•6• L'acceptation

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Chaque matin, Thomas se levait et faisait le tour de l'île en courant. Sans pleurer.

Newt est mort.

Puis il aidait Frypan en cuisine. Sans réduire les pommes de terre en bouillie.

Newt est mort.

Quand il croisait Sonya, il ne fuyait plus son regard.

Newt est mort.

Et au final, il finit par l'accepter, cette phrase si violente.
Ça ne lui plaisait pas, mais il ne pouvait plus faire autrement.

Il devait se confronter à cette réalité.

Newt est mort.

C'était dur. Tellement dur.
Mais Thomas ne voulait plus se raccrocher à un espoir vain.

Un soir, alors qu'il observait les étoiles après le feu de camps, Minho s'assit à côté de lui.
Thomas détourna son regard des astres, et l'asiatique lui sourit.

Un sourire qui ne lui fut pas rendu, mais il n'en tient pas compte.

- Salut Thomas.
- Salut.

Minho se mordit la lèvre. Il ne savait pas comment aborder le sujet.

- Tu sais, on a pas écrit son nom sur la pierre.

Le regard du brun dériva vers la grande pierre qui faisait face à la mer.
Dessus, ils avaient écrit le nom de tous les blocards morts, de toutes les personnes qui avaient perdu la vie.
Amis, frères, sœurs, amours...

Mais Minho n'avait pas gravé le nom du blond dans la pierre. Il revenait à Thomas de le faire.
Pourtant, Sonya avait lourdement insisté pour le faire, elle ne comprenait pas. Mais le noireaud n'en démordait pas.

Thomas avait lui aussi remarqué que le nom n'y figurait pas. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, il avait aussi été affecté par les autres morts et il allait régulièrement déposer des fleurs sauvages devant la pierre.

- Je pense que c'est à toi de graver son nom. Déclara doucement Minho.

Thomas ne répondit pas tout de suite. Les yeux dans le vague, il réfléchissait à tout et rien, pour chasser le visage de Newt qui s'était imposé dans son esprit.

Un soupir franchit ses lèvres.
Il voulait parler à Minho, lui expliquer que graver les lettres dans la pierre graverait aussi la mort dans son cœur, mais les mots fleurirent dans sa gorge et fannèrent sur sa langue.

Minho carressa doucement son dos. Il voulait lui montrer qu'il était là, qu'il avait toujours été là, qu'il comprenait et qu'il le soutenait.

Alors Thomas se leva, et avança jusqu'à la pierre comme un condamné jusqu'à la corde.
Il prit le petit couteau que lui tendait son ami.
Tremblant légèrement, il enfonça le couteau dans la pierre et commença à graver.

"N"

Il dut s'y reprendre à deux fois pour le "E".
Les lettres se suivaient, plus ou moins régulières, et enfin le "T" fut inscrit.

"NEWT"

Une larme roula, solitaire, sur sa joue.
Il frôla du bout des doigts le prénom, de la même façon qu'il caressait autrefois la peau de Newt quand il voulait lui provoquer des frissons.

Et puis il se tourna vers Minho, le regard chamboulé.
Il avait réussi.

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