Chapitre 1 : tout a une fin

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Marie était au lycée, comme d'habitude. En rentrant chez elle, ce soir-là, elle ne se doutait pas que ce qui l'attendait risquait de modifier le cours de son existence.

Sa mère, Jeanne, l'attendait, les yeux rouges. Lorsqu'elle arriva, après 15 minutes de marches sous un soleil déjà fort pour la saison printanière, elle apprit que son grand-père était souffrant. Une ambulance était venue le chercher pour le conduire à l'hôpital. Il était plongé dans un coma artificiel.

Marie fut bouleversée par la nouvelle. Sa mère souhaitait la prévenir qu'elle devait partir le soir même. Accablée de chagrin, Marie aida sa mère à faire sa valise.


Deux semaines plus tard, le père de Jeanne décédait et la vie de Marie fut chamboulée. Personne ne fut au courant, à part les professeurs de Marie, et ses plus proches amis. Marie s'interdit de montrer sa douleur, elle voulait soutenir son père qui était au plus mal et qui ne cessait de ressasser la mort de ses propres grands-parents. Cette année-là, les parents de Marie lui offrirent un stage d'escrime, pour qu'elle se change les idées. Néanmoins, cela n'aida en rien et la douleur ressentie resta présente.

Marie, auparavant, n'avait jamais perdu quelqu'un. Dans son entourage, personne n'était mort depuis plus de 5 ans. Son arrière grand-père avait passé l'arme à gauche au début des années 2000, mais elle ne le connaissait pas, elle l'avait vu une seule fois. Une de ses grandes-tantes était décédée en 2007, mais cela avait seulement affecté son grand-père, puisqu'il s'agissait de sa sœur. 

Marie souffrait, oui. Mais en réalité, elle pensait souffrir. Après son stage en juillet, elle alla passer une semaine chez sa grand-mère récemment veuve. Malgré cela, elle ne parvint pas à réaliser que son papi était parti pour toujours, et qu'elle ne le reverrait jamais. La maison du nord de la Loire semblait vide et pleine à la fois. Vide d'une présence et pleine d'un esprit. Cela pouvait sembler étrange mais Marie ne pouvait pas se résoudre à laisser partir son grand-père. Le seul changement tangible, selon elle, était qu'il ne répondait plus au téléphone, et que seule la voix de sa grand-mère retentissait dans le combiné. 

Marie pensait que son grand-père était encore avec elle depuis un de ses rêves qu'elle avait fait le soir de son enterrement. Ils étaient tous les deux dans la cuisine, à côté de la table, devant la cuisinière. Papi tenait son carnet de correspondance où son décès était inscrit pour justifier son absence. Il l'ouvrit et regarda la page. Il sourit, ferma le livret, le lui rendit et lui dit : "tu vois, ce n'était qu'un rêve, je suis là. Je serai toujours là pour toi". Marie décida de le croire, et sentait sa présence, parfois. 


Septembre


Le jour de la rentrée des classes, Marie l'aperçut. Elle était restée amoureuse de lui, elle avait pensé à lui tout l'été en essayant de chasser ses démons, et elle pensait que cela l'avait aidée. Elle ne savait rien des sentiments d'Alexis.

Le vendredi de la reprise des cours au club d'escrime, Alexis prit son courage à deux mains et commença à parler à Marie réellement.

- Bonjour. Tu reprends cette année ?

- Salut !! Oui, comme tu le vois !

- Oh...

Il ne savait plus quoi dire, intimidé par ce qu'il voyait dans ses yeux. Il voyait une partie de l'amour qu'elle ressentait pour lui, amour un peu trop dissimulé au fond de ses yeux, puisqu'elle voulait le cacher (voire l'enterrer complètement).

- Dis...

- Oui ? l'encouragea-t-elle d'un sourire.

- Est-ce que je pourrai rentrer avec toi la semaine prochaine ?

- Je dois voir ça avec mes parents, mais ça me ferait plaisir, oui !


Marie n'en revenait pas. Après avoir espéré pendant trois longues années, voilà qu'il se manifestait enfin. Elle savait que ses parents refuseraient qu'elle rentre à pied, tard le soir, surtout avec un garçon qu'ils ne connaissaient pas. Elle se permit d'espérer un peu, toutefois, sait-on jamais.

En rentrant chez elle ce soir-là, elle se sentait légère et joyeuse, heureuse qu'un garçon s'intéresse à elle. Cela ne signifie pas que ce n'était pas le cas jusque-là, mais Marie ne les prenait jamais au sérieux, car elle estimait que ceux qui la regardaient étaient, pour la plupart, trop vieux pour qu'elle les regarde elle aussi.

Après sa douche, elle alla dans le salon pour dîner, et posa LA grande question.

- Maman, Papa, est-ce que je pourrai rentrer avec Alexis de l'escrime la semaine prochaine, s'il vous plaît?


Ses parents se regardèrent, interloqués. Ils savaient qu'elle avait plus ou moins le béguin pour ce type, mais ils ne pensaient pas une seule seconde que cela pouvait aller plus loin. Ils ne voulaient pas la laisser seule avec un garçon qu'ils ne connaissaient pas, et sur un chemin qui pouvait receler des pièges, surtout à la nuit tombée. Bien que le quartier fut sûr, cela n'excluait jamais les mauvaises rencontres. De fait, ils n'étaient pas trop d'accord pour la laisser seule avec Alexis :

- Euh... Tu permets qu'on en discute avec ta mère ?

- Oh, oui bien sûr.

Puis la conversation dériva sur l'entraînement et sur les infos du jour qui passaient à la télévision.


Le soir, en allant se coucher, sa mère la prévint :

- Marie, il va falloir que tu sois très gentille avec ton père. Il n'aime pas l'idée qu'un garçon te tourne autour et que sa fifille chérie grandisse enfin, tu sais...

- Oui maman, je sais. Mais j'aimerais vraiment savoir ce qu'Alexis me veut.

Dans son for intérieur, sa mère le supputait déjà.


Cette nuit-là, Marie rêva de Lui. Comme à son habitude, pourrais-je ajouter. Cependant, elle savait déjà, au fond d'elle-même, ce qu'il voulait... Elle ne savait pas ce qui se passerait, ni comment elle réagirait.


La ruptureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant