HELL•|ᵐⁱⁿˢᵘⁿᵍ

I.

« -Qu'est ce que j'irais foutre là-bas? »

Dans la lumière tamisée du grand bureau, le rédacteur en chef tripote un stylo jaune. La climatisation est trop forte, bien trop forte pour une journée d'automne.

« -Tu es notre meilleur élément. Je suis sûr que ça pourrais t'intéresser. »

Je suis assis sur un fauteuil noir en face de l'homme, et j'ai le regard fuyant, triturant la manche de ma chemise. Mes bottes tapent contre le sol carrelé de manière régulière, laissant entendre un léger bruit à chaque fois.

« -M'intéresser, oui. Me tuer, par la même occasion.

-Mais bien-sûr que non, tu sais très bien comment ça fonctionne vu le nombre de fois où tu l'as fait. Une équipe se chargera de te récupérer, comme d'habitude.» me-dit monsieur Clink.

J'hausse les yeux au ciel, mais réfléchis tout de même à la proposition.

« -On sait pas de quoi ils sont capables, ces gens là.

-Jisung. C'est justement car on ne sait pas de quoi ils sont capables qu'on t'envoie. T'es censé faire une enquête. »

Je tape la table du bout des doigts, nerveux. Je sais déjà que je vais accepter, même si mon cerveau essaye de résister un minimum. Mais mon esprit de journaliste d'investigation a pris le dessus, comme d'habitude.

« -Ce serait pendant combien de temps? Dis-je dans un soupir.

-Trois jours, maximum. »

Je parcoure une dernière fois la pièce sans intérêt du regard. Cette pièce que j'ai déjà vu des centaines de fois. Par réflexe, j'humidifie mes lèvres en passant ma langue dessus. Signe qui démontre mon angoisse mais aussi mon excitation.

Ma curiosité se fait de plus en plus forte. Je récupère mon sac noir que j'avais posé au pied de la chaise et le passe rapidement sur mon épaule. Je me lève en poussant mon assise et dis simplement:

« -Si je meurs, c'est de votre faute. »

Je pars en claquant la porte.

C'est comme ça que je me retrouve à devoir m'introduire dans une prison au Yémen entre les mains de la charia pour y étudier les conditions de vie des prisonniers. J'adore mon métier.