De l'autre coté de la frontière - Tome 2

Chapitre 16

J'ai merdé encore une fois, je n'aurais pas dû être possessif, je n'aurais pas dû parler comme je l'ai fait, mais il fallait que je lui parle, il fallait que je tente de me faire pardonner et je m'y suis mal pris. L'embrasser et qu'elle me rende mon baiser m'a redonné espoir, mais lorsqu'elle a retiré mes mains de son visage et qu'elle s'est reculée, j'ai compris que je l'avais définitivement perdue. Rien ne pourra me la ramener, je lui ai fait trop de mal, je l'ai détruite et je ne peux que m'en prendre à moi-même. Ressentir sa douleur liée à la mienne me met à genoux, la voir me fuir me détruit, mais je reste là à pleurer celle que j'aime et que j'ai perdue à cause de mes actes. Je pensais pouvoir la récupérer, mais je me suis fait de faux espoir, je n'ai pas réalisé à quel point je l'ai fait souffrir. Je voudrais tellement revenir en arrière, deux ans en arrière et ne pas faire ce que j'ai fait, ça été le début de notre destruction alors que je pensais bien faire. J'aurais dû la suivre quand elle est repartie pour ses études, j'aurais dû me sacrifier pour notre amour et ne pas la faire oublier. Je regrette tellement et je vais partir en ayant que des remords pour tout ce que j'ai fait.

Une main se pose sur mon épaule et je vois Mays, les larmes aux yeux.

- Elle est partie, réellement partie, elle ne me pardonnera jamais. Soufflais-je.

Elle s'accroupit auprès de moi et me serre dans ses bras sous le regard de Solal et Joyce, qui a les larmes aux yeux. Elle se place face à moi et prend mon visage dans ses mains pour que mon regard croise le sien.

- Est-ce que tu l'aimes vraiment, Maëlan ? Est-ce que tu es sûr de toi et qu'il n'y aura pas de revirement de situation ?

- Je l'aime à en crever, mais j'ai tout foutu en l'air. C'est normal qu'elle ne veuille plus de moi, qu'elle ne pardonne pas.

- Ne baisse pas les bras maintenant. Elle t'en veut oui, mais elle t'aime et elle te pardonnera. Il faut juste qu'elle digère ce qu'il y a eu, mais je te promets de lui parler et de la ramener à toi. Je refuse qu'elle meure parce qu'elle a été trop bornée pour te pardonner. Je refuse que votre histoire se termine de cette façon. Laisse-lui juste du temps et laisse-moi parler avec elle.

Je hoche la tête, pas du tout sûr que son amie arrivera à changer les choses. Je voudrais tellement prendre sa douleur pour qu'elle n'ait pas à souffrir, mais c'est impossible. Je nous ai envoyé vers une mort lente et douloureuse, mais ça devrait être ma punition, pas la sienne. Si seulement je pouvais changer les choses.

Joyce relâche mon visage et Solal prend sa place face à moi puis me tend la main.

- Vient Mae, on rentre à la meute.

Je hoche à nouveau la tête et prends la main de mon ami pour me redresser. Le retour se fait dans un silence de mort, je recommence à me renfermer et je sais que je resterais dans cet état jusqu'à mon départ. J'ai échoué sur tous les niveaux, je ne mérite pas d'être l'alpha de cette meute, j'ai pris trop de mauvaises décisions et je ne leur manquerais pas. Je ne mérite pas l'amour de Noelia, j'ai fait trop de mauvais choix concernant notre couple. En mourant, on se libèrera de ce lien qui nous unit, tout ce que j'espère c'est qu'elle ne souffrira pas autant que moi. Sa nature humaine changera peut-être la donne et je l'espère sincèrement.

Les jours défilent, la douleur s'intensifie et les premiers signes de mon autodestruction commencent. La perte d'appétit, les insomnies, les cauchemars, la perte de force, la douleur et la folie me gagnent au fil des heures et je les accueille avec plaisir, car c'est ma punition pour mes actes. Je ne fais rien d'autre que rester coucher sur le lit, essayant de capter son odeur qui s'efface au fil du temps et le regard posé sur le seul cadre qui décore cette pièce. On était tellement heureux à ce moment-là, rien ne nous prédestinait à finir comme ça, mais il faut croire que le destin en a décidé autrement pour nous ou alors c'est tout simplement moi. Je refuse de me dire que le destin a pu dessiner une fin aussi tragique pour la plus merveilleuse des femmes.