Ça y est. On y est. J'attache ma ceinture en soufflant discrètement. Dans quelques minutes je serais de nouveau dans cette maison où j'ai passé mon enfance, là où se trouve une multitude de souvenirs. Je serais dans cette ville dans laquelle je me suis promenée bien des nuits, avec mes amis, ma famille et surtout, dans cette ville dans laquelle je me suis baladée à son bras. Je secoue légèrement la tête de façon à faire sortir cette pensée de ma tête, je ne suis même pas encore sur le sol qu'il hante déjà mes pensée.
Quarante minutes plus tard, le taxi me dépose devant chez moi, ou plutôt devant chez mes parents. Je descends du véhicule et le chauffeur sort mes valises du coffre. Il les dépose à ma porte et je le paye avant qu'il ne reparte. Je fouille dans mes poches afin de chercher mes clefs mais je ne trouve rien mis à part un mouchoir et mon téléphone déchargé. Quelle tête en l'air je suis ! J'ai dû les oublier ou les perdre... J'espère que mes parents seront là. Je sonne à la porte. Une fois. Deux fois. Et une troisième. Personne. Je savais que je n'aurais jamais dû revenir dans cette fichue ville ! Je m'assieds sur les marches du perron en enfouissant mon visage dans mes mains. En plus d'avoir passé des heures dans un avion alors que j'ai le vertige, je me retrouve telle une sdf devant ma propre maison ! Les minutes passent, les voitures défilent dans la rue à vive allure, certains passants me saluent poliment mais toujours aucunes nouvelles de mes parents. Vous devez certainement vous demander pourquoi je ne demande pas à un voisin de téléphoner. La réponse est simple. Il est mon voisin et je n'ai aucunement l'envie de lui demander de l'aide. Je n'ai pas envie de voir son bonheur familial qui me donnerai immédiatement la nausée. Parce que oui, l'homme que j'aime depuis l'adolescence est en couple depuis plus de trois ans.
Faisons passer le temps : parlons de moi ! Je m'appelle Zélie Clark et je suis âgée de tout juste vingt-trois ans. Je reviens d'un voyage en Angleterre qui s'est étendu en séjour de deux longues années. Je suis actuellement célibataire, ô, bien-sûr, j'ai batifolé à gauche, à droite pendant ces deux années mais les anglais ne sont apparemment pas mon genre. Peut-être parce qu'il hantait mes pensées ? Il les hante toujours, d'ailleurs. Un nouveau soupire s'échappe d'entre mes lèvres quand une voiture entre dans l'allée de mes parents. Je me lève et les vois enfin sortir du véhicule. Ma maman se précipite vers moi et me sert contre elle avant de m'entraîner à l'intérieur, ne me laissant même pas le temps de saluer mon jeune frère de huit ans, Soan. Elle m'invite à m'installer sur le canapé et fait de même. Soan, quant à lui, s'installe sur mes genoux.
Maman : Alors comment s'est passé ton séjour ? Tu es heureuse d'être revenue ? Tu ne comptes pas repartir, hum ?
Zélie, en riant : Calme ! Je ne compte pas repartir, je suis très contente d'être de nouveau ici et c'était génial !
Soan : Zélie ! Zélie ! Tu sais quoi ?
Zélie : Dis moi tout !
Soan : Je fais du catch !
Mon sourire s'est immédiatement effacé de mes lèvres. Dans la famille, le seul catcheur que nous connaissons, ou plutôt que nous côtoyons est mon ex petit-ami.
Zélie : C'est super...
Soan : Oui ! Et Randy a dit que j'étais super fort ! Et même qu'il m'a donné des places pour le show du mois prochain. Deux places ! Tu viendras, hun Zélie tu viendras avec moi ? On ira même dans les loges il a dit. Et il me présentera Cm Punk ! Ça va être trop cool !
Zélie : Oui, Soan, c'est cool. Tu vas bien t'amuser ! Mais ça sera sans moi, petit cœur...
Soan : Mais Zélie... Je veux que tu viennes avec moi...
Zélie : Désolée...
Maman : Tu pourrais l'accompagner, jeune-fille !
Zélie : Je n'ai aucunement l'envie de le voir.
Maman : Ça fera plaisir à ton frère !
Zélie : Je sais, mais ce n'est pas possible.
Maman : Tu iras, que tu le veuilles ou non. Tu es déjà partie plus de deux ans. Maintenant que tu es rentrée, tu vas passer du temps avec ton frère !
Zélie : Je n'irais pas ! N'essaye plus de me convaincre. Tu accompagneras Soan et je resterais à la maison.
