Chapitre 1 - 768 jours sans toi

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Jeudi 13 juillet 2023 :

Je me réveillais en sursaut dans mon lit, la sueur coulant le long de mon corps, le coeur battant beaucoup plus vite que ce qu'il ne devrait.

Encore.

J'avais encore une fois, rêvée de ce jour, du jour où on m'a annoncée la mort de ma femme.

Je regardais mon réveil, 03h56, je ne me levais que dans 3h, et pourtant je savais déjà que mon premier café serait dans les minutes à suivre.

Avant de me lever, je lança un coup d'il au deuxième oreiller, comme si par magie, 768 jours après sa disparition, elle serait là, dormant paisiblement à mes côtés, et que je pourrais seulement me recoucher à ses côtés, sentant ses bras m'envelopper contre elle.

Mais non elle n'était pas là. Le lit était vide, sans elle pour le remplir. Tout était en réalité devenu vide, depuis 768 jours. Et surtout moi, j'étais devenu vide, sans ma femme.

Mes connaissances disaient que je n'avais pas changée, que j'étais toujours la même femme avec son air hautain, qui est toujours aussi impliquée dans son travail, qui est toujours aussi souriante, qui est toujours aussi heureuse de vivre. Certains pensent même, que je ne devais pas être si amoureuse de Natalia.

Mais mes proches. Eux savent. J'ai perdu ce sourire automatique lorsque l'on me fait rire, ou que l'on me dit quelque chose d'agréable. J'ai perdu cette lueur présente dans mon regard. J'ai perdu ce talent de pouvoir parler de Natalia pendant des heures. J'ai tout perdu, lorsqu'elle est décédée.

Et moi ? Je ne vis plus, je survis, sans elle. Mes journées semblent toujours être les mêmes. Je m'endors, je rêve de ce jour, je me réveille, je bois un café, je me douche, je bosse, je rentre, je mange, je me douche, et je dors. Au début, je pensais que le jour de la mort de Natalia, était le pire de ma vie. Mais la réalité fait que chaque jour, j'ai l'impression de vivre le pire jour de ma vie. Car chaque jour, je me souviens qu'hier, j'étais plus proche de Natalia, que je le suis aujourd'hui. J'ai l'impression de chaque jour, oublier un peu plus la tonalité de sa voix, la douceur de sa peau, la divine odeur qu'elle dégageait, j'ai l'impression de chaque jour oublier un peu plus le souvenir de ma femme. Et cela me brise le coeur, d'oublier petit à petit l'amour de ma vie.

Je me levais doucement du lit, regardant les murs, avec les photos de notre mariage accrochée, rien n'avait changer.

Je me précipitais dans la cuisine, pour me faire couler un café, avec cette cafetière que je déteste tant, et ce café que je suis loin d'apprécier, mais c'était sa cafetière, son café. Alors je ne vais pas changer, car j'ai l'impression que ce genre de petites choses, me permet de rester en quelque sorte, près d'elle.

Mais parfois, faire ce genre de chose, me rendait la vie encore plus compliquée. Faire comme si elle est toujours là, qu'elle finira par passer la porte pour me prendre dans ses bras et finir par m'embrasser. Alors que c'est tout, sauf le cas

D'après la psychologue, que j'ai vu quelques semaines après la mort de Natalia. Je ne voulais pas commencer mon deuil, et même si je crois que les psychologues racontent uniquement, des conneries, et ce qui nous pousse à revenir. Là, elle a mit le doigt sur quelque chose de vrai, je ne voulais pas accepter la mort de ma femme, je n'aimais pas qu'on me donne le statut de veuve, je détestais qu'on me demande comme est-ce que j'allais depuis qu'elle était partie.

Je détestais ça parce que cela me donnait l'impression qu'elle m'avait abandonner. Natalia n'est pas partie, elle est morte, et ça change tout. Elle n'a pas décidée de me laisser (sur)vivre sans elle, c'est la vie qui en a décider ainsi.

Et puis, la mort, ce n'est pas un abandon, c'est une relation à distance. Car j'en suis certaine, lorsque je décéderais à mon tour, elle sera entrain de m'attendre, et on passera le reste de l'éternité à s'aimer.

Lorsque j'eu fini de boire mon café, je fila sous la douche. Un tailleur, et je partais en direction du bureau.

Téléphone à la main, avec toujours le même fond d'écran, toujours les mêmes souvenirs dans ma coque de téléphone, toujours avec l'espoir qu'elle me dise qu'elle allait rentrer. Mais aussi, avec toujours les mêmes questions.

Je ne comprenais pas comme cela se faisait qu'elle était décédée ici, alors qu'elle devait être à l'autre bout du pays, pencher sur le cas d'un enfant malade. Pourquoi est-ce qu'elle m'avait menti ? Est-ce qu'elle avait quelqu'un d'autre dans sa vie ? Est-ce qu'elle était entrain de préparer son départ ? Pourquoi ? Tant de questions qui resteront pour toujours, sans réponse.

Je passais la porte du cabinet, le visage fermer. Aujourd'hui j'avais un nouveau client, un certain Tony Stark, qui d'après mes associé.es, n'est qu'un milliardaire égocentrique. Et je détestais ça, le genre d'homme qui se croient au-dessus du reste du monde parce qu'ils sont riches (même s'il a travaillé pour), et qui agissent comme s'il n'y avait que leur petite personne.

Et évidement, comme si ce n'était pas déjà assez comme ça une sale journée, il était déjà dans la salle d'attente.

-J'ai cru que je m'étais trompé de jour, madame Romanova.

-Madame ? Dis-je en m'arrêtant, haussant les sourcils.

-Mademoiselle peut-être ?

-Toujours pas. Je suis avocate, et mariée, donc pour vous ce sera maitre Romanova. Que tout soit clair. Dis-je en lui ouvrant la porte de mon cabinet.

-Et bien, je vois que toutes les Romanova sont aussi aimable qu'une porte de prison russe. Dit-il en s'asseyant sur, mon, canapé.

Sa phrase m'alertait. Comment ça, toutes les Romanova ? Nous ne sommes que deux, ma défunte femme, et moi.

C'était clair, il n'avait pas besoin d'une avocate.

-Dites moi Stark, vous n'avez pas besoin d'une avocate ?

-J'en ai des dizaines des avocats, maitre Romanova. Alors non, je ne suis pas là pour vos services.

-Pour quoi alors ?

-Je suis là pour Natalia.

Mon sang se figea, qu'est-ce qu'il foutait là ? Pourquoi était il là pour elle. Ne savait-il pas que ma femme était décédée.

-Elle est décédée, vous perdez votre temps.

-Je sais, depuis 768 jours.

-Comment... Dis-je, le regardant, droit dans les yeux.

-Votre femme n'est pas décédée, Ambre.

-Comment est-ce que vous osez, venir ici, et me sortir que ma femme n'est pas décédée. Sortez d'ici. Dis-je froidement.

-Ecoutez Ambre. Dit-il en se levant. Je sais que c'est difficile, c'est horrible même, d'entendre que l'amour de sa vie est partie en faisant croire à sa mort.

-Sortez d'ici. Ma femme est morte. Hurlais je en lui ouvrant la porte.

-D'accord. Mais rappelez moi, quand vous aurez compris que j'ai les réponses aux questions que vous vous posez depuis maintenant 768 jours. Dit-il en sortant.

-Allez vous faire foutre Stark. Dis-je en refermant la porte.

-Ambre. Ajoutait il en bloquant la porte de son pied. Je ne suis pas une balance, mais je déteste les mensonges. Natalia n'était pas, et n'est pas, la femme que vous pensez avoir connu. Elle vous avait dit être à l'autre bout du pays pour se pencher sur le cas d'un enfant, mais elle meurt dans un incendie ?

-Taisez vous. Dis-je en claquant la porte.

Je plaqua immédiatement mon dos contre la porte. Comme si je voulais empêcher ses mots de m'atteindre. Comme si je voulais éviter la remise en question et les doutes.

Comme si je savais, qu'il disait la vérité.

Vivre sans toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant