2 Août 2023 - Sydney
Elisa
Après un match en demi teinte face au Brésil, nous voici de nouveau à Sydney pour le dernier match de poule face au Panama. Quel plaisir d'être de nouveau titulaire après le match passé, étant sur le banc pour repos forcé. Ce soir, le coach a décidé de faire tourner un peu l'équipe et de laisser les pionnières un peu au repos. Cinq changements au total plus ceux qui seront effectués en cours de match.
Un beau bordel en somme.
Je suis alignée avec Maelle, pour mon plus grand plaisir : être en défense à ses côtés est incroyable. Nous avons la même vision du jeu et en un regard, nous comprenons l'autre. Arrivant aux abords du stade, nous entendons déjà quelques tambours des supporters panaméens et l'ambiance promet encore d'être électrique. Mais, comme nous l'a démontré le match et sa victoire face aux Brésiliennes, le stade a beau être de la couleur adverse, rien ne nous perturbe ou presque et nous sommes déterminées. A présent, place au jeu.
Tiziana
Assise sur le banc aux côtés de Constance, j'observe les filles rentrer sur les terrains, écoute l'hymne panaméen et chante ensuite le plus bel hymne du monde, main sur le coeur : la Marseillaise.
Le match démarre fort suite au premier but marqué et contre toute attente, par les Panaméennes sur un sublime coup franc de Cox.
Les filles vont en faire des cauchemars...
Malgré tout, les filles se reprennent vite et égalisent. Ces lionnes ont un mental d'acier, ne laissent pas abattre et prennent pour la première fois l'avantage grâce à ce second but peu de temps après le premier. Il ne faut jamais sous estimer un adversaire mais je pensais honnêtement que ce match serait plus simple que les deux précédents. Avant même le début du match, nous étions qualifiées : il faut juste assurer notre première place. Les joueuses adverses ne laissent aucune miette aux Françaises et récupèrent la ballon à la moindre occasion.
Pas très compliqué avec toutes nos pertes de balle...
La deuxième mi-temps commence et j'en profite pour parler un peu avec Constance.
"Arrête de mater Elisa comme ça, ta mâchoire va se décrocher, me dit elle en rigolant.
- Je la mate pas, je cherche le ballon des yeux.
- Bah bien sûr, et je suis la mère Noël aussi.
- Tu pourras venir déguisée pour Zoey ?, et nous gloussons comme des godiches. J'ai parlé de ce qu'il s'est passé durant le trajet en avion avec Pau : selon elle je suis dans le déni. Elle se souvient de moi à la fac regarder les filles plus que les garçons, reprenais je sur un ton un peu plus sérieux.
- Je te connais depuis l'internat et je ne peux que confirmer ses propos. Rappelle toi, Ava de la section : la brunette aux yeux verts, tu ne la lâchais pas des yeux.
- Tu n'abuses pas un peu là ? Ce n'est pas de ma faute, les yeux clairs me font craquer... Et d'ailleurs, tu peux parler toi avec ta meuf : tu ne vis que pour elle.
- C'est un peu le but quand tu es avec quelqu'un non ?, et Concon rigole de nouveau.
- Enfin bref, tout ça pour dire que Pau m'a un peu retourné le cerveau avec ses paroles. Ça m'a fait du bien d'en parler avec elle mais du coup c'est le bordel maintenant : déjà que ce n'était pas très clair dans ma tête mais là c'est encore pire...
- Prends le temps Ti, ce n'est pas anodin. Prends le temps pour toi et Zoey : dans tous les cas, si quelqu'un rend sa maman heureuse, elle le sera aussi, femme ou homme. Et puis elle n'a que deux ans, elle ne comprendra peut être pas tout d'un coup.
- Oui tu as surement raison. Merci Concon, merci pour tout." et je la serre fort dans mes bras.
Nous avons tout partagé : de nos premières soirées au lycée à maintenant, toutes les deux en Australie pour la Coupe du Monde, en passant par les ruptures amoureuses qui font si mal qu'on a cette impression de ne jamais pouvoir se relever. Elle a été aussi énormément présente psychologiquement lors de ma grossesse avec Pauline. Sans elles, le baby blues me tendait les bras et ce, même si Zoey était un bébé parfait. Cette petite tornade d'amour est arrivée dans ma vie ce cinq mai deux mille vingt et un à onze heures et cinquante huit minutes. Depuis, j'ai découvert la définition de vivre, réellement.
Mon bébé miracle.
Je craignais de ne pas pouvoir finir mes études mais mon père et mon frère ont été d'un soutien sans faille eux aussi : lorsque j'étais à l'école, ils s'occupaient si bien de Zoey que je ne pourrai jamais assez les remercier pour tout. C'est pour ça que je leur ai demandé d'être parrains du baptême civil pour mon frère et religieux pour mon papa de ma fille. Je leur dois tout, et également l'obtention de mon diplôme, sans eux cela n'aurait pas été possible. Si je venais à quitter le monde précipitamment, ma fille sera entre de bonnes mains avec marraines Pau et Concon, et parrains papy et Max : j'en suis certaine.
Touchons du bois et de la peau de singe pour que ce soit le plus tard possible.
Le dernier but du match par Vicky me sort de ma rêverie et nous voici officiellement en huitièmes de finale de la Coupe du Monde deux mille vingt trois. Reste à déterminer notre adversaire.
Mon regard diverge vers la numéro cinq française et Constance le remarque.
"Il fait littéralement dix degrés et tu es aussi rouge que le drapeau normand, elle te fait vraiment de l'effet la petite, me dit elle avec ses yeux remplis de second sens.
- C'est vrai que la tenue de match la rend incroyablement canon mais rien ne vaut le jogging d'entrainement... Oh non !! J'ai vraiment sorti ça à voix haute ??
- Apparemment, tiens regarde ta femme arrive et encore une fois : ferme ta bouche, ta mâchoire va tomber." me réplique Constance hilare avec un clin d'œil.
Je tend le poing à toutes les filles pour les féliciter du match et je serre dans mes bras Kadi, particulièrement incroyable durant celui ci et la récompense de joueuse du match en est la preuve. Son premier but était attendu et le triplé inespéré. Elle aussi est une grande battante.
Une nouvelle fois dans mes pensées, je frissonne en entendant une voix familière derrière moi.
"Alors comme ça ta femme arrive, mais qui est ce ?
- Demande à Constance et tu verras...
- Oh mais ne t'inquiète pas, ce sera fait mais j'ai déjà ma petite idée : si elle s'avère vraie, elle n'est pas pour me déplaire."
Nous célébrons notre qualification et première place du groupe comme il se doit dans les vestiaires et en regardant ce beau moment de communion, j'ai le sourire jusqu'aux oreilles. Désormais, une nouvelle compétition commence et ce dès demain avec l'annonce de notre adversaire ainsi que notre délocalisation à Adélaïde.
![](https://img.wattpad.com/cover/346294048-288-k923575.jpg)
VOUS LISEZ
FOOTBALL GAMES
Fiksi PenggemarTiziana a 26 ans et vient d'être diplômée en kinésithérapie. Passionnée de sport depuis toujours, elle tombe sur l'annonce qui va changer sa vie. L'équipe de France féminine de football est à la recherche de sa nouvelle kiné pour la coupe du monde...