Chapitre 4

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Si je reste enfermé une seconde de plus dans cette maison, je risque d'y mettre réellement le feu, cette fois. 

Une semaine. 

Voilà le temps qui s'est écoulé depuis que la presse a lâché la bombe qui a fait voler en éclats les minces espoirs que je nourrissais de revenir sur le devant de la scène. Pour les bonnes raisons, j'entends, pas parce que j'arrive déchiré devant des milliers de spectateurs. Je ne me remettrai jamais de cette humiliation, pourtant méritée, que j'ai subie.

Pour éviter de me faire entraîner par la vague de haine que suscite cette histoire, j 'ai dû couper tout moyen de communication dont mon portable. Les journalistes me harcèlent à toutes heures du jour et de la nuit.

Ce qui me chagrine, c'est la quasi absence de soutien de personnes que je considérais comme des amis. Ces artistes avec qui j'ai collaboré, ceux qui ont fait mes premières parties et qui sont pour beaucoup d'entre eux devenus de véritables stars… 
Rien. Personne. Les gens oublient vite qui tu es et ce que tu as fait pour eux lorsque les choses tournent au vinaigre.

Il n'y a que mes amis Alison Shift, une chanteuse avec qui on m'a prêté une liaison il y a quelques années, et John Green, présentateur d'une émission télé populaire et que j'adore, qui m'ont apporté un peu de réconfort en privé. 
Je comprends qu'ils aient choisi de ne pas s'exprimer publiquement, il vaut mieux faire profil bas dans ce genre de situation que d'afficher partout ton soutien à un type accusé d'abus sexuels, au risque de voir ta carrière partir en fumée, toi aussi…
Néanmoins, ça m'a fait du bien de voir qu'ils pensaient à moi et qu'ils n'y croyaient pas. 

Heureusement, ma famille, l'ensemble de mon staff et Will m'ont tous apporté leur soutien. Ce dernier a même pris la peine de publier un adorable message sur les réseaux sociaux en reprenant le hashtag lancé par les fans les plus fidèles.
C'était suffisant pour qu'une partie de nos followers s'enflamme et pense qu'on est de nouveau ensemble. Si seulement… 

Il ne peut pas imaginer le bien que ça m'a fait de lire ces quelques mots. Liam, lui, le savait, car c'est lui qui est venu brandir son téléphone sous mon nez avec un sourire éclatant. Je pense que s'il y avait un fan club pour le couple Willie, comme le nomment les fans, il en serait le président. Il croit dur comme fer à une future réconciliation. Parfois plus que moi-même.

Voilà donc sept jours que je suis cloîtré chez moi, ordre de Manny. Il pense que me faire discret est la meilleure stratégie possible en attendant de passer à l'offensive. Il a sans doute raison, comme très souvent d'ailleurs, le problème, c'est que ce n'est pas lui qui tourne comme un lion en cage.

J'ai fait de mon mieux pour tenir parole. 
J'ai regardé la télé, j'ai essayé de me remettre à la guitare et au piano, j'ai écrit de nouvelles chansons, j'ai même entraîné Liam et d'autres gardes du corps dans des parties de jeux vidéos, mais, maintenant, je craque. 

Je dois sortir, sinon je vais devenir dingue.

Aujourd'hui, plus qu'un autre jour, c'est une nécessité.

— Liam ! appelé-je. On sort ! 

— Manny a dit qu'il était plus prudent que vous restiez ici…

— Premièrement, ça ne fait pas sept jours que Manny se cache dans cette maison. Deuxièmement, si je veux sortir, c'est parce que j'ai une réunion avec mon groupe de paroles aujourd'hui et, troisièmement, combien de fois je vais devoir te dire de ne pas me vouvoyer ! On a dépassé le stade employeur et employé depuis longtemps, non ?

— Désolé, c'est la force de l'habitude. N'empêche que je suis d'accord avec Manny, avec toute la pagaille de ces derniers jours, vous devriez éviter de sortir seul.

La chute d'Edward Stones Où les histoires vivent. Découvrez maintenant