Chapitre n°12 - Lettres

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CHAPITRE N°12 - Lettres


"- Mione, est-ce que tu vas enfin me dire ce qui t'arrive ?

- Gin', pour la millième fois : tout va bien. Arrête de t'inquiéter."

La rouquine commençait à perdre les pédales. Cela faisait un mois que sa meilleure amie était... Différente. Mais pas différente dans le sens où elle aurait changer de tout au tout. Changer, dans le sens où elle semblait plus terne, morne... Comme morte de l'intérieur. Même si ces deux dernières semaines Hermione semblait aller mieux, ce n'était qu'un façade. Ginny connaissait son amie pour savoir que rien n'allait.

"- Ginny, tu es certaine que toi ça va ?

- Qu'est-ce que je t'ai fais pour que tu m'infliges ça Mione..?

- Je te demande pardon ?" Demanda-t-elle, dans un souffle.

Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Ginny explosa.

"- Non ça ne va pas ! Et tu veux savoir pourquoi ? Très bien ! Ca fait un mois entier que tu n'es plus que l'ombre de toi-même ! Un mois qu'il est impossible de te faire sourire, de te faire rire ! Bordel Hermione, ça crève les yeux que t'es au bords de la dépression. Non, je t'interdis de m'arrêter, et arrête de nier ton état en rassurant tout le monde. Quand tout va bien, on ne perd pas sept kilos. Quand tout va bien, on n'a pas le teint diaphane. Quand tout va bien, on ne coupe pas les ponts avec l'extérieur. Merde Hermione, je suis ta meilleure amie, et je te vois mourir à petit feu, et toi, qu'est-ce que tu me dis ? "Tout va bien, arrête de t'inquiéter.". Et bien je m'inquiète. Parce qu'aussi intelligente et forte sois-tu, je sais aussi tu es bien plus impulsive que moi, et que si l'envie te prends de te jeter du haut de la tour d'Astronomie, rien ne t'arrêtera. Alors oui, je m'inquiète. Parce que tu refuses l'aide et le soutient que nous, tes amis, pourrions t'apporter. Que ce soit moi, Blaise, ou même Drago. Te rends-tu compte dans quel état il est ? Tu ne le vois peut-être pas, mais il est fou amoureux de toi, et te voir dans un état aussi pitoyable, ça le détruit. Et moi, ça me déçois. Tu me déçois de ne rien tenter pour te relever, de lutter contre ça. Je ne sais pas ce qui te mets dans cet état, mais une chose est certain : c'est quelque chose d'assez moche pour te faire baisser les bras. Mais si tu abandonnes, nous sommes perdus. Tous, autant que nous sommes. Une guerre se prépare, et nous devons nous battre. Alors bats toi. Arrête de t'enfermer dans ta bulle de souffrance, et laisse ceux qui te sont chers t'aider. Tu verras, ça marche mieux que de pleurer tous les soirs en attendant que la Mort ne vienne."

La rousse se précipita en dehors des appartements de son amie, les larmes aux yeux. Hermione, elle, cacha son visage dans ses mains, les laissant recueillir ses larmes salées.

Elle était prise au piège. Parler, ou se taire. Ses parents étaient dentistes, mais ils avaient beaucoup d'amis médecin. Elle se souvint principalement d'un psychologue, qui disait que le plus dur pour ses patients, ce n'était pas tellement de combattre leurs démons, mais d'en parler. En premier parce qu'ils dévoilaient leurs faiblesses, mais aussi parce que, dans la majorité des cas, poser des mots sur un traumatisme lui donnait une dimension plus réelle. Mais qui voudrait donner à son côté obscur plus de consistance et de puissance qu'il n'en a déjà ? Non elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas en parler. Pas maintenant. C'est trop tôt. La blessure est encore trop fraîche. Comme beaucoup de traumatisée, elle avait enfouie ces mauvais souvenirs loin dans son âme, emprisonnés dans un coffre. Mais cette carte bleue pastel avait tout chamboulé. En l'espace de quelques secondes, elle avait ouvert le coffre, et laissé le venin de ses plaies se répandre. Elle avait fait des recherche sur ce genre de carte. Elle n'avait rien trouvé, jusqu'à tomber sur un livre de magie noire, dans la Réserve. C'était un sortilège puissant, dont se servait les sorciers dans le temps de l'Inquisition espagnole. Un sort de torture. Une fois lancé, il faisait revivre à la victime tout ce qu'elle a pu ressentir durant la période la plus noire de sa vie. Le sort devait être imprégné dans la carte, et au moindre contact direct avec la peau, le sort se déclenchait. Hermione en frissonna. Jamais elle ne pourrait parler de cela. Jamais. Ce qui s'était passé durant ses deux mois de captivités restera enfoui en elle pour toujours, et jamais personne ne devra savoir. Jamais au grand jamais.

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