1-Fleure pleine d'épine

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Chez tante Krystel

16h57

- Kleya ?

- Oui c'est moi !

Je balance mon sac sur le canapé et commence à ranger les jouets qui trainent sur le sol. J'ignore pourquoi, dès que j'entre dans une pièce j'ai un radar pour repérer les choses en désordre. Ma tante me dit que je tiens de ma mère, mon cousin lui pense que je suis tarée. C'est anormal pour lui qu'une fille de 15 ans soit propre et responsable.

La sonnerie du téléphone retentie.

- Je m'en occupe !

Ma tante est débordée avec ces jumelles de deux ans, en tant que mère célibataire ce n'est pas de la tarte d'avoir trois enfants sous son toit. Bon, quatre si on compte le temps que je passe ici. Ma mère est militaire alors je suis habituée aux missions de courte à longue durée.

- Allo ?

- Bonjour. Pourrais-je parler à un membre de la famille de Karen Thompson ?

- Euh... Oui. Je suis sa fille.

Une boule se forme dans ma gorge, mon estomac se tord.

- Je suis désolé mademoiselle, un tir de mortier à surpris la base où était votre mère, il n'y a eu aucun survivant.

La voix de l'homme se transforme en écho. Ma vue se floute. Une grande silhouette accourt vers moi, trop tard ; je suis plongée dans le noir.

Cimetière

15h47

- Karen Thompson n'était pas une simple femme. Elle était une mère, une épouse, une sœur, une tante, une amie aussi attachée à ces proches, qu'a sa patrie.

Je détourne la tête de cet homme qui parle de ma mère sans la connaitre et observe la foule. Le groupe de militaire assis de l'autre côté sont les seuls tachent de couleur de cette marée noir. Leurs visages sont abattus. Je me demande s'il pense à leur propre funérailles ; vu leur profession, c'est ce que je ferais à leur place.

Tout le monde se lève, le prête doit avoir fini son baratin.

Une chose pour laquelle je suis en colère : ma mère n'était pas catholique, elle disait qu'en Jésus il n'y a pas de religion ; alors pourquoi un prête ?

Ma tante à courber l'échine face à ces hommes hauts gradés qui lui disaient que c'était la norme pour les personnes mortes au combat. Les dernières volontés ils ne savent vraiment pas ce que sait.

Nous nous approchons de la fosse où est suspendu le cercueil. Les gens s'éloignent naturellement pour me laisser de l'espace. Je garde les yeux fixés sur ce rectangle en bois vernis, incapable de savoir ce que je ressens.

La logique voudrait que je sois effondrée, que je pleure à en perdre haleine ; pourtant au milieu de tous ces gens, je me sens comme absente.

Une personne se met à chanter un cantique en créole, je me réveille soudain en réalisant que c'était l'une des chansons préférées de ma mère. Des hommes font descendre le cercueil lentement, trop lentement. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, prêt à éclater. Je ne me rappel pas de l'enterrement de mon père, j'étais trop petite mais cette journée, ce souvenir restera gravé à jamais dans ma mémoire.

J'inspire et avance sous le regard inquiet des membres de ma famille. Ne vous en faites pas, ai-je envie de leurs dires, je ne me jetterai pas dans le trou. A la place, je lance la rose blanche que j'avais entre les mains.

« Une belle fleur pleine d'épine, voilà à quoi doit ressembler une femme. »

Ma mère n'était pas une personne ordinaire, elle savait être douce et forte à la fois. C'était une rose, qui je le crois à rejoins le ciel.

- Je t'aime maman.

Entre deux KOù les histoires vivent. Découvrez maintenant