Hearts Still Beating (The Walking Dead)

T

Les grondements à l'extérieur résonnaient sourdement.
Xyris, la peau toujours découverte, ouvrit hasardeusement le placard de Negan, afin d'y trouver des vêtements. N'importe quoi ferait l'affaire. N'importe quoi qui couvrirait ces marques laissées par le loup affamé.
Tout était trop grand. Une chemise, un pantalon noir. Le contact du tissu était froid et sec. Rapidement, son corps était couvert par l'odeur chaude et aigre de Negan. Il lui semblait être toujours là, contre elle. Sa peau trop chaude, trop rugueuse. Elle aurait voulu s'en laver.
Elle inspecta maintenant les issues. Aucune fenêtre, naturellement. Avec une fenêtre, il n'aurait pas été le plus sécurisé. Il ne restait alors plus que la porte. Verrouillée.
À grands coups d'épaule, il n'en résultait qu'une douleur vive, et une porte toujours fermée.
Dehors, le chaos frappait.
Le couteau qu'elle aurait pu utiliser pour découper les vices du sourire coupable, s'enfonçait brutalement dans l'encoche du verrou, lacérant frénétiquement le métal, d'un son criard.
Elle s'arrêta. Quelqu'un était derrière la porte. La poignée s'abaissa, doucement d'abord, drastiquement ensuite.
Elle s'écarta. Des coups brusques et sourds cognaient, un corps, peut-être même deux, enfonçaient la porte, qui ne résista pas longtemps. Dwight apparu. Xyris semblait confuse.
-"Ne trainons pas." Rick se trouvait dans l'encadrement de la porte. Il constata l'état de Xyris, et inclina la tête. "Tu vas bien ?". Elle hocha la tête.
Il poussa doucement Dwight en direction de la sortie.
"Amène-nous à Daryl et Aaron toi."
Rick tendit un revolver à Xyris.
-"Qu'est-ce qu'il se passe ?
-On est venu vous chercher." Il lui offrit un léger sourire rassurant. Elle hocha simplement la tête.
-"Merci."
Arrivé devant la cellule où se trouvaient Daryl et Aaron, Dwight ouvrit la porte doucement, illuminant la pièce plongée dans l'obscurité. Seule une silhouette en fit surface. La lumière dessina lentement ses traits abimés. Aaron avançait, une main protégeant ses yeux éblouis. Xyris s'approcha de lui.
-"Il est où Daryl ?
-Ils... Ils l'ont amenés."
Rick attrapa Dwight par le col. Le groupe s'agita.
-"Où est-ce qu'ils l'ont amené ?!" Ses grandes mains parsemées de sang séché secouaient l'homme tenu fermement pendant qu'il l'interrogeait.
-"Je... Je sais pas...
-Tu sais pas ?!" Il Approcha dangereusement son visage du sien. "On a une troupe qui fait diversion entre vos murs. On a pas le temps de jouer. Si t'es pas capable d'être utile, je te descends de suite." Son regard était dur, la mâchoire serrée. Il lançait ses mots comme des lames.
Dwight baissait les yeux.
-"J'ai peut-être une idée." Il commença à s'avancer vers l'extérieur, suivi de près par Rick et les autres. Tout en marchant, Aaron regardait Xyris du coin de l'oeil, fixement. Son visage se froissa, il serra son bras fin entre ses mains.
-"Est-ce qu'il t'a..."
Xyris croisa son regard l'espace d'un instant, pour comprendre ce qu'il voulait dire. Ses yeux se plissèrent. Elle secoua la tête.
-"C'est rien."
Aaron s'arrêta net. Il prit une grande inspiration, et détendit son visage, pour y afficher une douceur parsemée d'amertume.
-"Ce n'est pas rien Xyris. Est-ce qu'il a osé te toucher ? Il mérite de regretter d'avoir été mis au monde cet enfoiré."
Elle lui attrapa le bras, l'entraînant à suivre à nouveau la marche.
-"Arrête... S'il te plaît." Son regard était aussi suppliant que ses mots. Elle ne voulait pas en parler.
