Le Pacte

CHAPITRE 11 : UNE PORTE SE REFERME...

Lorsque Evelynn se réveilla, elle se trouvait seule, dans une grande et obscure salle. Si obscure qu'elle ne parvenait pas à distinguer ne serait-ce qu'un mur ou la couleur du sol. Était-ce un rêve ou la réalité ? La jeune femme se leva, tant bien que mal, le combat contre l'Archange lui avait laissé quelques cicatrices. Un bruit vint rompre le silence si pesant. Evelynn n'arrivait pas à bien en distinguer la source alors elle s'en approcha. Elle marcha pendant une centaine de mètres avant qu'une lumière vint l'éblouir. Elle était apparue d'un coup et dévoilait une grande double porte, d'environ cinq à six mètres de haut, recouvertes de symboles inconnus jusqu'à maintenant par la femme. Elle l'observa quelques instants puis essaya de la pousser pour l'ouvrir, en vain. Elle regarda autour d'elle et tomba sur une petite stèle de pierre noire où y était inscrit quelques mots :

"Lorsque le Père de tout créa le monde, il ne créa pas la lumière pour le bien et les ténèbres pour le mal. Il créa le bien, le mal, la lumière et les ténèbres. Toi qui foules ce sol. En toi sommeil la pureté des ténèbres, à toi de les embrasser et la porte s'ouvrira, laisse les te contrôler et tu succomberas."

Evelynn, confuse, regarda autour d'elle et lança un appel, dans l'espoir que quelqu'un lui réponde et vint éclairer sa lanterne. Mais personne ne vint. Livrée à elle-même, Evelynn s'adossa contre la porte et réfléchi. Où était-elle ? Qui avait construit cet endroit ? Qui avait écrit cette stèle ? D'ailleurs, cette stèle, était elle vraiment destinée à Evelynn ? Alors, dans ce cas, qui était elle vraiment ? Voilà toutes les questions qui encombraient la tête de la jeune femme. Cette dernière se laissa glisser et vint poser sa tête dans ses mains. Les larmes lui montèrent aux yeux. Elle prit quelques minutes pour reprendre ses esprits et remarqua que la lumière se faisait de plus en plus faible. Au loin, elle crut apercevoir des ombres se mouvoir en sa direction. Sur ses gardes et légèrement apeurée, Eve essaya d'invoquer son arme, en vain. La lumière s'affaiblit. La respiration d'Eve s'accéléra. Ses mains devinrent moites. Les ténèbres gagnaient en territoire. Les jambes de la jeune femme se mirent à trembler au fur et à mesure que les ombres se rapprochaient d'elles. Lorsque le dernier rayon de lumière disparu, elle ferma les yeux. Un étrange frisson lui traversa le corps, suivi d'un grand sentiment global de froid. Quand elle osa à nouveau ouvrir ses yeux, elle se rendit compte qu'elle était de retour dans la neige glaciale. Elle se trouvait au même endroit que lorsque qu'elle s'était écroulé. Elle se leva, s'essuya les joues où des larmes avaient coulées et jeta un dernier coup d'œil à la prison avant de la quitter à tout jamais.

"Adieu, Ganilelle, j'espère que tu me pardonneras."

Elle vagabonda pendant toute la soirée et une bonne partie de la nuit, le froid ne l'atteignait même plus. Elle avait connu pire : l'aura du roi des démons lui avait glacé le sang et elle n'était pas prête d'oublier cette sensation. Elle se fit finalement escortée par un couple de touristes jusqu'à un petit village où elle s'arrêta et décida de se poser dans un parc. Trop de questions sans réponses occupaient sa tête. Elle essaya d'en faire abstraction, mais une sensation de gêne la dominait dès qu'elle essayait. Il se mit à neiger, de légers flocons de neige vinrent caresser les bras nues de la jeune femme, mais celle-ci n'y prêta pas attention. Un homme s'approcha d'elle et lui adressa quelques paroles dans une langue qu'elle ne comprenait toujours pas. Elle lui lança un regard glaçant, sans le vouloir, rongée par ses doutes : elle ne contrôlait plus ses émotions. Elle découvrit, non pas un homme, mais le visage choqué et déçu d'un enfant qui ne cherchait qu'à lui remonter le moral. Ce dernier prit la fuite, par peur et Evelynn se retrouva à nouveau seule. Elle s'en voulait. Elle s'en voulait terriblement. Elle se mit à angoisser : ses jambes se mirent à trembler, sa respiration devenait de plus en plus lourde, elle étouffait. Elle ferma les yeux et essaya de faire le vide. Sa respiration se ralentit doucement jusqu'à devenir normale. Pour la première fois de la soirée, elle avait réussi à contrôler ses émotions. C'est alors que, dans cet instant de clarté et de calme, tout se relia dans son esprit. Lorsqu'elle s'était laissée submergée par la peur, les ténèbres avaient grandis. Ces ténèbres, c'étaient ses émotions. Si elle voulait les contrôler, elle ne devait pas devenir forte physiquement, mais mentalement. Malheureusement, elle gérait très mal ses émotions sous l'effet de la panique et encore plus sous le regard des gens. Elle devait trouver un endroit, un endroit calme où elle serait seule et où elle pourrait se forger et apprendre à combattre ses peurs et à contrôler ses émotions. Elle y réfléchit et se dit que les montagnes sibériennes n'étaient pas si mal pour ça. Le froid ne lui faisait déjà plus rien et puis de toute façon, il serait bon pour son mental. C'était décidé, elle allait s'exiler le temps de contrôler ces ténèbres qui gardaient la porte. Elle en était maintenant sûre, peu importe ce qui se cache derrière cette porte, cela lui était destiné, et elle comptait bien l'ouvrir et découvrir ce que le Père de tout lui avait laissé comme présent.

Le jour suivant, elle récupéra quelques provisions chez divers marchands du village et quelques affaires qui pourraient lui être utiles, comme des couvertures ou encore de quoi chasser. En effet, elle n'arrivait toujours pas à invoquer la lame de Satyarn. D'ailleurs, elle n'arrivait plus non plus à rejoindre son domaine et ce dernier avait demeuré invisible depuis l'incident de la prison. Mais cela n'importait pas beaucoup aux yeux d'Evelynn. Elle n'était concentrée que sur son exil. Elle passa une dernière nuit dans l'auberge du village puis partit, à l'aube, en direction d'une chaîne de montagne à quelques dizaines de kilomètres de là où elle se trouvait.