FOOTBALL GAMES

11. L'air frais

4 Août 2023 - Adélaïde

Tiziana

Il est quinze heures en Australie et les filles viennent de terminer leur repas du midi un peu tardivement, leur entraînement ayant duré jusque treize heures. Après avoir discuté avec Constance de ce qu'il s'est passé ce matin et hier soir, nous nous rendons vers ma chambre afin qu'elle m'aide à choisir ma tenue. J'opte pour un sweat shirt et un jean noirs ainsi que des converses blanches et la veste de l'Equipe.

La tenue incontournable quand je ne sais pas comment m'habiller...

Mon coeur palpite, je commence à angoisser, les mains tremblantes et Constance semble le remarquer puisqu'elle s'agenouille devant moi en me demandant de se caler sur ses inspirations et expirations. Suivant ce bref moment de calme, ma gardienne préférée m'accompagne donc jusque dans le hall de l'hôtel où se tient déjà Elisa dans une tenue confort : jean et bomber noir ainsi qu'un sweat blanc.

Presque accordées : même comme ça, elle est plus que canon ...

Elisa et Constance se font une brève accolade et j'entends de loin : « Si tu lui brises le coeur, je te brise les genoux... »

Merci Constance, toujours aussi protectrice...

Nous marchons dans les rues d'Adélaïde afin de nous rendre vers le port et décidons quelques heures plus tard de nous arrêter dans un bar afin de discuter.

« Alors Tiziana Alenta, raconte moi ce qu'il se passe dans ta petite tête, me demande Elisa.
- Je me fais du soucis pour une amie en France, elle n'est pas très bien et je m'inquiète... Un peu lunaire étant à des milliers de kilomètres de chez elle...
- Et qu'est ce qu'il se passe avec ton amie, dis moi, enfin si cela peut te soulager un peu ?
- Elle s'appelle Lilou, on se connaît depuis très longtemps, et depuis quelques temps elle n'est pas très bien. Elle a un garçon dans sa vie mais il ne semble pas vraiment intéressé par elle, et elle a enfin décroché le job de ses rêves : travailler dans le journalisme automobile. Elle est amenée à bouger sur des événements et lors d'un en particulier, elle a rencontré une fille Tony et cela ne s'est pas très bien passé au début. Au fur et à mesure, elles se parlent de plus en plus et Lilou se demande si elle n'est pas attirée par Tony alors qu'elle a toujours été avec des hommes avant. Elle retourne la situation dans tous les sens mais rien n'en sort... Apparemment, Tony n'a pas l'air insensible non plus à son charme...
- Et pourquoi Lilou ne lui dit pas directement afin de mettre les choses à plat ? Ça lui permettrait de savoir où est ce qu'elle en est et Tony aussi.
- Le détail, c'est que Lilou a toujours vécu pour les autres, sous le regard des autres, et depuis que son petit garçon est arrivé dans sa vie, elle ne jure que par lui. Elle se demande si cela ne l'affecterait pas et qu'en penserait la société. Lilou n'a pas parlé de son fils à Tony par peur de sa réaction aussi, que cela ruine tout entre elles...
- Si Tony n'est pas assez intelligente pour réagir correctement à cela, c'est que leurs routes ne devaient pas se croiser. Selon moi, elle devrait jouer carte sur table et dire les termes : c'est le meilleur moyen de savoir, conclut Elisa avec un léger sourire.
- Merci pour tes mots, je vais lui en parler... Bon assez parlé de mes copines et de mes tracasseries, nous ne sommes pas là pour ça : parle moi un peu de toi, sportivement et personnellement.
- Eh bien, tu dois sûrement savoir que j'ai évolué à Montpellier avant d'arriver au PSG, mon club de coeur, j'ai commencé le football à l'âge de cinq ans pour faire comme mon frère et j'ai des origines portugaises. C'est vraiment un honneur d'être sélectionnée pour la Coupe du monde... »

Elisa continue son récit d'histoire et je bois ses paroles. Sans m'en rendre compte, je me perds dans mes pensées et en ressors grâce à la brunette devant moi qui agitant sa main devant mes yeux.

