Chapitre 14 : Rouge écarlate

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   PDV : Lucien

    Je rentre de l'école à pied, il n'y a personne pour me venir me chercher, pourquoi ça m'étonne encore., J'ai l'impression d'avoir un tas de ténèbres dans la tête. Papa et maman se disputent tout le temps ses derniers temps. A chaque fois, ils m'ordonnent de m'enfermer à double tour dans ma chambre et d'y rester. J'ai peur, j'ai pas envie de rentrer à la maison. Les cris, tous ces cris... maman qui pleure, papa qui me répète que maman s'est mal comporté et qu'il a été dans l'obligation de la punir.

   Je franchis le seuil de la porte et reste à l'entrée avec mes bottes crottées. J'ai l'impression de me trouver sur le bord de la planche -  je choisis l'option de sauter par dessus bord et affronter la panoplie de requins plutôt que d'affronter la tempête mordante qui se forme par delà l'horizon.

- Où étais-tu hier soir, hein ?

-Arrête lâche moi espèce de connard de merde !

-Tu vas me répondre oui ? dis moi où tu étais ! tu étais avec ce fils de pute !

-Main n'importe quoi ! je t'ai déjà dis que j'ai passé la soirée avec ma mère, t'es sourd ?

   Je me rapproche un peu plus, je suis dans la cuisine, mais là, j'ai plutôt l'impression de me retrouver sur un champ de bataille, où je suis le seul survivant.

-Putain mais tu vas arrêter de me mentir ! 

-Je ne mens pas !

-Ne m'approche pas, tire toi !

   Papa se rapproche dangereusement de maman. Maman recule, attrape un verre de vin et l'éclate sur la tête de papa. Papa titube et chancelle. Du sang coule le long de sa tempe. Des éclairs prêts à frapper tourbillonnent dans ses yeux. Jamais je n'avais vue mon père dans une telle rage. Ils n'ont pas encore remarquées que je suis rentré tout seul de l'école à pied.

-Espèce de sale pute !

   Il donne un coup de poing monumental en plein dans la figure de maman.

-Maman !

   J'accours vers ma mère et la bouge sur le côté. 

   Rien

   Ma mère ne bouge pas. Elle est inconsciente, je crois que papa lui a cassé le nez.  

   Papa est un monstre.

   Un homme ne frappe pas UNE femme.

   Papa n'est pas quelqu'un de bien : il est toxique. Il empoisonne tout le monde autour de lui. Papa est le monstre qui se cache sous mon lit.

   Papa me fait peur.

-Papa, il faut l'emmener à l'hôpital ! maman perd du sang.

-Pfff; laisse la, elle en redemandera.

   Heureusement maman m'a appris en cas d'urgence à composer un numéro, je m'en souviens de celui des urgences, les médecins sont là pour nous aider.

   Je compose le numéro.

   Vingt minutes plus tard, une ambulance se gare devant la maison et emmène maman à l'hôpital. Papa est parti dans sa chambre, une bière à la main, il est en train de dormir.

   Papa est méchant.

   Maman est une battante, une guerrière, mon pilier.

   Jamais de la vie je ne frapperais une femme, pas comme papa. 

   Papa me répétait souvent que les femmes ne sont que des objets et qu'elles doivent obéir, sinon punition du siècle.

   Un jour, je trouverais mon étoile à moi.

   Ma petite sirène.



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