De l'autre coté de la frontière - Tome 2

Chapitre 19

Tout est au ralenti, les mots de ma belle âme sœur résonnent en boucle dans ma tête alors qu'elle s'effondre au sol, tuée par celle qui a fait de nos retrouvailles un enfer. Je suis incapable de bouger, incapable de hurler, incapable de réagir pour arrêter le massacre qui prend forme. Mon regard reste bloqué sur Noelia au sol, morte. J'ai la sensation que tout bourdonne autour de moi au point où les bruits ne me parviennent plus. Mon cœur qui devrait se déchirer face à la mort de mon âme sœur ne fait que battre à une vitesse effrénée.

- Maé !

Je sens qu'on me secoue, mais ne voit personne, on me bouscule une nouvelle fois, mais je ne réagis toujours pas. Puis, je me prends un coup de poing et c'est comme si mon cerveau reprenait le dessus. Mon regard croise celui de Solal qui m'oblige à le regarder plutôt que Noelia.

- Allez, mon frère, reviens ! Regarde-moi Maé, ne me quitte pas des yeux.

Je le vois sans le voir, mon regard est embué par les larmes et la douleur ne vient toujours pas.

- Elle va bien, mon frère. Elle va bien, elle est juste endormie. Tout va bien, respire.

Je me rends compte à ce moment-là que ma respiration s'est bloquée depuis la mort de Noelia. Je prends une grande goulée d'air et je reviens enfin à moi. Ses mots tournent en boucle, mais c'est comme si je n'en comprenais pas le sens ou alors que je ne voulais pas y croire, je n'en sais rien. Mon regard passe de Solal à Noelia puis à chaque membre de la meute qui nous observe. Mays est auprès de Noelia et veut la porter quand je réagis enfin.

- Ne la touche pas ! hurlais-je en poussant mon ami pour qu'il me laisse passer.

J'arrive auprès de Noelia et Mays se recule d'un bond en sentant ma colère. Mes bras passent sous le corps de ma belle blonde et je la ramène jusque chez nous. Rien ne compte à part son corps contre le mien et ce léger battement qui me rappelle ce que ce corps parfait contient. Les battements de Noelia quant à eux sont faibles, mais son cœur bat et je dois me concentrer là-dessus.

En arrivant chez nous, je pose ma belle sur notre lit et me couche auprès d'elle. J'ai des comptes à régler, des choses à comprendre, mais le plus important pour le moment c'est ma femme. La meute peut bien bruler, je m'en branle complètement. Les minutes se transforment en heures, je sens la présence d'autres personnes dans la pièce, mais ne quitte pas du regard la poitrine de ma belle qui se lève au rythme de sa respiration. Je ne comprends pas comment c'est possible, elle a été transpercée par les griffes de Rosie, je l'ai vu pourtant elle n'a aucune marque, aucune trace de sang, mais est tombée au sol, comme morte. J'ai l'impression d'avoir rêvé ou d'être dans un rêve et que le cauchemar va commencer lorsque je me réveillerai.

- Maé ?

La voix de ma mère transperce le silence, mais je n'y prête pas attention. Je suis en colère, inquiet, mais surtout je me sens trahi, car si tout ceci est réel, ça veut dire qu'a un moment où un autre, on m'a caché des choses.

- Maé ?

C'est à mon père de tenter et je l'ignore autant que ma mère. Après leur voix, ce sont celles de Mays et Solal qui m'appellent et je finis par exploser.

- Qui ? Quand ? Comment ? Et pourquoi ? Ce sont les seules réponses que je veux entendre, rien d'autre.

Ma voix est froide, sèche et ils ont tout intérêt à être honnêtes sinon c'est moi qui ferais un carnage. Mon regard toujours sur Noelia, j'attends que l'un d'entre eux se décide.

- Maé, il faut que tu viennes avec nous. Commence la voix de mon père.

- Mauvaise réponse ! dis-je froidement.