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Sylvain avait oublié à quel point les courses de rues lui manquaient. Installé au volant de sa 986 au milieu des autres pilotes, sous la lueur de la lune masquée par de larges nuages noirs, il se sentait à sa place - presque autant qu'aux côtés de Pierre, à le regarder réparer une énième épave.
Il avait repéré l'Audi de Max non loin de lui. Depuis qu'il connaissait la vérité, et tout ce qu'il s'était passé entre Pierre et ce connard, quelque chose de furieux l'animait. Il voulait abandonner sa voiture sur le bas côté, aller retrouver l'autre homme et lui écraser la tête contre son propre volant jusqu'à ce qu'il le supplie d'arrêter. A la place, Sylvain soupira et secoua la tête, refusant de se laisser dominer par sa propre colère. Il n'était pas là pour ça, après tout, mais pour la Countach de son meilleur ami, et rien d'autre. Les pilotes qui se trouvaient ici étaient dans cette ville depuis des années - s'ils avaient entendu parler d'une Countach blanc perle, il le saurait, d'une manière où d'une autre.
Même si l'envie ne lui manquait pas, Sylvain évita de cogner les autres pilotes avec sa propre voiture et se contenta de slalomer entre eux pour atteindre la première place, esquivant coups de volant, pierres, arbres et autres conducteurs sur leur chemin.
Une fois la course terminée - en deuxième, pour éviter d'agacer les autres pilotes - ils se retrouvèrent sur une route peu fréquentée à l'écart de la ville. La plupart des spectateurs avaient allumé des feux dans des bidons vides, et l'argent changeait de main en fonction des paris qui avaient été gagnés ou perdus. Sylvain récupéra l'argent de sa seconde place, glissant les billets dans la poche intérieure de sa veste avant de regarder autour de lui, se demandant un instant qui était le plus utile parmi tous ces pilotes.
Max se tenait non loin de là et lui jetait des coups d'oeil de temps à autre - le plus vieux s'appliquait à l'ignorer, refusant de céder face à la colère qu'il ressentait. A la place, il préférait garder un oeil sur sa Porsche 986. Après avoir vu ce connard de Shaw au volant de son bébé, il était devenu encore plus possessif à l'égard du véhicule, refusant que quelqu'un ose ne serait-ce qu'y toucher du bout des doigts. Garée à quelques mètres de lui, il surveillait, les clés au fond de sa poche, où se trouvait également un bout de papier avec quelque chose de noté - le plus important, la seule vraie information qu'il possédait à propos de la Countach.
S'éloignant, le jeune homme commença à faire le tour des autres pilotes, esquivant toujours Max, réclamant la moindre information à propos de la Lamborghini, lisant à voix haute le numéro de plaque d'immatriculation noté sur son bout de papier dans l'espoir que cela parle à quelqu'un - en vain, bien sûr. Ce qu'il s'était passé datait d'il y a trois ans - c'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin.
- Pourquoi tu ne me poses pas la question à moi ?
Sylvain se tourna, fixant avec colère la silhouette de Max. Un des bidons enflammés se trouvait entre eux, seul obstacle empêchant le plus petit de se jeter sur le conducteur de l'Audi. Les flammes jetaient des ombres sur le visage de ce dernier, et il semblait étonnamment sérieux.
