Chapitre 1

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Une brise fraîche me fis légèrement frissonner au niveau de mes bras dénudés. Une délicieuse chaire de poule m'offrit un rafraîchissement agréable à travers cette chaleur étouffante. Je n'ai jamais apprécié la fournaise estivale. Le froid et la fraîcheur des autres saisons ont toujours été bienvenus. D'ailleurs, encore une étrangeté en qui me concerne, je n'ai jamais craint le froid et j'ai toujours suffoqué sous la chaleur. Ce qui était un comble dans ma région.

Je regardais une fois de plus l'horizon à perte de vue qui s'étendait devant moi. Depuis le sommet du mont Saillant, la vue était époustouflante. Peu importe les saisons, la météo, le temps qui passe, rien de pouvait surpasser ce sentiment de puissance et d'immensité de la nature à travers cette vision.

L'aube pointerait bientôt son nez, avec le retour de la canicule qui accompagnait chaque jour estival d'Elderon. Si j'avais pu vivre dans les contrées du nord, près d'Aelin, dans les montagnes d'Alphia, j'aurais certainement supporté davantage ma situation.
Je sais qu'il y avait des situations pires que la mienne, mais râler m'aidais à tenir face à l'adversité et la cruauté de notre monde.

Il m'arrivais d'essayer d'imaginer à quoi ressemblait le monde d'avant. Avant la Grande Guerre qui a quasiment décimée l'espèce humaine, avant que l'humanité ne comprenne qu'elle n'a jamais été la seule espèce dominante et que leur règne sur terre s'éteigne à jamais, ainsi que ses technologies. Aujourd'hui il ne reste que des vestiges de ce lointain passé, des ruines d'immenses maisons, de machines en fer calcinées et recouvertes de verdure.

J'étais perdue dans mes pensées lorsque j'aperçu une silhouette que je reconnue sur le chemin. Une chevelure de feu, un regard vert et rusé comme un renard. Derrière son corps mince et son air jovial, il cachait une force et une résilience incroyable. Beaucoup l'avait sous-estimé et l'avait payé cher. Comme moi, la vie l'avait blessé mais l'avait aussi rendu plus fort. Il s'arrêta à une distance raisonnable du récif à mes pieds.

– Je ne comprendrais jamais comment tu peux te tenir si près du vide sans peur, me lança-t-il.

– Je ne comprendrais jamais comment tu peux avoir peur du vide, répliquais-je.

Ce qui lui déclencha son sourire taquin dont il avait le secret.

Nous étions amis depuis quinze années solaires. Eduart et moi avons atterri dans le même taudis qui servait d'orphelinat pour les misérables humains et créatures anciennes de basses extractions. Les Sidhs étant très respectueux des enfants, toutes espèces confondus, ils finançaient l'entretien du Refuge financièrement. Je ne sais pas s'ils étaient radins à cause de nos espèces ou si le garant du refuge se remplissait les poches, mais nous n'en avions jamais vu la couleur. Nous étions obligé de nous débrouiller pour manger et si on était pris en train de voler, on nous mettait dehors. Deux solutions s'offraient à nous, soit nous étions plus fort et il fallait se battre pour que les plus faibles nous apportent à manger. Soit il fallait être rusé pour se débrouiller et sans de faire prendre. Eduart et moi étions dans la seconde catégorie. Et nous avions vite compris que faire équipe était plus sur pour notre survie. Même lorsque Lotar, le gérant, m'a mis à la porte dès mes premières saignées, nous sommes resté inséparables. Comme un frère et une sœur, nous nous protégions et nous adorions nous taquiner.

Assemblés autour de la grande table de la salle principale, nous écoutions le sermon du chef de secteur à propos de nos récoltes. Chaque humain de la réserve était responsable de la survie de tous, nous devions tous participer à notre survie. Certains travaillaient dans des fermes, d'autres fabriquant des objets, meubles, outils, vêtements et commerçaient avec les habitants de notre colonies ou les voisines. La chasse étant strictement limitée pour se défendre et se nourrir, personne ne voulait subir le courroux de l'empire, nous attendions la dote chaque semaine. Les rations de viande et de poisson étant tellement maigres, que nous avions pris l'habitude de ne plus en manger, ou très rarement.

Nous faisons partie de l'équipe de récupération et de réparation. Notre rôle était de trouver des ressources utiles pour la fabrication et la réparation d'outils du quotidien. Les plus débrouillards devaient trouver un moyen de réparer un maximum de choses. Nos ressources étant très limitées dans la réserve, nous les économisions au maximum. Nous utilisions des ressources plus ou moins ancienne, parfois celles de l'ancien monde étaient très utiles. Notre chef nous informa que le niveau de ressources à la fin de l'été n'était pas suffisant pour assurer l'hivers à venir. Il fallait donc mettre les bouchées doubles pour changer la donne. Il fit le tour de chaque chef de groupe pour donner ses instructions et demander des comptes. Eduart étant celui de mon groupe, nous patientions notre tour.

– Il nous manque encore une aile du moulin à eau, des faucilles tranchantes pour les blés et des objets brillant pour éloigner les oiseaux des vergers. Où sont-ils ? Demanda t-il d'un ton sec.

– Nous avons fait trois fois le tour de la réserve cette semaine, nous avons fouillé les décombres des anciennes ruines, le lit de la rivière et demandé partout. Nous sommes à court de ces ressources. Justifia Eduart.

– Que proposez-vous pour régler ce problème ? Demanda le chef la mâchoire serrée.

– Du troc avec d'autres colonies, si vous nous autorisez. Nous avons trouvez plein d'élastiques, des ressorts et des haches durant nos recherches. La réserve de Melrany et Tyria seraient sans doute preneuses pour les laitiers et chariers.

Makas, notre chef, un petit troll des rivières, nous jugea du regard. De sa taille impressionnante, c'est à dire deux fois ma taille, il était un des plus petits Trolls existant sur notre continent. Il n'aimait pas se séparer de ses trouveurs, surtout le meilleur. Les voyages étant risqués, il ne pouvait se permettre de nous mettre en danger, ainsi que toute la réserve en conséquence. Mais sans ces ressources, notre survie étaient vouée à être limitée cet hiver. Il fini par céder. Nous devions partir pour Tyria à la prochaine aube.

Les écailles d'IrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant