Nostalgie

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Ramène moi à ces jours heureux
Que l'on m'a arraché
Allongé, je ferme les yeux,
Je veux y retourner

Redonne moi ces yeux d'enfant
Et ces sourires si vrais
Redonne à mon présent
L'étincelle du passé

Redonne moi cette passion
Redonne moi cette candeur
Fais moi perdre la raison
Écoute parler mon cœur

Laisse vivre encore un peu mes rêves
Leur vie fut si brève
Ils sont nés, ils ont éclot
Et je les ai tué à coup d'angoisse et de couteau

Mais si tu sais bien,
Nos rêves d'enfant, de gamin
Ceux qui ont prit la poussière
Ceux que j'ai laissé pourrir
Puis envoyé au cimetière
Pour qu'ils aillent y mourir

Comme je regrette
De ne pas en avoir plus profité
Le temps jamais ne s'arrête
J'ai perdu mes plus belles années

Je ne voyais pas alors
À quel point ces moments comptaient
Ils étaient des trésors
Que j'ai dilapidé

Je voudrais tant les faire revivre,
Me faire revivre
Rendez les moi, j'en ai besoin
Temps voleur, temps assassin

Ramenez moi à ces jours de pluie
Où l'on sautez dans les flaques d'eau
À ces jours pleins de vie
Nos rires volants comme des oiseaux

À ces jours sans nuages
Où, nous touchions le ciel
Debout sur la balançoire sans âge
Qui nous abritait dans sa nacelle

Nos yeux brillants
Nos visages souriants
Je cours après ces images
Qui s'effacent comme des mirages

Rendez moi mes vieux amis,
Rendez moi mes parents
Le temps m'a tout pris
Jusqu'au dernier de mes sentiments

Les rires sont devenus des cris
Et l'amour c'est tarit
A t-il seulement existé ?
Je commence à douter

Aujourd'hui, je n'ai plus que des photos
Et de vieux souvenirs poussiéreux
Qui s'effaceront bientôt
Sans rien laisser derrière eux

Que du vide et du froid
Un vide immense qui me détruit
Un vide souverain, un vide roi
Un vide horrible qui me séduit

Écoute, ce son qui résonne,
C'est le glas qui sonne
Qui sonne pour moi,
Pour la petite que j'étais et qui s'en va

Je ne serai plus jamais la même
Et les gens que j'aime
Et les endroits où j'ai grandi
Sombreront dans l'oubli

C'est une malédiction
Que tout le monde subit
Riche, pauvre, reine ou pion
Chacun connaît son infamie

Il régit l'univers, nul ne lui échappe
Sauf peut-être les enfants
Comme un piège, comme une trappe
On finit toujours par tomber dedans

Il marche sans s'arrêter
Lentement mais sûrement
Vous aurez beau courir, ou crier
Il ne s'arrête pas un instant

Marche sans avoir peur, suis ses pas
Il nous aura tous dans le trépas
Les saisons passent,
On s'habitue aux joies et aux angoisses

J'ai connu le doux printemps de ma naissance
Et l'été torride de mon adolescence
Ma vie bientôt connaîtra l'hiver
Alors je retournerai à la terre

Il me reste encore un peu de temps
Je pleure le passé mais je vis mon présent
Nous voilà déjà en automne
Le temps n'attend personne

Feuille BlancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant