Bribes d'Univers

1. Archive de l'Incident [Science-fiction]

Je me suis toujours questionné sur ce qu'il y avait au-delà des étoiles. Cela peut vous paraître commun - et ça l'est sans doute - mais ces interrogations occupent une place importante dans mon esprit au quotidien. Mes proches emploient d'ailleurs le terme obsession pour qualifier cette passion qui m'anime.

Il est évident pour moi que nous ne sommes pas seuls dans l'univers : croire le contraire représenterait un certain égocentrisme. Sur ce point, de nombreuses personnes partagent cette opinion. Ce qui fait moins l'unanimité, en revanche, concerne la possibilité qu'ils soient parmi nous. Vous voyez de qui, ou de quoi je parle...

Encore un complotiste ! pensez-vous peut-être.

Gagné. La seule différence ici réside en l'expérience éloquente que je relate ci-après.

Libre à vous de me croire ou non.

***

Elle et moi nous retrouvions régulièrement dans notre village natal. Lorsque nous nous étions dit, plusieurs années auparavant, que nous garderions contact, ce n'étaient pas des paroles en l'air. Du moins, pas pour elle. En effet, l'impulsion provenait rarement de moi. J'ai toujours eu du mal à entretenir les liens d'amitié.

Ce soir-là, elle était venue suite à une lettre que je lui avais envoyée, mentionnant une découverte des plus intrigantes. Une fois entrée dans ma demeure, elle déposa ses affaires et me serra fort.

- Je suis si contente de te revoir ! me dit-elle, joviale.
- Ça ne fait pourtant pas si longtemps que nous nous sommes vus !
- Dis tout de suite que je ne t'ai pas manqué ! blagua-t-elle.
- Ah si, si ! Je t'assure... Je n'en pouvais plus d'attendre...

Elle me donna une petite tape sur l'épaule en souriant, avant d'aller s'asseoir. Même si je lui avais répondu sur le ton de l'humour, j'avais réellement hâte qu'elle vienne. Étant la seule à m'accorder son écoute sans me considérer fou, ça me faisait du bien de lui parler d'Eux.

Sa curiosité était sincère. Sans pour autant croire sur parole chacune de mes déblatérations, elle les tolérait et n'excluait pas que je puisse avoir raison sur certains points. Après tout ce temps, j'étais encore étonné de constater qu'elle me prenait toujours au sérieux.

- Alors, quelle est cette chose dont tu me parles dans ta lettre ? J'espère que ça valait le coup de venir !
- Suis-moi et vois par toi-même...
- Ooooh, on va dans ton repaire !

Mon « repaire » était le nom qu'elle attribuait à la pièce où je conservais toutes mes recherches. Un « sacré foutoir » également, de ses propres termes.

- Regarde, lui dis-je en posant une lourde caisse sur la table encombrée.

Une lueur bleutée émanait du contenant.

- Qu'est-ce qu'il y a là-dedans ? répondit-elle, une pointe d'inquiétude dans la voix.
- La preuve que nous ne sommes pas seuls. Non seulement dans l'univers, mais également sur notre propre planète. Approche.

Elle s'avança prudemment, regarda à l'intérieur et recula d'un bond. C'était un appareil ovoïde composé d'une matière qui m'était inconnue. Des cannelures horizontales étaient creusées de manière régulière sur toute la hauteur de l'objet. La lumière turquoise provenait de ces interstices.

- N'aie pas peur ! J'ignore ce que c'est, mais nous sommes d'accord sur un point, pas vrai ? Ça ne vient pas d'ici !
- Tu dois t'en débarrasser ! Tu réfléchis, des fois ? Et s'Ils te retrouvaient grâce à cet engin ?
- Relax ! J'y ai évidemment pensé, mais c'était impossible que je le laisse dans la nature après toutes ces années de recherches !  Je l'avais déjà depuis un moment avant de t'écrire, et nul être de l'espace n'a débarqué. Ceci dit, j'ignore encore son utilité. Je l'ai déniché aux abords d'une clairière, pas très loin du village. Ma balade nocturne habituelle a été perturbée par un bruit de forage. J'ai cherché la source de la turbulence et je suis arrivé à un trou d'une profondeur de quarante centimètres environ.
- Stop, stop, stop, m'interrompit-elle. Va droit au but.
- Cette chose était attachée à une foreuse. Ils ne voulaient donc pas qu'on la trouve. Alors je l'ai détachée pour l'étudier.
- Et tu trouves ça normal...