Chapitre 16

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« Même la nuit la plus sombre prendra fin et le soleil se lèvera »

Victor HUGO

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Il était plus de minuit, Cassie lisait son exemplaire de Roméo et Juliette et souriait au passage qu'elle venait de lire. Se perdre dans les livres pendant les nuits sans sommeil étaient coutumes pour grand nombre d'insomniaques. Il était, cependant, difficile lorsque le livre se finissait et que le lecteur revenait à la dure réalité de la vie. En relevant la tête vers son réveil, Cassie soupira, la fatigue ne l'avait toujours pas gagnée. Elle corna la page de son livre et le posa près d'elle.

La forêt était calme et d'une incroyable luminosité. Tout le contraire d'elle-même qui ruminait sans arrêt sa dispute avec Yelena. Sa frustration était la même depuis le matin et chercha des occupations pour arrêter d'y penser. Elle se leva et prépara ses affaires pour le lendemain matin, rangea sa chambre et chercha un nouveau sujet intéressant à traiter pour un futur article dans son cours de journalisme.

Dix, vingt minutes et puis une heure passèrent. Les nerfs de Cassie étaient à vif. Elle prit son téléphone et tapa le nom de Yelena dans les contacts avant de se raviser. Elle tomba mollement sur son lit et serra fortement son oreiller dans les bras avant de le jeter violemment contre le mur, en proie d'une frustration grandissante.

Agacée, elle s'habilla chaudement, non sans se prendre les pieds dans ses baskets. Une seconde de plus entre ses murs et la folie s'emparait d'elle.

La nostalgie la saisie une fois de plus quand elle vit que la voiture de Yelena manquait à l'appel. Elle prit le chemin qui menait à la forêt et se contenta de marcher comme elle le faisait avant son amitié avec la brune.

La balade s'empara de son bonheur alors que les étoiles dansaient au-dessus d'elle. Les senteurs et les bruits de la nuit l'envoutèrent et la transportèrent dans l'obscurité réconfortante.

Un vent léger s'insinua entre les feuilles, les faisant frémir et chuchoter entre elles. Le souffle discret révéla un ballet parfumé que Cassie inspira longuement. L'arôme épicé des pins, l'odeur enivrante de terre mouillé et le parfum harmonieux des fleurs sauvages.

La rosée matinale se déposa sur les chaussures de Cassie, les faisant luire sous la lumière lunaire, tandis que les feuilles mortes craquaient sous le poids de ses pas.

La jeune femme s'arrêta quelques minutes et ferma les yeux.

Les grillons produisaient leur symphonie nocturne habituelle qu'ils interrompirent chaque fois que les ailes d'un hibou battaient le vent. Un hululement mystérieux résonna à travers les arbres alors que des bruits indéfinissables surgissaient de tous les côtés, ajoutant une touche de vie supplémentaire à cette tranquillité nocturne.

Une dernière inspiration et Cassie ouvrit les yeux en souriant légèrement au moment.

Elle donnerait tout ce qu'elle avait, tout ce qu'elle possédait pour pouvoir écouter le champ de la nuit à chaque instant de sa vie. La pluie, le vent et tempête. Les insectes, les animaux et la forêt.

Un craquement inhabituel la fit se retourner. Ses nombreuses balades dans les bois lui avaient appris une chose. Elle n'était jamais seule.

Un loup. Plus gros que ceux qu'elle avait pu voir, mais de taille similaire au premier qu'elle avait rencontré. Sa robe marron se mariait parfaitement avec le lieu.

Ses yeux bleus lumineux la fixaient intensément. Les rayons de lumière de la lune se reflétaient dans ses poils bruns et ses pattes gigantesques bougeaient de temps à autre contre le sol, comme s'il tentait de s'ancrer dans la terre.

Mais malgré sa taille imposante, Cassie n'était pas effrayé. Au contraire, celui-ci paraissait protecteur. Il s'assit sagement et tous deux se regardèrent sans bouger. Curieuse, Cassie voulu s'approcher de ce mystérieux animal.

Elle tenta un premier pas timide que le loup ne trouva pas dérangeant. Puis l'autre pied suivit quelques secondes plus tard. Les mètres s'amoindrissaient entre eux. Elle était à une petite distance de lui et Cassie était proche de le toucher, mais un pas supplémentaire et le visage du loup changea en une expression sauvage. Ses grognements étaient impressionnants tout comme les dents qu'il dévoilait.

— Cassie.

La jeune femme sursauta. Cette voix, elle la reconnaitrait entre mille. Yelena.

— Recule tout doucement.

Les pas de la blonde étaient lents. Elle ne se retourna pas et voulait éviter de faire craquer quelques choses sous ses pieds.

Yelena profita que Cassie soit de dos pour dévoiler ses yeux au loup. Il avait beau être des bêtas tous les deux. L'aura de supériorité de Yelena était plus puissant.

L'animal arrêta son grognement et abaissa ses oreilles.

Yelena lui fit un non de la tête et le loup recula jusqu'à être assez loin pour se mettre à courir le plus loin possible d'elles.

— Il n'était pas méchant, dit Cassie agacée en se retournant face à Yelena.

— Qu'est-ce que tu en sais ? Tous les loups ne sont pas aussi cléments que le premier que tu as rencontré.

Cassie tiqua à cette phrase. Comment pouvait-elle savoir pour l'autre loup ? Mais ce n'était pas le sujet, pourquoi Yelena était-elle ici ?

— C'est ta présence qui l'a fait réagir ainsi. Il était calme avant que tu n'arrives.

— Bah voyons.

— Et puis d'ailleurs, qu'est-ce que tu fiches ici ? demanda Cassie sur la défensive.

— Je pourrais te retourner la question.

— Je l'ai posé la première.

— Tu m'en veux toujours, constata Yelena.

— À ton avis ? tu fuis de chez moi et ensuite, tu arrêtes de me parler. Vu que ce n'est pas la première fois, j'aurai dû m'en douter !

Cassie parlait à grand renfort de gestes et se rapprocha d'une façon menaçante vers Yelena. Celle-ci se contenta seulement de l'écouter et de se reculer pour éviter de prendre un geste brusque dans le processus.

— Tu fais l'adulte avec tes Louboutins et tes jupes crayons de femme d'affaires, mais la vérité, c'est que tu es encore une enfant qui ne sait pas gérer ses caprices ! Lâcha t-elle avec hargne.

Les yeux de Yelena faisaient des allers-retours entre la ride de colère qui s'était formé sur le front de Cassie et le doigt pointé sur sa poitrine.

Elle ne nierait jamais que les paroles de la jeune femme lui faisaient du mal, mais était-elle en droit de donner son avis alors qu'elle avait réellement fauté ?

Les battements de cœur de Cassie menaçait à chaque instant de former un trou dans sa poitrine, mais la jeune femme ne semblait pas y faire attention.

— Je me demande si ça t'arrive de penser à quelqu'un d'autre qu'à toi-même ? Avec ta petite vie parfaite, dans ton manoir de rêve. Dit-elle en faisaint de grand geste. Ton frère riche comme Crésus qui t'offre une bagnole hors de prix et des fringues Prada qui coûte deux fois ma baraque ! cracha-t-elle au visage de Yelena.

— C'est vraiment comme ça que tu me vois ? demanda la jeune femme un peu vexée par les paroles inexacte de son amie.

— C'est ce que tout le monde voit ! Tu agis toujours de façon contraire à ce que tu dis ! J'arrive même pas à suivre ta logique tellement c'est épuisant ! TU.es.épuisante !

Yelena ne fut pas surprise de sentir un tronc d'arbre s'enfoncer dans son dos, mais elle se rendit rapidement compte que sa proximité avec la blonde était très faible. Est-ce que Cassie avait toujours eu toutes ses petites tâches de rousseur sur le nez ? Yelena n'avait jamais remarqué le dégradé de couleurs de ses yeux. Le joli bleu qu'elle aimait tant, tirait sur le gris au milieu de ses iris.

Lorsque leurs mains se frôlèrent, un frisson parcouru l'échine de Yelena. Son odorat ne captait que le parfum sucré de Cassie. Chaque nuance subtile, chaque parfum enivrant, s'imprégnaient en elle.

Une telle proximité était indéniablement difficile à gérer. Lorsqu'elle descendit le regard sur les lèvres de Cassie, Yelena se maudit intérieurement de ne pas avoir pu s'empêcher de le faire. Comment devait-elle résister à une si belle bouche ?

Yelena ferma les yeux une demi-seconde avant que ses lèvres ne prononcent ces quelques mots.

— Cassie ?

— Quoi !? Ragea-t-elle

— Est-ce que je peux t'embrasser ?

Le visage de Cassie se figea et toutes ses expressions parurent soudainement incompréhensibles, comme si son cerveau cherchait à traiter les informations qu'elle venait de recevoir.

— Qu... Quoi ? Non ! Pourquoi tu... pourquoi tu ferais ça, non ! C'est pas du tout le moment ! Répondit Cassie décontenancé.

— Pourquoi pas ?

Dernière lune d'espoir tome 1 : Nouvelle chanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant