Pêcheur de poussière d'étoile,
Le vent gonflait ses voiles,
Les vagues berçaient son navire
Jamais il n'aurait envisagé un autre avenir
Que celui du mistral et de la liberté
Des poissons frétillants dans ses filets,
De l'odeur de l'écume sur les quais,
Contre la coque, la caresse de l'eau saléeC'était une vie d'heureux vagabond,
Sans heure, sans retenue, sans raison
Les horloges assassines
S'envolaient sous la brise marine
Il voguait, naufragé volontaire
Loin de tous les problèmes de la terre
Les embruns caressaient son visages
Tandis qu'il suivait l'appel du large
On le disait amoureux
De cette étendue bleue
Qui l'appelait sans voix, le brûlait sans feuComme une sirène, dans les profondeurs
Faisant écho aux abysses de son coeur
Chacun de ses battements
Avait le rythme de l'océan
Ses respirations naissaient des vagues,
Dans une mélodie ample et vague
Sa voix se brisait quelques fois
Comme la houle au pied des falaises
À trop hurler de joie
Pour que les douleurs se taisentSes larmes n'étaient qu'une illusion,
Gouttelettes d'une pluie salée ?
Non, seulement quelques sillons
Que l'écume avait laissé
Sur ses joues usées de sourire,
Jamais il ne se lassait de parcourir
Encore et toujours les mêmes endroits
Et de les redécouvrir
À chaque fois,
Car en mer,
Tout est éphémère,
Tout disparais,
Est emporté pas les maréesIl en va ainsi des hommes, comme de toutes les créatures,
On paie cher, le goût de l'aventureUn beau matin, il a quitté le port,
Sous les premiers rayons de l'aurore,
L'océan était un miroir poli,
Pas une ride ne troublait le visage de cette nymphe endormie
Mais elle a le sommeil léger,
Elle c'est éveillée, elle a rugit, elle a grondé,
Elle c'est assombrie, elle c'est dressée
L'orage a rencontré la mer,
Cris de tonnerre, crête de colère,
Pluie, vent, crachin,
L'océan pleurait de chagrin
Dans une étreinte d'onde de chaos,
Il a emporté dans ses flots,
Et le pêcheur, et son bateau
Et son nom, et son histoire,
Et toute promesse de le revoirMais personne ne peut deviner le sort
Qui touche ceux qui ne rentrent pas au port
C'est pourquoi aujourd'hui encore,
Sa petite bergère l'attend sur la grève,
Debout, une fleur à la main, elle rêve
Fidèle, que son espoir accable,
Elle attend, sur les plages de sable,
Elle fatigue ses yeux, à essayer en vain
D'apercevoir la voile blanche de son marin,
Patiente, elle veille, surveille l'horizon
Et coulent, et s'écoulent les saisons,
Et elle, toujours là, le temps n'y fait rien,
Comme une vague, qui se retire et revient,
Elle attend debout, ombre figée,
Amoureuse affligée,
Roide et muette comme une statue
Celui qui n'est jamais revenu,
Les yeux séchés de tous sanglots, et la gorge de tout rire,
Elle regarde les oiseaux, le coeur lourd de soupire
Les mouettes, les albatros, les goélands,
Voyageurs ailés qui savent sûrement,
Où se trouvent celui qu'elle attendElle voit naître puis mourir les jours
Espérant inlassablement le retour
De son pêcheur, son grand amour,
Elle ne peut pas savoir que son marin infidèle
À préféré à sa tendresse les caresses cruelles
Des récifs acérés, des écueils, des écumes en dentellesQu'était-elle, elle petite bergère,
À la beauté passagère,
À côté de la majesté de la mer ?
Depuis bien longtemps,
Depuis même tout ce temps,
Le pêcheur ne l'aimait pas tant,
Car il avait pour amant
L'immensité de l'océan
Et c'est dans ses bras, qu'il c'est endormi,
Porté par le courant, emporté par le roulis
C'est à lui finalement, qu'il avait offert sa vie.
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Feuille Blanche
PoesíaLa solitude et le silence ont fait naître ces poèmes, pour combler la feuille blanche.