Chapitre 14

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Nous allâmes dans la cuisine et, tandis que je fouillais dans mes placards à la recherche de nourriture, Charles alla s'asseoir sur un des tabourets du bar qui séparait mon salon de ma cuisine. Il n'y avait pas grand-chose dans mon frigo mais je trouvai néanmoins les ingrédients nécessaires pour cuisiner des pâtes carbonara. Je m'y attelai donc sous le regard curieux de mon compagnon. J'avais appris très tôt à cuisiner et j'adorai cela !

_ Tu aimes les pâtes carbonara ?

_ J'adore ça, me sourit Charles.

_ Tant mieux ! souris-je à mon tour.

Le télépathe regardait attentivement chacun de mes gestes comme si c'était la première fois qu'il voyait quelqu'un faire à manger. Je mis les pâtes dans l'eau bouillante d'une casserole puis je fis cuire des lardons dans une poêle. Tandis que je les remuais, Charles vint caler son torse contre mon dos, posant ses mains sur mes hanches. Je me laissai aller contre lui, un sourire étirant doucement mes lèvres.

_ Je suis toujours impressionné lorsque je vois quelqu'un cuisiner, me dit-il après avoir déposé un baiser sur mon épaule.

Je fronçai les sourcils : avait-il lu dans mes pensées ?

_ Et non, je n'ai pas lu dans tes pensées, sourit-il, amusé. Ton visage est suffisamment expressif pour que je puisse te comprendre.

Je souris à mon tour tandis que je remuais les lardons.

_ J'ai toujours eu des cuisinières pour me faire mes repas, m'expliqua-t-il. Ou bien, nous allions manger au restaurant...

_ Nous ?

_ Mes parents et moi. Ma sœur et moi...

_ Ta sœur ? Je ne savais pas que tu avais une sœur.

_ Raven n'est pas vraiment ma sœur. C'est une mutante que j'ai pris sous mon aile lorsque j'étais enfant, mais pour moi, elle est ce qui se rapproche le plus d'une sœur.

_ Je comprends... Je suppose qu'elle ne vit plus au Manoir ?

_ En effet. Elle est partie il y a plusieurs années de cela.

Charles resserra sa prise sur mes hanches, puis il posa son front contre l'arrière de mon crâne.

_ Je n'aime pas parler d'elle, m'expliqua-t-il tristement. C'est une période triste de ma vie que je préfère oublier.

Je réduisis le feu de ma gazinière puis posai ma spatule en bois sur le plan de travail. Je me retournai, restant dans les bras du télépathe et lui faisant face. Je posai ma main sur sa joue et la caressai doucement puis je passais mes bras autour de son cou tandis que Charles passait ses mains dans mon dos afin de me serrer contre lui. Charles posa sa tête contre mon épaule, j'en profitai pour passer une main dans ses cheveux, les caressant tendrement. Je posai un baiser dans son cou, le faisant doucement soupirer puis, bien malgré moi, je dus relâcher Charles et reprendre la cuisson de ma viande. Charles se sépara de moi puis alla fouiller dans mes placards afin de mettre la table. Je terminai rapidement mon plat et allai le poser sur la table à manger. Je servis mon compagnon qui semblait avoir retrouvé le sourire, comme si notre précédente discussion n'avait pas eu lieu. Je m'assis en face de lui et nous commençâmes à manger.

_ C'est vraiment très bon ! s'extasia le télépathe.

_ Merci, souris-je, amusée. Contente que ça te plaise !

_ Nous devrions faire ça plus souvent.

_ Ça ? lui demandai-je les sourcils froncés.

_ Manger tous les deux. Rien que nous deux.

Je souris doucement.

_ Ça me plairait bien, lui avouai-je. Je pourrais aussi nous faire à manger.

_ Dans ce cas, nous mettrons cela en place dès que nous rentrerons au Manoir.

_ Ça marche !

Un silence s'installa, entrecoupé par le bruit des couverts dans nos assiettes. Je ne cessai de penser à notre baiser et aux gestes tendres que nous avions l'un pour l'autre. Ce soir, notre relation venait de prendre un nouveau tournant, nous nous montrions clairement ce que nous ressentions l'un pour l'autre. Seulement, je ne savais pas réellement ce que Charles attendait de moi, ce qu'il attendait de cette relation.

_ C'est dans ces moments que je voudrais pouvoir entendre tes pensées, soupira le télépathe.

Je fronçai les sourcils.

_ Tu sembles inquiète, m'expliqua-t-il. Et je ne sais pas pourquoi... Je n'aime pas cela, rajouta-t-il.

_ Je me demandais ce que tu attendais de moi... de nous.

Charles posa sa fourchette sur la table et prit ma main libre dans la sienne.

_ J'attends de toi ce que tu voudras bien me donner, Eli, me répondit-il. Égoïstement, je voudrais tout de toi, je voudrais pouvoir te garder à mes côtés et te choyer comme tu le mérites. Seulement, au vue de ma « santé » actuelle, je ne peux te demander cela. Je ne peux pas te demander de rester à mes côtés alors que je vais, dans tous les cas, finir dans un fauteuil roulant.

Je posai à mon tour ma fourchette sur la table et le regardai sérieusement.

_ Cela m'importe peu que tu finisses dans un fauteuil Charles, et tu le sais très bien. Tu m'as averti dès le début et cela ne m'a pas empêché de me rapprocher de toi.

Il relâcha ma main et se releva de sa chaise. Le télépathe fit le tour de la table, son regard ancré au mien puis il s'agenouilla à mes côtés.

_ Puis-je être égoïste dans ce cas ? osa-t-il me demander, un sourire en coin étirant ses lèvres.

_ Je pense que tu peux, en effet, lui souris-je, en posant une main sur sa joue.

_ Dans ce cas, je veux tout de toi, Eli.

_ Tout ? Même mes problèmes ?

_ Tout, confirma-t-il.

Je lui souris doucement, caressant sa joue avec mon pouce.

_ Il semblerait que nous voulons la même chose, lui dis-je.

_ Tout ? me demanda-t-il. Même mon côté envahissant ?

_ Même ton côté envahissant, acquiesçai-je.

Charles sourit puis il se redressa légèrement, son visage se rapprochant du mien. Finalement ses lèvres se posèrent sur les miennes dans un doux et délicieux baiser ; un baiser scellant notre accord oral. Lorsqu'il se recula, il me souriait, d'un sourire en coin totalement craquant. Délicatement, je repoussai une mèche de ses cheveux qui retombaient devant ses yeux. Puis Charles se releva et retourna à sa place, finissant son assiette.

The music of the soulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant