25 septembre 1988Cher journal, oui c'est encore moi, et oui y'a 3 mois je disais que j'écrivais mes derniers mots sur ce journal.
Mais c'est plus fort que moi. Cette envie de tout mettre sur le papier, mes nouvelles rencontres, mes problèmes.A la rentrée, nous avons accueilli un nouveau camarade de classe.
Malheureusement, à cause de ses origines chinoises, il a du mal a s'intégrer à la classe et reste souvent seul, a moins de traîner avec des « amis » dans le langage des harcelés.
Je pèse mes mots.
Hao. Oui c'est son nom, Zhang Hao. Il ne se rends pas compte que ses « amis » font exprès de l'envoyer acheter à manger, ou de lui donner des tâches complexes et sales.
Mais il lâche juste un petit « oui » avec un léger sourire.Rester assis et regarder ce qu'il se passait, c'est ce que j'avais envie de faire au début. Mais en tant que président de la classe je n'avais pas d'autres choix que d'intervenir.
Agir en me liant d'amitié avec ce garçon naif, c'est ce que je voulais faire. Mais plus j'apprenais à le connaître, plus je voulais en savoir plus sur ce garçon mystérieux.
La sortie à la forêt nous à évidemment rapprochés, et je n'avais jamais cherché quelqu'un comme ça.
Son regard terrifié et en même temps apaisé après m'avoir vu m'avait fendu le cœur.En rentrant, les gamins avaient déchirés des pages de son livre. J'avais pris le livre. Et voilà que je me retrouvais à 00h34, assis à mon bureau, à essayer de recoller les pages.
Livre que je continuais de lire comme absorbé par l'histoire d'amour fraiche et passionnante des deux protagonistes.
En lisant le livre, j'avais remarqué de minuscules annotations en bas de certaines pages, avec des numéros, ce livre devait être son préféré.
Le lendemain, je lui avais rendu le livre. Je n'avais jamais vu quelqu'un de si heureux avec un bouquin dans les mains.
Et le jour d'après, à la pause déjeuner, il m'a dit :
« j'ai relu le livre que tu m'as rendu, les pages que tu as collés à l'envers on totalement changé l'histoire, mais je me demande si ce n'est pas mieux comme ça. »Je m'étais excusé d'avoir collé quelques pages à l'envers, et il m'a répondu :
« Tu est le seul à avoir changé le destin de ces deux protagonistes ».
Je m'étouffais presque avec mon verre d'eau.
C'était anodin, mais en même temps si vrai.Aujourd'hui, deux garçons de la classe avaient emmenés Hao hors de la salle. Ils lui demandaient de l'argent. Hao refusait mais ils le frappaient jusqu'à ce qu'il donne ses économies.
Hao n'était pas venu au cours d'après. Je l'avais retrouvé dans la bibliothèque, assis par terre.Il me faisait de la peine, son regard était si triste.
✩