« Tiziana ça va ? Je t'ai perdue là, glousse légèrement Elisa.
- Oui oui, tout va bien, la fatigue commence à arriver.
- Pourtant, tu n'as pas fait l'entraînement du Coach ce matin : il était vraiment intense celui ci, d'ailleurs j'ai ressenti quelques douleurs à la cheville. Est ce que tu pourrais me faire un strap demain matin avant l'entrainement ?

- Oui oui, bien sûr sans problèmes. Etant donné que je remplace Régis, je dois voir Selma et Pauline aussi.

- Super, merci beaucoup. Tu grelottes, même avec tes trente six couches de vêtements : viens on rentre à l'hôtel. Les thés sont pour moi. » et Elisa s'en va vers le comptoir en me faisant un clin d'oeil.

Nous prenons la route afin de rentrer au l'hôtel et Elisa m'accompagne jusque devant ma chambre. Je lui fais signe de rentrer pour la remercier et pour bien continuer la soirée, nous continuons de regarder « 21 Thunder ».

Une nouvelle fois, Elisa a dormi dans ma chambre.

Quelle mauvaise habitude : ce n'est pas avec ce genre d'actes que je vais y voir plus clair...

J'émerge tout doucement et je vois la Parisienne devant la fenêtre, contemplant le paysage. La brassière plus le jogging d'entraînement font leur effet et malgré la fraîcheur actuelle, je sens mes joues rougir.

« Eh, tu es déjà réveillée..., observais-je Elisa en m'étirant.
- Comment ça va ? Bien dormi ?
- Très bien et toi ?
- Ça va, tu es t'endormie vite hier soir...
- Oui, j'étais un peu fatiguée... Depuis quelques temps, je retrouve enfin un rythme de sommeil normal et j'ai l'impression que tu y es pour quelque chose...
- Tu fais de l'insomnie ?
- Oui, je prenais même un cachet pour sinon je n'arrivais pas à dormir. Je me réveille entre deux et trois fois normalement... Des fois c'est plus et d'autres moins, un peu comme dans l'émission "Le Juste Prix". Mais les deux nuits dernières, aucun réveil... En tout cas, je veux bien me réveiller tous les matins comme ça, avec ce beau paysage.
- Tu parles d'Adélaïde bien sûr ?
- Évidemment, enfin : le bord de plage est inégalable : le vert émeraude et bleu turquoise sont magnifiques et ressortent davantage avec le soleil."

10 Août 2023 - Brisbane

Hier soir, Coach Renard a envoyé un message groupé convoquant le staff et les joueuses à neuf heures précisément dans la salle de visionnage. Etant du même côté que moi, nous sortons ensemble avec Nat du restaurant. J'essaie comme je peux de lui soutirer des informations mais l'un des bras droit du coach n'en sait aucunement plus que moi. C'est rentrant dans la salle que je reconnais parmi toutes les personnes anormalement présentes une grande blonde élancée tenant ma fille dans ses bras, mon gaillard de père et l'armoire à glace me servant de frère. Ensembles, réunis à des milliers et milliers de kilomètres de chez nous : ma famille, mes repères, mes bases : sans eux, je ne suis pas entière.

Eclatant en sanglots, j'en peine à respirer et suis aux bords de la crise d'asthme. Ils sont mes piliers. Max nous rassemble tous les cinq en câlin général. Vêtue de son maillot floqué du cinq et de son prénom, Zoey me tend ses petits bras potelés et ma crise de larmes repart davantage. Ma plus belle fierté est avec moi, en Australie. Je la fais tourner dans mes bras et son léger rire gazouillant illumine toute la pièce. Je la tends quelques minutes à son grand père adoré et me retourne vers ma blondinette aux yeux gris.

Encore les mains rougeâtres d'euphorie , j'entoure de mes mains tremblotantes le visage ma meilleure amie et il y a l'équivalent des chutes du Niagara dans nos yeux. Pau est comme ma sœur, mon père et Max l'ont très vite appréciée, à la fac nous étions inséparables et elle fait partie désormais intégrante de la famille. Néanmoins, je sens dans mon dos un regard plus qu'insistant mais n'y accorde aucune importance : plus rien n'existe et j'en oublie de constater que le groupe entier lui aussi a reçu de la visite.

Max, Pau, Zoey, Papa, moi : ensembles.