Rick qui entendait la conversation jeta un coup d'oeil vif au dessus de son épaule. Il balança son menton en direction de Xyris, comme pour lui demander si tout allait bien. Elle hocha la tête. Serra la mâchoire. Les battements de son coeur résonnaient dans son crâne.
Rick ralentit son pas le temps d'une seconde, afin de se retrouver au même niveau qu'elle. Il plaça sa main sur son épaule, caressant de son pouce le tissu de sa chemise trop grande. Aucun mot prononcé, mais pourtant, elle en fut plutôt réconfortée, et le remerciait pour son silence.

À l'extérieur, les sauveurs ripostaient toujours face au groupe de Rick qui leur permettait de gagner du temps. Dwight s'arrêta face à une décharge grillagée. Derrière se trouvait une bonne vingtaine de rôdeurs. Chacun grognait, se dirigeait vers le centre. Ils étaient tous à l'affut, titubant, affamés, obnubilés par leur prochain repas, pendant que les plus proches s'écrasaient au sol, le crâne déchiqueté, piétiné, des têtes volaient, trainées de sang giclant dans tous les sens. Ils se resserraient, essaim grouillant de parasites. Un bruit métallique claquait dans l'air.
La nuit était sombre, malgré la lune brillante. Mais des projecteurs étaient disposés dans chaque coin, comme une scène de spectacle.
Daryl monta sur les corps au sol, faisant surface, comme presque noyé, parmi les vagues de cadavres putrides guidés par la rage et la soif de sang. Ses gestes se faisaient plus lents, plus affaiblis, et comme encombrés. Ses poignets, enchainés, le condamnaient à un épuisement fatal. Quand Rick et Xyris l'aperçu, immédiatement, ils demandèrent à Aaron et Dwight de les aider à escalader le grillage.
De son couteau, Rick embrocha l'arrière d'une cervelle suintante. En ressortait à la pointe de la lame des morceaux de chair grise, et un globe oculaire éclaté sur le coup.
Dans un mouvement vif et enchaîné, il dégagea son arme du crâne pour l'amener vers un autre front pelé et sanglant qui explosa dans une ruée de sang noir, dans un son humide et creux. Les corps tombant au sol, des vers et des asticots en jaillissaient violemment, virevoltaient dans les airs pour s'écraser sur la terre sanglante et s'agiter dans tous les sens.
Xyris s'était saisie d'une tige en métal, posée dans la décharge. D'un coup sec, elle logea le bout métallique entre deux yeux vides, révulsés et arides.
Quand la totalité des charognes gisait sur le sol, Rick et Xyris prirent soin de défaire Daryl de ses liens.
Rick posa sa main doucement sur son épaule.
-"Tu vas bien, mon frère ?"
L'homme grogna en guise de réponse. Son menton tremblait. Il regardait Xyris. Elle le regardait. Elle avait envie de se recroqueviller contre lui, de sentir sa chaleur et d'oublier le reste. Comme l'autre soir. Il en avait envie aussi. Aucun ne bougeait.
Rick ne leur laissa pas le temps de se retrouver.
-"Allons-y. Nos troupes sont toujours en train de gagner du temps."
Ils firent cette fois le tour de la décharge afin de sortir et de rejoindre Aaron et Dwight qui les attendaient. Daryl hocha sympathiquement la tête en direction d'Aaron, qui secoua la tête et le serra dans ses bras.
-"Une chance que tu sois robuste mon vieux.
-Une chance que Rick et Xyris aient été là tu veux dire." Il laissa s'échapper un léger souffle de soulagement et jeta un vif coup d'oeil vers Xyris. Elle lui mima un sourire plus intime.
Des coups de feu et des cris jaillissaient toujours depuis l'arrivée de Rick. Ils se rapprochèrent des bruits assourdissants pour gagner les côtés du groupe qui restait à distance, tant qu'ils pouvaient gagner du temps.
Dans l'obscurité étouffante, le feu des canons guidait les regards. Les nuages, finalement, perdirent de leur épaisseur, pour noyer l'atmosphère du clair de lune. Des corps, mais peu, étaient étalés sur la terre dure et froide. Certains bougeaient encore, rampaient, espéraient. D'autres avaient laissé s'échapper la vie qui les animaient.
Les munitions se perdaient, et diminuaient. Les tympans bourdonnaient, sifflaient, battaient aux rythmes des coeurs et des sangs.
Puis, aveuglant les regards durs et plissés, une lumière vive, une grande chaleur, une détonation vibrante. Une explosion, à l'arrière du bâtiment principal. Une des balles avait touché le réservoir d'essence. Des corps volaient. Des membres. Le feu se propageait, éclairait clairement le désespoir de cette nuit.
Seules les personnes les plus proches en furent touchées. Les autres avaient, pour la majorité, un tambour dans le crâne, qui battait à tout rompre. Leur équilibre fut brisé.
La chaleur des flammes venait se coller à leurs vêtements, à leur peau. Venait brûler leur souffle. Une fumée épaisse se répandait, dans l'air, et dans leurs poumons. Xyris était adossée à une barrière, tournant dos aux brûlures et aux cris. Elle respira un grand coup. Se leva. Face aux corps brûlants, qui courraient dans tous les sens. Elle les observait. Elle ne ressentait rien. Et qu'est-ce qu'elle aurait pu ressentir. Elle espérait seulement. Que Negan crève là. Lentement. Consumé par les brûlures de ses vices, noyé dans la fumée épaisse.
Une main l'agrippa brusquement. Elle se retourna. Daryl lui fit signe de la tête. Les rôdeurs, attirés par le bruit, la lumière et la chaleur, étaient en train de les encerclés. Ils coururent tous les deux, suivis par quelques personnes du groupe, en direction de Rick, qui faisait vrombir le moteur du pick-up dans lequel ils étaient venus. Ils montèrent rapidement à l'arrière, debout, sur la partie dégagée. Xyris se retourna, et plissa les yeux. Entre les flammes, debout, fier, se tenait Negan. Elle pouvait même distinguer son sourire, reflétant la lueur du feu qui l'enveloppait. Il agitait sa batte, en guise de promesse. Et disparu parmi les flammes.

Rick conduisait à toute allure, ils étaient tous pressés de rentrer. La lune continuait de briller. Xyris gardait les yeux rivés sur le feu immense. Bientôt, seule une large fumée orange était perceptible. Partout ailleurs, la nuit était calme. Ils avaient laissé le chaos pour les sauveurs.
Rapidement arrivés à Alexandria, chacun rangea une partie de l'artillerie avant de regagner sa maison. Aaron serra Xyris dans ses bras, comme si c'était la dernière fois qu'il la voyait. Il fronçait les sourcils d'effort, et lui caressa le dos avant de lui embrasser la joue.
-"Dors bien, ma belle. Mais pas trop bien non plus." Il sourit doucement et calmement. Elle hocha la tête et sourit en retour.
-"Bonne nuit Aaron."
Elle se retourna. Daryl n'était pas là. Il devait sûrement être rentré. Elle devait le rejoindre maintenant.
Quand elle ouvrit la porte, elle entendit la voix de Rick.
-"C'était stupide de vous y envoyer qu'à trois par les temps qui courent. Je suis désolé Daryl.
-Non ça va. Tu pouvais pas savoir.
-Mais j'aurais dû.
-Mh. Et... Alors... Qu'est-ce que tu penses de Xyris ?" Rick gloussa doucement.
-"Tu l'aimes bien hein ?" Daryl grogna et secoua la tête. Rick se râcla la gorge. "Je lui fais confiance. Je savais déjà que si tu le faisais, je pouvais le faire aussi. Elle est brave." Il marqua une pause et regarda Daryl en souriant. "Et puis elle est plutôt jolie." Il lui donna un coup de coude accompagné d'un clin d'oeil.
-"Rick t'es lourd..." Le regard de Rick était insistant. Daryl baissa la tête. "Oui elle est jolie..."
Il fit la moue en caressant le chiot qu'il avait retrouvé auparavant, tandis que l'autre lui tapait dans le dos en rigolant.
La présence de Xyris fut signalée par le chien agité qui sauta des bras de Daryl pour se jeter à ses jambes. Elle fit un geste de la main aux deux hommes qui la regardaient. Un peu gênée, elle se sentie rougir.
Rick fit un geste à Daryl et s'en alla, lançant, en croisant Xyris, un regard complice.
Ils étaient maintenant seuls. Tous les deux, dans le salon sombre éclairé aux lueurs des bougies.
Ils ne bougeaient pas et se regardaient partiellement, évitant les regards trop intenses.
-"Tu as entendu ce que...
-...euh.. non non..." Daryl lui lança un regard perplexe. "Peut-être un peu..."
Il baissa la tête. Elle devinait qu'il rougissait.
Après avoir pris une grande inspiration, elle s'avança, doucement, jusqu'à lui faire face. Il releva lentement la tête, ses yeux inspectaient chaque partie de son visage, pendant qu'elle regardait la lueur des bougies danser dans ses yeux bleus. Cette flamme là était bien plus rassurante, bien plus douce. Les grandes mains de Daryl se retrouvèrent sur les joues chaudes et rouges de Xyris. Son regard se posa sur son cou. La chemise qu'elle portait laissait apparaitre la rougeur marquée par la violence de l'obscène. Il dégagea le tissu avec son pouce pour mieux le voir.
-"Est-ce que c'est... Lui, qui t'a fait ça ?" Elle baissa les yeux en guise de réponse. Il la couvrit de ses bras épais, déposant ses lèvres contre son front.
-"Il le paiera. Je le jure."
Sa tête était enfouie dans son torse robuste et chaud. Elle plaça doucement ses mains dans son dos et le serra. Elle fermait les yeux. Sa respiration s'accélérait. Daryl glissa doucement ses mains le long de son dos, pour attraper ses hanches, et s'éloigner un peu, pour la regarder à nouveau.
Leurs regards étaient bloqués l'un à l'autre. Elle posa une main sur sa nuque dure, et l'autre sur sa mâchoire. Son regard à lui avait dérivé à la courbe de son visage, pour se poser sur ses lèvres.
Il entrouvrit la bouche. Elle regardait toujours ses yeux. Il chuchota.
-"je crois que..." Il se râcla la gorge "Je crois que je..." Elle sourit.
-"Pas besoin de parler." Il hocha la tête, se pencha, et lui déposa un léger baiser sur les lèvres, qu'elle lui rendit.
Ils se regardèrent à nouveau, le coeur battant dans leur corps tout entier. Leurs regards avaient changé. Ils étaient chauds, plus besoin de bougie pour y voir une flamme.
Daryl ne savait pas vraiment comment faire, et Xyris non plus d'ailleurs. C'était la première fois, qu'ils ressentaient ça, qu'ils vivaient ça.
Pour une fois, ils décidèrent de se laisser aller.
Il l'attrapa par la taille, la laissant enrouler ses jambes autour de lui, pour se diriger vers le canapé, où il l'allongea. Cette fois, son baiser était plus intense, plus long, plus fort.
Il commença à lui retirer la chemise, en ne défaisant que le premier bouton. Une vague de l'odeur de Negan s'en dégagea. Elle arrêta de bouger.
-"Tout va bien ?" Elle hocha la tête, et colla son visage dans son cou pour respirer son odeur.
Elle l'embrassa doucement. Puis à son tour, il lui embrassa les lèvres, le cou, la poitrine.
Tous les deux maintenant nus, s'enveloppaient de baisers et de caresses. Leurs corps bougeaient ensemble, dansaient aux rythmes des chandelles, folles de tendresse, ivres de douceur.
Xyris le couvrait de son corps nu et humide, allongée, l'oreille posée contre son coeur. Elle l'entendait vivre. Lui, passait sa main dans ses cheveux. Le son de leurs respirations les endormit calmement.