J'ai eu tort. Tellement.
J'ai cru être jugé en admettant pour la première fois mon addiction face à eux, mais il n'en est rien. Dans leurs regards, je ne vois que de la bienveillance. Après tout, ils sont là pour la même raison que moi et puis, quand ils ont eu le courage de partager ce qui les rongeait, pas un seul instant je n'ai songé à émettre le moindre avis.
Le sourire tendre d'Amanda me donne la force de poursuivre sur ma lancée.
Tout ira bien. Je le sais à présent. Je suis tombé tellement bas que je ne peux que remonter la pente et je suis bien décidé à le faire. Pour ma famille, pour William et pour mes fans.
Tous méritent bien plus que ce que j'ai pu leur offrir cette dernière année.
Je m'en veux énormément, je ne sais pas si cette culpabilité cessera de me ronger. Peu importe, ce qui compte c'est que je parvienne à m'en sortir et à les rendre de nouveau fiers de moi.— Je ne sais pas trop par où commencer, avoué-je avec un petit rire gêné.
— Vous pouvez nous parler de ce que vous désirez, Eddie, nous sommes là et nous vous écoutons, m'encourage Henry.
William.
Il est la seule et unique chose sur laquelle je pourrais m'épancher durant des heures.
J'ai toujours pensé que je l'aimais plus que tout au monde. Il y a encore quelques mois, j'étais persuadé que rien ne pourrait surpasser ce besoin que j'avais de lui. Malheureusement, l'alcool et les drogues ont été les plus forts. Ils l'ont arraché à moi. Et c'est ma faute. J'étais convaincu d'avoir le contrôle sur ma consommation. Je sais que tous les toxicomanes et les alcooliques pensent la même chose à un moment donné. On se trompe lourdement. Ce sont eux qui nous contrôlent, nous sommes sous leur emprise et il faut un sacré gros déclic pour décider de se prendre en main et dire stop. Sauf que, dans mon cas, c'est arrivé trop tard…
— J'ai envie de vous parler de mon petit ami. Enfin… Ex petit ami. Même si j'avoue que je garde le mince espoir qu'il revienne à moi.
— Vas-y, mon cœur.
C'est Amanda qui parle. Sa manière de se conduire avec nous me rappelle celle d'une mère avec ses enfants. Les petits noms qu'elle nous donne à tous ne font que renforcer cette impression. Elle est incroyablement douce. Bien que je ne la connaisse pas réellement, je l'aime beaucoup. Si par miracle je parviens à revenir sur le devant de la scène, je voudrais qu'elle soit là pour y assister. En sa présence, je me sens apaisé. Elle fait énormément de bien à tout le groupe. C'est naturel chez elle.
D'un signe de tête, je lui fais comprendre que je vais me lancer. Je vais leur dévoiler un petit peu de moi. De lui. De ce que nous avons été.
— Ma grande sœur, Emma, travaillait à l'école de musique. Elle donnait des cours de piano. Sans elle, je n'aurais jamais su jouer. Tous les mercredis, elle me donnait des leçons et, un soir, je lui ai demandé l'autorisation d'utiliser une salle inoccupée pour m'exercer au chant. Je poussais souvent la chansonnette à la maison et elle me répétait sans cesse que j'avais du talent. Je la croyais. Si vous connaissiez ma sœur, vous sauriez qu'elle n'a jamais été du genre à faire des compliments à la légère ! Elle en était plutôt avare, surtout avec moi !
Une dizaine de rires me fait interrompre mon discours. Emma ne m'a pas lâché, même si nous vivons à des centaines de kilomètres l'un de l'autre. Ses messages quotidiens sont comme un baume sur mon cœur meurtri. Ma sœur est une femme extraordinaire, je ne le lui dirai jamais assez.
— C'est à cette occasion que j'ai fait la rencontre de William. Will…
Mes yeux se ferment et je revois son visage d'adolescent. Ses cheveux châtains un peu longs qui cachaient la moitié de son visage, ses magnifiques yeux bleus, son sourire…
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La chute d'Edward Stones
General FictionAuparavant synonyme de talent et de gloire, le nom d'Edward Stones est aujourd'hui associé aux scandales et frasques en tout genre. Le jeune chanteur autrefois salué par la critique, coqueluche de la presse et idole de toute une génération est désor...