XI.

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Minho

Les larmes roulent sur mes joues, mais je pleure silencieusement. J'ai toujours fait comme ça, la peur imperceptible. Le brun ne doit pas savoir, il ne doit pas connaitre ma rage de vivre.

Jisung est allongé à mes côtés, Morphée l'a emporté au pays des rêves depuis quelques heures déjà. Ce soir là, on dort ensembles également, la chaleur de nos corps mêlée. Sauf que voilà, moi, je ne peux pas dormir.

Je sens déjà les pierres s'échouer contre ma peau diaphane. Je les vois se cogner inlassablement contre mon faciès meurtri, ne me laissant aucune seconde de répit. Je vois mon corps se perler de sang, se couvrir de blessures. Je vois leur regard dégoûté se poser sur moi, je vois leur bave couler dans mon dos et dans mes cheveux, je vois beaucoup trop pour quelqu'un qui doit fermer les yeux.

Et l'envie de vivre, elle me lacère le ventre. Jisung a promis, il a promis et je lui fais totalement confiance. Mais, dans la vie, il y a des choses qui ne se sauvent pas. Et peut-être que moi, je fais parti de ces choses-là.

Au lycée, j'ai toujours été celui qu'on aime bien. Le gars marrant, qui fait rire la galerie. Celui qui se prend des avertissements, qui se fait taper sur la gueule pour amuser tout le monde. Car au fond, les conséquences, j'en avais rien à foutre, pas vrai? J'en avais rien à foutre, non...? De perdre la confiance de mes parents, de remplir mon dossier scolaire de tâches. Tant que ça les faisait rire, je m'en contrefichais, oui, c'est ça.

Et au fond, j'ai pas changé d'un pouce, regardez moi. Je suis en prison. Je défie les gardes, plus pour les autres que pour moi-même. Parce que, j'en ai rien a foutre de mourir non?

La réalité, ce n'est pas que je ne peux pas dormir. Ce que je n'en ai pas l'envie. Je veux juste profiter qu'un souffle s'échappe encore de mes lèvres, que mes cils papillonnent qu'en j'en ressent l'envie, et sentir sa tête dans mon coup. Mes lippes contre les siennes. Peut-être que finalement, je dois arrêter de me mentir. Parce que finalement, perdre toutes ces choses là, ça me terrifie.

Ici, c'est vraiment horrible. Je me faisais torturer, insulter, traiter comme une sous-merde. J'étais à deux doigts de passer la corde autour de mon cou. Mes jours étaient comptés de toute manière, alors c'était quoi la différence?

Puis il est arrivé, l'ange aux enfers. Lui et son sourire discret. Dès que je l'ai vu, j'ai compris que je devais le prendre sous mon aile. Comme je lui avais moi-même dit, il ne tiendrait pas 3 jours dans les limbes qu'est la prison de Sanaa. Ça fait seulement deux jours, mais c'est devenu mon soleil dans cette nuit qui n'a jamais pris fin.

Je veux vivre, vivre pour lui. Je ne veut pas me faire flageller. Je ne veux pas me rouler dans la poussière sous leurs yeux remplis de satisfaction. Et même si pour ça je doit devenir le diable du paradis, je partirai. Avec lui.

Avec Jisung, ma lumière dans l'obscurité.

HELL•|ᵐⁱⁿˢᵘⁿᵍOù les histoires vivent. Découvrez maintenant