et fais une bise à Mays, les remercie et quitte la voiture. Je monte rejoindre mon chez moi et entre doucement pour ne pas réveiller Joyce, mais elle l'est déjà et semble m'attendre.

La porte se referme doucement dans mon dos et je me laisse glisser contre en fondant en larmes. Mon amie se précipite sur moi et me serre contre elle.

- Calme-toi, ma chérie, je t'en supplie.

Je suis incapable de calmer mes pleurs, c'est à tel point que j'arrive à peine à respirer. Mon cœur me fait mal, j'ai la sensation qu'il est brisé en mille morceaux et pourtant je sais que ce n'est que le lien qui fait ça. J'ai bien trop d'espoir de ramener Maëlan pour que mon cœur soit déjà brisé par ses actions ou alors c'est peut-être le contraire. Il me faut de longues minutes avant de retrouver mon calme.

- Qu'est-ce qu'il t'a fait ? Me demande Joyce avec douceur.

J'essuie mes larmes et souris devant sa fausse douceur. Je sais d'avance qu'une fois que tout sera dit, elle voudra l'étriper même si elle n'a aucune chance contre lui. Je connais tellement bien mon amie que j'hésite même à lui dire tout ce qu'il s'est passé au risque qu'elle meurt bêtement en voulant s'en prendre à mon âme sœur. Malgré ça, je sais que j'ai besoin d'en parler à quelqu'un qui ne connait pas le vrai Mae, quelqu'un d'étranger à cette histoire, parce que même en colère, elle est toujours de bons conseils.

- Tu me promets de me laisser finir mon histoire et ne pas remettre en cause mes choix ? demandais-je en reniflant.

Elle se recule et hoche la tête. J'ai confiance en elle, je sais qu'elle me laissera faire mes propres choix même si elle n'est pas d'accord avec ceux-ci. Je lui fais alors le récit depuis qu'on s'est quitté sur ce parking, je ne cache aucun détail, aucune parole, aucun geste. Je lui dis tout. En mettant des mots sur ce que j'ai vécu là-bas, je me rends compte à quel point Mae est devenu mauvais, à quel point retourner là-bas est toxique pour moi, mais je sais que c'est nécessaire, que je ne peux pas abandonner l'homme que j'aime. Il s'est sacrifié pour nous il y a deux ans, c'est à moi de le faire cette fois-ci et puis je sais que je ne pourrais pas rester loin de lui et ça même s'il me fait vivre un enfer.