call it what you want (Charles Leclerc)

Chapitre 9

PDV Charles

18 mars 2023 - Arabie saoudite 

Les essais d'hier et de ce matin se sont très bien déroulés, les conditions étant constantes ici, il est facile de récupérer toutes les données. Nous avons pu nous entraîner à faire des tours rapides pour les qualifications ou des long run pour nous familiariser à la piste. Les qualifications commencent dans plus d'une heure, me laissant le temps de me reposer un peu avant de me rendre au garage. Je rejoins donc Carlos sur la terrasse avec lequel je discute quelque temps puis, nous sommes appelés pour faire rejoindre nos monoplaces. En passant par le paddock, je rejoins quelques pilotes et aperçois au loin Pierre qui semble parler avec une femme, qui n'est pas Kika. En nous rapprochant, je reconnais alors la femme du bar d'il y a deux semaines, celle qui m'a violemment laissé tomber comme une merde pour un autre gars alors que j'essayais de lui parler. Elle semble bien s'amuser avec Pierre, je les vois discuter et rire comme s'ils étaient amis depuis longtemps. Je ne connais même pas son prénom pourtant, depuis le soir où je l'ai rencontré, elle n'a pas quitté ma tête. Je ne fais que revoir en boucle la scène, me demandant ce que j'ai fait de mal pour la faire fuir comme ça. Petit, mes parents m'ont toujours appris à être attentif et gentil avec tout le monde, ce que j'ai fait ; je suis donc habitué à ce que les gens m'apprécient. Mais ce soir-là, j'ai lu dans ses yeux une haine qui semble être ancrée. Et même après avoir fouillé tous mes souvenirs, je ne vois pas ce que j'ai pu faire pour l'offenser. C'est probablement la première fois que je suis confronté à quelqu'un qui me déteste, et cela me trouble plus que je ne voudrais l'avouer. 


Dès que j'entre dans ma voiture, le moment n'est plus à penser, je vire l'image de cette femme de ma tête et tente de me concentrer uniquement sur le volant face à moi.

Après une Q3 et une Q2 plutôt tranquille, je retourne dans le garage, attendant le lancement de la Q1. L'adrénaline commence à monter, je ne veux pas faire la même erreur qu'à Bahreïn et finir P8. Je m'élance donc sur la piste, déterminé à battre tous les records. Mon principal rival va être Max Verstappen qui est tout aussi excellent en course qu'en qualification. Après quelques tours de chauffe, je débute mon tour lancé. Je dépasse d'un dixième le record du premier secteur marqué par Verstappen, égalise son deuxième secteur et termine par devancer son troisième secteur de deux dixièmes. Je relance un autre tour rapide juste après, qui me permet de gagner quelques millièmes sur mon tour précédent. En rentrant au stand, j'attends patiemment que mon ingénieur prenne la parole pour m'annoncer mon résultat. 

- Charles P1, P1, m'annonce Frederic Vasseur lui-même à la radio, on est très fier de toi, tu l'a bien mérité continu t-il. 

- YESSS BABYYYY, c'est ça qu'on veut ! M'écris-je, euphorique.  

En allant chercher mon trophée de pôle position, mon regard se porte sur la foule autour de moi qui m'acclame. Ce sentiment est irremplaçable, non seulement je suis fier de moi, mais je rends aussi les autres fiers. Je reçois quelques interviews et y réponds avec joie, même si au fond de moi j'espère revoir la journaliste qui hante mon esprit. En parlant du loup, je l'aperçois pas loin, proche de Max qui a obtenu la P2, devant Perez. Là encore, elle apparaît toute souriante. 
Quelques minutes plus tard, je la vois s'approcher de moi toujours en compagnie de Grégoire Crêt, qui j'imagine doit être son mentor. Quand elle s'aperçoit que je la regarde, son regard enjoué change brutalement et devient hostile. Pourquoi quelques secondes plus tôt elle souriait et en me voyant elle semble être une autre ? J'essaie de ne pas y accorder d'important et de me concentrer uniquement sur Grégoire qui m'interroge sur ma performance, mais il est dur d'éviter ses regards assassins. Quelques minutes plus tard, lorsque Grégoire a fini l'interview, je la vois filer à toute vitesse loin de moi, comme si j'étais contagieux.