Chapitre 10

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Lorsque nous entrâmes dans le hall d'entrée de l'Institut, une odeur de désinfectant vint s'infiltrer dans nos narines, me faisant froncer le nez. J'avais beau venir ici depuis plus de dix ans, je ne m'y faisais toujours pas et je ne m'y ferai sûrement jamais ! Cette odeur d'hôpital était vraiment insupportable, preuve involontaire d'une souffrance du passé et du présent. Charles me tenait toujours la main lorsqu'une infirmière vint à notre rencontre.

_ Mademoiselle Hanson ! Nous vous attendions ! s'exclama-t-elle.

_ Bonjour, la saluai-je doucement.

Son regard se posa brièvement sur le télépathe, un sourire étirant doucement ses lèvres.

_ Il était temps ! pensa-t-elle. Je suis bien contente de ne plus la voir seule.

J'essayai de ne pas réagir à ses pensées mais le rouge me monta légèrement aux joues. Charles serra doucement ma main.

_ Je vais vous mener au Docteur Hutchinson, suivez-moi je vous prie, nous invita l'infirmière.

_ Merci, soufflai-je doucement tandis que nous marchâmes derrière elle.

Nous traversâmes plusieurs couloirs, tous blancs. Charles regardait chaque pièce que nous croisions, chaque infirmier, chaque malade, ... Il semblait intéressé par tout ce qu'il rencontrait. Je souris malgré l'angoisse qui me serrait la poitrine : il était amusant de voir à quel point il pouvait garder une âme d'enfant !

Nous nous rapprochions du médecin de mon père mais également de mon père, je pouvais sentir leurs ondes mentales devenir plus fortes à mesure que nous avancions. L'infirmière entra dans une salle de repos, là trois médecins buvaient un café, assis autour d'une table. A notre arrivée, le médecin de mon père se leva. Brun, coupé en brosse, sa blouse blanche passée avec désinvolture, il me souriait amicalement. Il me tendit sa main que je serrai chaleureusement.

_ Bonjour Mademoiselle Hanson. Vous avez fait vite !

_ Bonjour, Docteur. En effet ! souris-je.

Curieux, il se tourna dans la direction du télépathe, le détaillant brièvement.

_ Je vous présente Charles Xavier, le présentai-je tandis que le Professeur relâchait ma main pour serrer celle du docteur. Charles, voici le médecin qui s'occupe de mon père.

Le télépathe fronça rapidement les sourcils puis, un sourire en coin étira doucement ses lèvres.

_ Magnifique, murmura-t-il.

Je compris que Charles venait de découvrir mentalement la mutation du docteur. Je souris doucement, il était vrai que sa mutation était des plus exceptionnelle : il absorbait toute forme d'énergie et la restituait sous forme de rafales. Mes visions m'ont permis de le voir à l'œuvre lorsqu'il était adolescent et j'avoue que cela était effrayant mais tellement formidable !

_ Comment ? demanda le docteur Hutchinson.

_ Mon..., commençai-je en cherchant le bon mot, mon ami est comme moi.

_ Oh... Je comprends, dit-il mal à l'aise.

Charles resta muet.

Je le vis tiquer lorsque je l'appelais « ami » mais ne releva pas pour autant... Après tout, c'était ce nous étions : de simples amis.

Mes sentiments à son égard étaient sûrement plus forts que ceux que j'ai pour mes amis. Cela je n'en doutais aucunement... Ce dont je doutais par contre étaient ses sentiments à mon encontre. Avec tout ce qu'il faisait pour moi, je savais que c'était plus qu'une simple amitié mais je voulais qu'il me le confirme.

Je voulais qu'il fasse le premier pas.

_ Il est venu m'aider, lui expliquai-je.

_ Bien... Bien... Venez, je... je vais vous mener à votre père.

Je hochai doucement la tête, l'angoisse serrant encore plus ma poitrine. Je pris une grande inspiration et relâchai tout, faisant de mon mieux pour me calmer. Charles ressentit mon angoisse et reprit ma main dans la sienne. Je tournai la tête dans sa direction et croisai son regard, tendre et confiant.

_ Ça va aller, me murmura-t-il.

Je hochai doucement la tête et reportai mon regard sur la blouse blanche du médecin. Les couloirs que nous traversions se ressemblaient tous mais le dernier couloir était différent, il était gris, empli de tristesse. Je me sentis oppressée, mal à l'aise. J'avais l'impression que ma motivation disparaissait à cet endroit. Je sentis la présence de mon père dans l'une de ces chambres, il était nerveux et plein de colère.

Le médecin s'arrêta devant l'une des portes blanches.

_ Votre père est ici, m'informa-t-il.

_ Je sais, lui répondis-je, le regard rivé sur la porte.

Il me fit un sourire contrit.

_ Comment allons-nous procéder ? me questionna Charles.

_ Il est préférable que vous restiez tous les deux vers la porte lorsque j'irai le voir, et lorsque je serai entrée dans sa tête, tu pourras entrer dans la mienne comme nous l'avons fait pour Jean.

_ Bien, me dit Charles en hochant la tête.

_ Il risque d'être secoué, avertis-je le docteur Hutchinson. Nous allons tenter de faire revenir le plus de souvenirs possibles.

_ Pas de soucis, je resterai à vos côtés tout le long du processus.

_ Merci, lui souris-je.

Je me tournai vers Charles, mon pouce caressant doucement le côté de sa main.

_ Tu devras me suivre et ne surtout pas te perdre dans sa tête.

_ Je sais, me dit-il. Je ne te quitterai pas une seule seconde des yeux.

Je lui souris tendrement, me perdant complètement dans ses azurs. Un raclement de gorge nous sortit de notre contemplation. Je lançai un regard d'excuse au médecin et posai ma main sur la poignée de la porte. Après avoir pris une grande inspiration, je l'ouvris et entrai à l'intérieur.

The music of the soulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant