𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟕

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Ce furent des secousses qui la réveillèrent ce matin-là.

— Qu'est-ce qui se passe ? s'écria la voix de Morgan.

— Je ne sais pas, mais j'ai eu peur !

Les filles allumèrent les lumières. Elles se regardèrent toutes, prises de panique. Le tremblement avait duré quelques secondes seulement, mais il avait réussi à perturber leur sommeil. Et sans aucun doute, tout Astralis l'avait ressenti. Aurélia tentait de deviner de quoi il pouvait s'agir.

— Après tout nous sommes sur Astralis. Nous sommes peut-être à un endroit de l'espace où les astéroïdes sont plus proches ? Non ?

Gaia la corrigea.

— Quelque chose a dû cogner la barrière protectrice, c'est sûr, vu le tremblement. Mais je ne pense pas que ce soit un astéroïde, ils les auraient observés depuis longtemps.

— Et il n'y a pas d'alarme, ni rien ? Ce ne doit pas être une urgence, déduisit Morgan.

Aucune d'elles ne sut ce qui s'était réellement passé jusqu'à l'arrivée d'Henrik. Après avoir scanné leur porte pour la déverrouiller, il déclara :

— Ne vous inquiétez pas pour la secousse de cette nuit. Nous gérons tout.

L'explication n'était pas très claire, mais elle les rassura. La routine matinale se répéta. Petit déjeuner à la cafétéria, douche décontaminante. À la place de passer sous de l'eau et de se savonner, elles devaient simplement rentrer dans un sas qui les désinfectait entièrement. Gabrielle ne connaissait pas la technologie utilisée, mais elle devait être très avancée. Avec le temps, on s'habitue à l'effet étrange que ça a sur le corps. La leçon de ce matin réjouit tout le monde. Elles avaient regardé un documentaire sur Astralia. Ce qui faisait plaisir à voir, c'étaient les sourires sur les visages des habitants. Les couleurs vives des lumières ramenaient à la vie le bonheur et la reconnaissance d'être sur Astralis. Cette fois, Gabrielle ne pensait pas que cette fête était victime de la propagande des StarWind. Elle représentait plutôt la célébration de la société humaine bâtie sur Astralis, peu importe ses défauts. Elle était également très excitée à l'idée de partager un bon moment avec ses camarades.

***

Elles furent libérées après la pause.

— Vous êtes libres pour l'après-midi et la soirée. Vos montres émettront un signal lorsqu'il sera temps de se regrouper.

Quelques jours plus tôt, la phrase que venait de prononcer Henrik aurait été inimaginable.

— Et tâchez d'éviter les ennuis, avertit son formateur en la regardant du coin de l'œil.

De toute façon, Gabrielle portait le bracelet électronique, ce qui l'empêchait de commettre toutes sortes d'infractions sans être repérée. Encore une fois, Henrik lui scanna le bracelet pour la laisser sortir. Leur groupe se sépara très vite. Gabrielle remarqua qu'outre les filles, peu d'entre eux ne se parlaient réellement. Elle avait presque l'impression que la crise terrienne avait cassé quelque chose en eux. Leur besoin d'aller vers l'autre. Leur confiance. Leurs valeurs.

Morgan n'arrêtait pas de piailler.

— On est libres ! On est libres ! Les filles ! On est libres !

Ça paraissait fou, mais le sentiment était si agréable. Imaginez-vous arriver dans un lieu magnifique, révélant des couleurs que vous n'aviez presque jamais vues auparavant, et que l'on vous enferme vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Sous prétexte qu'elles ne sont pas prêtes à vivre sur Astralis. Selon elle, et son expérience dans la prison, il n'y avait pas besoin d'avoir fini l'École pour être confronté à la réalité. À ce moment-là, elle se demandait comment elle avait pu garder le secret de la prison jusqu'à maintenant.

Astralis : La révolteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant