-- Chapitre quarante-quatre --

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... : Besoin d'aide Zélie ?

Je pivote sur moi-même pour faire face à la voix féminine qui m'a interpellée. Samantha ? Sérieusement ? Elle habite à l'autre bout de la ville mais je la croise étrangement devant la maison de son ex mari. Bon ok, si je l'avais vue sortir à 8h du matin, je crois que j'aurais réellement eu une raison d'avoir des doutes sur ce qu'ils ont bien pu faire. Mais là, il est 14h30... Enfin, ça peut se faire à toute heure vous me direz... Chut Zélie.

Samantha, en souriant : Tu as un peu de mal avec les enfants non ?
Zélie : Non.
Samantha, en perdant son sourire : Oh. Je pensais. Tu veux que je t'aide un peu quand même ?
Zélie, en souriant faussement : Je t'assure que je contrôle ! J'ai une petite question, tu fais quoi ici ?
Samantha : Oh ! -Elle sourit- J'ai eu un soucis je devais parler à Randy. D'ailleurs il m'a dit que vous n'étiez plus ensemble ?
Zélie, froidement : Ouais.
Samantha : Ça finira par s'arranger. T'inquiète pas.
Zélie : J'ai pas trop envie de parler de ça avec toi...
Samantha : Oh je comprends. Bon, si tu n'as pas besoin de moi, je vais y aller.
Zélie : C'est ça. Au revoir.

Elle m'adresse un sourire et j'appelle les garçons pour leur ordonner de retourner dans le jardin. Avant de les suivre, je lève les yeux vers la fenêtre de la chambre de Randy et j'ai la surprise de le voir posté devant celle-ci. Je n'arrive pas vraiment à percevoir s'il sourit ou s'il est en colère, mais il est là. Et je devine facilement qu'il est magnifique. Ce n'est pas compliqué me direz-vous.

[18h]
Zélie, en entrant : Maryse ! Je suis rentrée.
Mike, depuis le salon : Chut, elle essaie d'endormir Théo.

Je retire mes chaussures dans l'entrée sans prendre la peine de les ranger, je vais encore me faire disputer par Maryse. Peu importe je suis désolée mais les petits m'ont vraiment achevée. Je veux manger et dormir. Pendant deux mois. Minimum. Je pars rejoindre Mike qui est assis sur le canapé et je me laisse tomber sur celui-ci, sans vraiment prendre la peine de m'y installer délicatement. Je ressemble plus à un phoque échoué qu'à une femme digne de ce nom mais.. Qu'importe ?

Mike : Ça s'est bien passé ?
Zélie : Affreux. Plus jamais. Fatiguée.
Mike, en riant : Trop fatiguant pour te permettre de faire des phrases à ce que je vois.
Zélie : Oui... En plus, je me suis tapé la honte Mike. La honte ! Les garçons se sont sauvés devant la maison, et forcément j'ai paniqué à cause de la route et évidement ils ne m'ont pas obéis et tu sais qui m'a proposé son aide ?
Mike : Non ?
Zélie : Devine !
Mike : Randy ?
Zélie : Pire ! Samantha.
Mike : Qu'est-ce qu'elle foutait là ?
Zélie : Elle devait voir Randy parait-il. J'ai failli la tuer quand j'ai vu qu'elle avait été le voir.
Mike : Jalouse !
Zélie : Tellement... Et après j'ai vu que Randy nous regardait par la fenêtre. C'était gênant.
Mike : Dis, Zélie. Tu sais que je t'apprécie beaucoup ?
Zélie, suspicieuse : Hm hm ?
Mike : Et tu aimes Maryse du fond du cœur ?
Zélie, en fronçant les sourcils : Oui...
Mike, en parlant rapidement : Zélie je t'en supplie tu peux surveiller Théo ce soir ? Je voudrais tellement emmener Maryse au restau et même si elle ne veut pas l'avouer, je sais qu'une petite soirée sans son fils lui fera le plus grand bien. Je t'en supplie, Zélie. Je te jure que je te revaudrai ça !
Zélie : Calme. Je l'ai jamais gardé plus de trente minutes et il dormait. Je vais faire comment toute la soirée moi ?!
Mike : Mais il dort Zélie et il se réveillera pas à part pour manger. S'il te plaît ! S'il te plaît. S'il. Te. Plaît.
Zélie, en soupirant : Ok... Je regrette déjà.

Il attrape mon visage entre ses mains et embrasse ma joue sans vraiment faire attention, me brisant donc la mâchoire au passage. Cet homme ne connaît pas la délicatesse. Il monte à une vitesse folle pour aller rejoindre Maryse et lui dire de se préparer, je suppose. Ils redescendent une vingtaine de minutes plus tard et Maryse est vêtue d'une magnifique robe bleu marine qui lui arrive au-dessus des genoux. Maryse, puis-je être jolie comme toi ?

Zélie : Tu es magnifique chérie.
Maryse, en souriant : C'est gentil. Et je te remercie pour Théo. Mille fois merci.

Elle vient me prendre dans ses bras et me remercie sans cesse d'avoir accepté de surveiller Théo. Elle me donne évidemment un tas d'instructions à suivre pour que tout se passe bien. Elle les répète même plus que nécessaire je suppose puis finalement Mike arrive à la tirer vers la sortie.
Je profite que Théo soit endormi pour aller me changer et me mettre à l'aise. Un jogging et un t-shirt ample font l'affaire. Je vais ensuite jeter un coup d'œil dans la chambre du petit : il dort. Lui au moins il ne me fera pas courir dans tout les sens. Je vérifie que le baby-phone soit bien allumé puis je quitte la chambre sans oublier de laisser la porte entrouverte, comme Maryse me l'a demandé.
Un peu plus d'une heure après le départ de Mike et Maryse, les pleurs d'enfant se font entendre à travers le petit appareil posé sur la table basse. Le cauchemar commence. Je lui donne son biberon qu'il refuse d'avaler, plusieurs goûtes tombent sur son pyjama. Je le change, encore et toujours des pleurs. Je le berce, il hurle. Je lui donne sa tétine, il la recrache. Je fais le tour de la maison en lui parlant, en lui chantant des comptines dont j'essaie de me souvenir au mieux. Il se calme. Je le remets dans son berceau, il se remet à hurler.

Zélie, angoissée : Mais qu'est-ce qu'il y a Théo ? Arrête de pleurer... J'ai tout fait pour te calmer. Alors, arrête de pleurer !

Je ne peux pas appelé Maryse à peine une heure après son départ, je ne peux pas lui gâcher sa première soirée depuis son accouchement. Je vais appeler ma mère. Elle saura quoi faire. Je compose son numéro et cale mon smartphone entre mon épaule et mon oreille de façon à pouvoir garder mes mains libres pour essayer de distraire Théo en lui montrant chacune de ses peluches et jouets.

Maman : Allô ?
Zélie : Maman, c'est l'horreur !
Maman : Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi Théo pleure ?
Zélie, désespérée : Ça s'entend à ce point ?
Maman : Bah oui.. Qu'est-ce qu'il a ?
Zélie : Mais je sais pas ! J'ai tout fait maman. Je te le jure ! Tout ! Et il se calme pas !
Maman : Tu l'as changé ?
Zélie : Oui ! Je lui ai donné son biberon, il refuse de garder sa tétine, je lui donne ses peluches, il s'en fout ! Je fais quoi ?
Maman : Tu l'as bercé ?
Zélie : Oui maman !
Maman : Est-ce qu'il a de la fièvre ?
Zélie, en posant ma main sur son front : Non, je crois pas...
Maman : Où est Maryse ?
Zélie : Partie avec Mike. Je peux pas l'appeler maman ! Tu peux pas venir ?
Maman : Non je ne peux pas, Zélie.
Zélie : Mais pourquoi ? Soan est parti dormir chez papa...
Maman : Mais ma voiture est en panne.
Zélie : Demande je sais pas, moi, à Madame Foster tien ! Je te jure je vais mourir...
Maman, en soupirant : Je vais demander. Je t'envoie un message pour te confirmer.
Zélie : Fais vite...

Je raccroche puis reprends Soan dans mes bras. En temps normal j'ai déjà peur de le tenir dans mes bras tant j'ai l'impression que je pourrais lui faire mal sans même m'en rendre compte, mais maintenant qu'il se tortille dans tout les sens, je vous jure que c'est encore plus affreux ! Je redescends au salon pour m'installer sur le canapé comme il faut et peu de temps après je reçois un message de ma maman qui me confirme qu'elle va venir. À peine dix minutes plus tard, on sonne à la porte. Je vais lui ouvrir, avec cette alarme vivante dans les bras.

Zélie : Aide-moi !
Maman : Et toi calme toi.

Je soupire et lui donne Théo qui se calme presque automatiquement en entendant ma mère lui parler. Sérieusement ? Tu me fais ça ? À moi ?! Les enfants sont ingrats, je vous jure...

Zélie, en regardant dehors : Tu es venue avec Madame Foster ? Elle ne veut pas entrer ?
Maman, tout naturellement : Je suis avec Randy. Mais il ne veut pas entrer. Vous vous êtes disputés ?
Zélie, en haussant les épaules : On s'est séparés maman.
Maman : Ah bon.
Zélie : Oui. Tu crois que je dois lui proposer d'entrer ?
Maman : Ce sont vos problèmes, Zélie.
Zélie : Mh. Ouais. Je vais lui proposer. Enfin, non. Bon si...

Elle soupire, ce qui montre que mon indécision la déprime puis elle rejoint le salon tandis que je sors pour rejoindre la voiture de Randy garée dans l'allée. Il descend son carreau teinté de noir et il pose un regard interrogateur sur moi. Je remarque qu'il tient son téléphone dans sa main droite mais je n'arrive pas à percevoir ce qu'il y fait.

Zélie : Tu veux entrer ?
Randy, en haussant les épaules : Non
Zélie : Eum.. Merci... d'avoir amené ma mère...
Randy : Elle avait besoin d'aide, j'allais pas lui dire non.
Zélie : Oui.. Je te remercie en tout cas.
Randy : Tu vas me remercier vingt fois ?
Zélie : Mh, désolée.
Randy, en soupirant : C'est rien Zélie. Tu devrais rentrer.
Zélie : À plus tard ?
Randy, en remontant sa vitre : Oui.

Je reste plantée devant sa voiture pendant des secondes qui me semblent interminables puis la sonnerie de mon téléphone me sort de cette léthargie. Je le sors de ma poche en repartant en direction de la porte d'entrée.

Zélie : Allo ?
... : Chérie c'est Maryse. Tout se passe bien ?
Zélie : Euh.. Oui.
Maryse : Zélie !
Zélie : J'avoue tout. J'ai appelé ma mère en renfort.
Maryse, en paniquant : Hun ? Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe Zélie ?!
Zélie : Calme toi. J'arrivais pas à le calmer. Mais tout est sous contrôle maintenant.
Maryse : T'es sûre ? Tu veux que je rentre ?
Zélie : Mais non. Profites de ta soirée. D'ailleurs comme ça se passe ?
Maryse, enjouée : C'est top.
Zélie : Je suis contente pour toi. Allez, profite de ta soirée. Promis tout va bien.
Maryse : S'il y a un seul problème, appelle moi.
Zélie : Bonne soirée Maryse !

Je rejoins ma mère dans le salon qui a totalement réussis à calmer Théo. Je me sens vraiment nulle, je vous jure. Il m'a tellement fait paniquer que j'en avais la boule au ventre, j'ai limite entrain de pleurer et là, monsieur se calme lorsqu'il voit ma mère.. Ma fierté en prend un coup et je suppose que Maryse ne voudra plus jamais me le confier.

[Vendredi — 13h]
Je viens tout juste d'arriver sur le parking de l'arène d'Atlanta, en Géorgie, où se déroule SmackDown aujourd'hui. J'ai tellement de chose à faire que je ne laisserai rien ni personne me ralentir, surtout que pour une fois, je suis à l'heure. En plus Emma n'est toujours pas revenue. Je me rends donc directement dans la salle de soin, je n'ai à peine le temps de préparer les table de soin que quelqu'un entre déjà dans la salle : April.

April : Coucou ! J'ai vu que tu étais arrivée alors je me suis permise de venir. Je ne te dérange pas ?
Zélie, en souriant : Absolument pas ! Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?
April : Je voulais savoir si le Docteur a eu le temps de lire le compte rendu des examens que j'ai fait.
Zélie : Pour ton bras ?
April : C'est ça !

Je fouille sur la pile de dossier posée sur le bureau du docteur et trouve celui qui concerne April. Je l'ouvre afin de lire mais, il y a trop de choses, et trop de mots incompréhensibles pour moi.

Zélie : Mh.. Tu veux savoir quoi exactement ?
April : Seulement s'il a vu que j'étais autorisée à combattre.

Je replonge le nez dans toutes ses feuilles et essaye de lire rapidement. Sa blessure est récente, ça doit être à la fin. Je regarde la dernière page et en effet un petit paragraphe stipule qu'elle a l'autorisation de monter sur le ring.

Zélie : Apparemment c'est bon !
April, soulagée : Ouf ! C'est incroyable la paperasse qu'ils doivent faire pour que j'aille combattre. -elle sourit- Merci Zélie !
Zélie : Pas de quoi, c'est mon job ! Enfin, pas totalement mais.. Bref.
April : Je peux te poser une question un peu plus personnelle ?
Zélie : Tu peux la poser, on verra si j'y réponds..
April : Ben... Je sais pas si tu es au courant, mais Phil et moi on est proches depuis quelques temps.. Pas proches... au lit, hun... Mais proches. Amis. Et forcément on a parlé de toi...
Zélie, en haussant un sourcils : Mh. Et ?
April : Bah, il m'a un peu raconté ce qu'il t'a dit la dernière fois... Et il se sent con d'avoir dit ça.
Zélie : Oh... Et pourquoi tu me dis ça ?
April : Ben, je voulais que tu saches qu'il s'en veut, quoi... Franchement ça sert à rien de lui faire la tête plus longtemps...
Zélie : April, je te trouve adorable, vraiment ! Alors ne gâche pas tout en te mêlant de mes problèmes.
April, gênée : Oh, euh, ouais. Désolée, je voulais pas sembler intrusive...
Zélie : Je le sais, mais j'ai horreur qu'on essaie de me raisonner, ce sont mes problèmes, je les gère, peut-être mal, mais je les gère.
April : Tu ne m'en veux pas alors ?
Zélie, en souriant : Non !
April : Je suis rassurée ! Bon, je te laisse tu dois avoir des choses à faire et moi je dois m'entraîner.
Zélie : À plus tard ! Et bon courage.

Elle quitte la salle et je reprends mes activités, pas pour très longtemps puisque quelqu'un pousse une nouvelle fois la porte : Roman. SU-PER.

Zélie : Je peux t'aider ?
Roman : Euh, je te dérange pas
Zélie : Non.
Roman : Je peux avoir de la glace s'il te plaît ?
Zélie : Pourquoi faire ?
Roman : Je suis tombé et je me suis pris le coin du ring dans l'œil. C'est déjà gonflé et j'ai pas envie d'avoir un coquard.
Zélie, en regardant son œil : Ha ! Ha ouais.

Je vais donc lui chercher une poche de glace, non sans sourire. Tu as voulu frapper Randy ? Le ring t'a puni, ça t'apprendra. Je la lui donne donc en essayant de retire mon rictus, je dois être professionnelle ! Mais c'est vraiment bon de le voir comme ça. Avant qu'il ne parte je lui applique de la crème anti-hématome pour essayer de limiter les dégâts.

Roman : Tu m'en veux encore ?
Zélie : Arrête de bouger.
Roman : Zélie !
Zélie : La ferme.
Roman : Je prends ça pour un oui. -il sursaute- Aïe ! Fais attention !
Zélie : Je l'ai pas fait exprès ! Et en plus j'ai fini. Tu peux y aller.

Je rince mes mains pour enlever le reste de crème qu'il me reste mais monsieur n'est pas décidé à partir. Il se lance dans un monologue sur le pourquoi du comment il a frappé Randy, mais concrètement ça ne m'intéresse pas. Tu as frappé Randy, point. Je ne retiendrai que ça de cette histoire. Il essaye de se justifier comme si je devais le plaindre, comme si ce geste était indépendant de sa volonté, comme si c'était pas lui qui contrôlais son bras. Il me prend pour une conne, non ? Heureusement, Zoé fait son entrée, toute essoufflée dans la salle. Elle referme précautionneusement la porte derrière elle et s'y adosse, comme pour empêcher quelqu'un d'entre, ce qui ne manque pas de nous intriguer, Roman et moi.

Zélie : Oui ?
Zoé : Zélie ! Je t'en pris cache moi.
Zélie : Qu'est-ce qu'il y a ?
Zoé, en regardant Roman : Euh, je vous dérange peut-être ?
Zélie : Non, non. Le monsieur allait partir. -En souriant faussement à Roman- À la prochaine. Ce fut un plaisir!

Il quitte la salle et Zoé se dépêche de se remettre contre la porte. Mais qu'est-ce qui lui prend ? Surtout que c'est pas avec ses 55 kilos qu'elle va empêcher quelqu'un d'entrer.

Zélie : Si tu t'éloignes de la porte, elle ne tombera pas, tu sais ?
Zoé : Ouais ! Je sais ! Mais il ne faut pas qu'il rentre. Il est timbré ton pote.
Zélie : Hun ? Qui ?
Zoé : Mais ! Punk. Enfin Phil ! Enfin le tyran !
Zélie, en riant : Le tyran ?
Zoé, en me menaçant avec son index : Ne rigole pas !
Zélie : Allez, calme toi, lâche cette porte et explique moi.

Elle semble hésiter à se reculer de la porte mais elle fini par s'en éloigner. Un peu. De façon à n'avoir qu'un pas à faire pour essayer d'empêcher quiconque d'entrer.

Zélie : Bon ?
Zoé : Il va me tuer !
Zélie : Hun ?
Zoé : Mais Zélie. Il est fou, il me fait faire de ces entraînements ! J'en viens même à regretter Bill ! Tu te rends compte ?!
Zélie : Ha oui, c'est du sérieux, là...
Zoé : Et puis, il est jamais satisfait, il dit limite que je suis une incapable et que j'ai pas ma place ici. Enfin, il ne le dit pas, mais ça se voit qu'il le pense et moi ça me stresse, je perds totalement confiance en moi de sa faute !
Zélie : Mais Zoé, je m'y connais pas trop, mais c'est peut-être normal que les entraînements soient plus compliqués qu'au centre de développement ? C'est plus la même chose...
Zoé : Oui ! Ça je le comprends parfaitement. Et ça ne me dérange pas de bosser, mais je peux pas m'améliorer si on passe son temps à me rabaisser... Je supporte pas qu'on me hurle dessus. Et c'est ce qu'il fait. Il me hurle dessus.
Zélie : Bon... Et tu lui en as parlé ?
Zoé, honteuse : J'ose pas... C'est un peu mon modèle, en terme de catcheur, alors je me vois pas lui faire de remarque.
Zélie : Ha oui mais non. Maintenant vous êtes collègues. Oui il a peut-être un niveau supérieur au tien, mais tu ne laisses pas marcher sur les pieds, sinon on n'en finira plus.
Zoé : Mais c'est facile pour toi, tu le connais depuis je ne sais combien de temps, tu le connais même très bien d'après ce que j'ai entendu...
Zélie, froidement : Euh, je vois pas le rapport.
Zoé : Oui ! Pardon ! Je retire ! Mais c'est lui qui me retourne le cerveau !
Zélie, en soupirant : Tu veux qu'on aille lui parler ensemble ?
Zoé : S'il te plaît...
Zélie, en regardant le planning : J'ai une heure devant moi, c'est bon.

Elle paraît à la fois heureuse mais tellement angoissée également. Je me demande ce qu'il a bien pu lui faire. Phil est vraiment un amour, je ne l'ai vu s'énerver que très rarement, surtout vis-à-vis d'une fille. Et puis, Zoé est adorable, je vois vraiment pas ce qu'elle aurait pu faire pour l'énerver à ce point. On va bientôt le savoir de toutes façons.
Lorsque nous arrivons dans la salle d'entraînement et que nous approchons de Phil, Zoé se met immédiatement derrière moi, comme si j'étais un bouclier humain. C'est fort gentil...

Zélie : Phil. Je peux te parler ?
Phil, sans me regarder : Bon ! Attends ! J'ai perdu Zoé.
Zélie, en soufflant : Zoé elle est derrière moi.
Phil, en nous regardant : Hun ? Mais t'étais où bordel ?
Zélie : Eh oh, tu te calmes. Tu lui parles pas comme ça.
Phil : Mais elle s'est barrée sans prévenir !
Zélie : Si tu lui hurlais pas dessus ça ne serait pas arrivé !
Phil : Je ne lui hurle pas dessus !
Zoé : Si...
Zélie : Voilà ! Donc je sais pas ce qui t'énerve, mais tu mets ça de côté et t'arrête de passer tes nerfs sur cette gentille demoiselle.
Phil : Mais d'ailleurs qu'est-ce que tu fais là ? Tu m'évites et là tu te pointes comme une fleur pour défendre MA rookie.
Zélie : TA rookie ? Ta rookie ?! Mais tu la maltraites ta rookie !
Phil : Euh non. Je la traite très bien.
Zélie : C'est pour ça qu'elle était tétanisée dans mon bureau. T'arrête de faire l'enfant Phil.
Phil : De toutes façons c'est toi qui m'énerve !
Zélie : Pardon ?!
Phil : Bah oui tu me prends la tête à m'éviter. Je dois te parler ok ?
Zélie : Euh, s'il te plaît ! Tu dois me parler pour me dire quoi ?! Que tu veux contrôler ma vie sentimentale pour ne pas être blessé ?
Phil : Ben non justement ! Je regrette d'avoir dit ça ok ?!
Zélie : Ok !
Phil : Bien.
Zélie : Bien !
Phil : ...
Zélie : ...
Phil, doucement : Tu es énervée..?
Zélie : Oui !
Phil : Désolé...

Il passe sa main sur ma nuque pour m'attirer contre lui. Il dépose un baiser sur mon front et m'adresse un sourire quelque peu crispé, conséquence de notre léger accrochage. Je devrais peut-être le repousser, mais j'ai l'impression qu'il vient de faire un geste purement amical, sans arrière pensée. Il est avec sa meilleure amie, (ou son ancienne meilleure ami ?) mais pas avec la personne avec qui il a couché dernièrement. Et c'est bon de sentir mon ami auprès de moi.

Zélie : Tu arrêtes d'être méchant avec elle, compris ? Et tu présentes des excuses.
Phil, en regardant Zoé : Désolé.
Zélie : Mieux que ça !
Phil : Je fais ce que je veux !
Zélie, en soufflant : Bon. Tant que t'arrête de me la traumatiser ça me va. Je peux vous laisser ?
Phil : Oui.
Zélie : Zoé ?
Zoé : Oui...

Je lui adresse un sourire, comme pour essayer de l'encourager. La pauvre... Quand je pense que c'était indirectement de ma faute. Je regarde l'heure sur la cadran fixé sur le mur : j'ai encore 45 minutes de libre avant que je ne doive étirer les superstars. Je repère Seth et Dean dans un ring duquel je m'approche.

Zélie : Saluuut !
Seth et Dean : Salut !
Seth : Tu montes ?
Zélie : Je peux ? -en regardant autour du ring- Mais y a pas d'escaliers !

Il lève les yeux au ciel et sort du ring avant d'en descendre. Il m'attrape par la taille et me soulève avec une facilité déconcertante afin de me poser sur le rebord du ring. Dean écarte les cordes pour que je puisse le rejoindre pendant que Seth remonte à son tour. Je m'installe en tailleur dans un coin du ring et pose mon menton sur ma main.

Seth, en embrassant ma joue : Tu t'es disputée avec Phil ?
Zélie : Euh. Non. Enfin, oui. Enfin... disons qu'on a discuté.
Seth : Ah ! Ok.
Dean : Il t'a dit quoi ?
Zélie : C'était à propos de Zoé, la pauvre. Apparemment il est super désagréable avec elle.
Seth : Sérieux ?
Zélie, en haussant les épaules : Apparemment.
Dean : La pauvre..
Zélie : Mh... Et vous faites quoi là, sinon ?
Seth : On était entrain de s'entraîner. Comme toutes les personnes présentes dans une salle d'entraînement.
Zélie : Gniagniagnia. Vous voulez que je vous laisse ?
Dean : On a fini.

Nous discutons un peu en restant sur le ring puisque personne n'en a besoin pour le moment. Finalement Seth et Dean me proposent de m'entraîner avec eux. Enfin, si on peut appeler ça comme ça. Ils me proposent surtout de jouer dans les cordes. Et j'adore ça. Je me place donc devant celles-ci et Seth se contente de me pousser contre elles afin de me faire rebondir, à plusieurs reprises. C'est enfantin, débile, mais c'est bien.

Dean : Tu veux monter sur le coin ?
Zélie : Non, non, non. J'ai le vertige !
Seth : Mais on te tient.
Zélie : Promis ?
Dean : Promis ! Allez !

Pourquoi suis-je si courageuse tout à coup ? Je retire mes chaussures pour être parfaitement à plat ainsi que ma veste, qui m'empêche un peu de faire les mouvements que je veux puis Seth attrape ma main pour m'aider à monter. Première corde ? Ça va. Un jeu d'enfant ! Deuxième corde ? Ça se corse et je broie littéralement la main de Seth dans la mienne. Je monte ensuite sur le coin, c'est-à-dire sur la troisième corde et avec prudence, je me tourne de façon à être face au ring. Seth attrape ma seconde main et je suis totalement debout. Sentez-vous la fierté qui est entrain de prendre possession de mon corps ? Fierté qui ne peut même pas être canalisée puisque Dean est sur le ring entrain de m'applaudir.

Zélie : Eh ! T'as vu ! J'y arrive !
Seth, en riant : Ouais ! T'es Dieu Zélie. Je te lâche ?
Zélie : Hun ? Non !
Seth : Une main ?
Zélie : Une alors !

Il relâche l'une de mes mains et je ne peux m'empêcher de resserrer la pression sur celle qui est encore contre ma paume. Au bout de longues minutes durant lesquelles je prends de l'assurance, je demande à Seth de me lâche totalement. J'écarte légèrement les bras afin d'essayer de contrôler mon équilibre mais je vacille à plusieurs reprises. Heureusement je réussis à rester droite mais mes jambes finissent par faiblir et je m'écrase lamentablement sur le ring et comme l'être humain (ou peut-être n'est-ce que moi ?) est débile, je mets mes mains en avant pour essayer d'amortir la chute : mauvaise idée. Je ne peux empêcher un long cri de douleur s'échapper d'entre mes lèvres. Tel un automatisme, je me mets en boule en attrape mon poignet douloureux dans ma main, comme pour le soulager.

Seth, paniqué : Zélie ! Ça va ?
Zélie : J'ai maaaal.
Seth : Relève toi.

Je lui obéis sans faire d'histoire et il essaye de regarder mon poignet qui enfle à vue d'œil. C'est affreux. J'ai mal. Je vais décéder. Alors que je ne m'étais même pas aperçue de sa présence, Randy monte sur le ring en furie.

Randy, énervé : Mais vous êtes cons ?! Vous ne pouviez pas la tenir ? C'est trop compliqué ? -plus doucement- Ça va Zélie ?
Zélie, en reniflant : J'ai mal...
Randy : Montre moi ton poignet.

Il attrape délicatement mon bras que je tends vers lui et il grimace légèrement en voyant l'aspect de mon poignet : gonflé et déjà presque bleu.

Randy : Le docteur est là ?
Zélie : Non je l'ai pas vu...
Randy : On va aller faire une radio à l'hôpital
Zélie : Je peux pas ! J'ai du boulot..
Randy, en soupirant : Zélie, tu ne sauras rien faire avec une main dans cet état. Tu discutes pas, on y va.
Zélie : Mais tu dois pas t'entraîner ? Je ne te dérange pas ? Seth peut peut-être m'amener..
Randy : Je t'y emmène.

Il fronce les sourcils et m'aide à remettre mes chaussures ainsi que ma veste, c'est vraiment difficile quand on a qu'une main valide. La douleur me lance dans tout le bras, c'est affreux. Bon je vous l'accorde, je suis un peu chochotte, mais ça fait tellement mal !
Nous montons dans la voiture de Randy et pendant tout le trajet jusqu'à l'hôpital, il essaye de me parler pour détourner mon esprit : je ne dois pas penser à la douleur d'après lui. Sa technique est inefficace, mais je ne lui dis pas : je veux qu'il continue de parler, de sourire. Comme avant.
À l'hôpital je passe évidement une radio avant de voir un docteur qui m'explique en gros que je vais devoir un plâtre que l'infirmière va venir me faire rapidement et que je dois penser à la couleur qu'ils vont me mettre. Sérieusement ? Comme si la couleur m'intéressait ! J'ai mal, malgré les anti-douleurs.

Randy, une fois le docteur sorti : Alors ? Quelle couleur ?
Zélie, en faisant la moue : Mais je sais même pas ce qu'il y a comme couleur.
Randy, en énumérant sur ses doigts : Rose, blanc, vert, bleu
Zélie : Blanc !
Randy : Bleu c'est mieux.
Zélie : Bleu c'est garçon.
Randy : Bleu c'est couleur de mes yeux.
Zélie : Alors bleu.
Randy, en souriant : Sérieux ?
Zélie : Sérieux !
Randy : Cool ! Tu as être magnifique, tu vas voir.

L'infirmière fait son entrée dans le box dans lequel je suis et Randy ne perd pas une minute pour lui annoncer que mon plâtre sera bleu. La pose de celui-ci prend environ quinze minutes, pendant lesquelles Randy me parle normalement. Il m'explique un peu toutes les choses qui se sont passées dernièrement et qu'il n'a pas pu me dire, comme s'il essayait de rattraper le temps que nous avons perdu.
Bizarrement une fois de nouveau dans la voiture, l'ambiance se fait plus pesante. Je n'ose pas lui parler et je pense que lui n'a tout simplement pas envie que je le fasse. C'était beaucoup plus simple lorsque nous étions à l'hôpital. Là il me parlait et il me regardait au moins. Là le seul truc qui est intéressant pour lui, c'est la route. Enfin c'est normal dans un sens. Mais.. Bref.

Randy : Tu vas faire comment avec le travail ?
Zélie : Je vais en parler à Vince en rentrant. On verra..
Randy : T'as pas de chance en ce moment. La dernière fois tu te coupes, aujourd'hui tu te fais une entorse au poignet. -Il rit- T'es pas très douée.
Zélie, en riant : Que veux-tu ? Depuis quelques jours j'ai quelques soucis personnels. Je dois avoir un côté suicidaire qui prend le dessus...

Ses doigts se crispent sur son volant et pour la première fois depuis de longues minutes, il pose le regard sur moi. Il a les sourcils froncés alors forcément, il arbore un air plus dur que d'habitude mais je ne peux m'empêcher de le trouver magnifique. Je vous jure. C'est invivable. Dès qu'il me regarde j'ai comme l'impression de retomber amoureuse de lui, à chaque fois. Sans exceptions. Et pourtant je voudrais tellement que les rôles soient inversés. Je voudrais tellement que lui aussi il retomber amoureux de moi dès que je le regarde mais je crois que c'est impossible.

Randy : Rassure-moi. Tu ne dis pas ça sérieusement ?
Zélie : Non..
Randy : Tu me le jures ?
Zélie : Mais oui Randy... Même si je suis loin d'être au top de ma forme depuis qu'on n'est plus ensemble, je ne pense pas encore au suicide.

Il se contente de hocher la tête sans répondre et se re concentre sur la route. Il faut croire que c'est plus intéressant que ce que je dis. Finalement Randy s'arrête sur un parking bordant la route.

Zélie : On est où ?
Randy : C'est un café. Je crois qu'on a besoin de parler.

Sans attendre ma réponse, il sort et je me dépêche de faire de même. Je voudrais pas le faire attendre ou autre. Nous entrons dans le café, c'est du genre pas fréquenté, en même temps qui s'arrêterait à un café qui se trouve sur la Nationale ? Personne. A part deux pauvres ex. Randy s'installe à une table dans le coin de la petite salle et je m'installe face à lui.

Randy : Bon...
Zélie : On doit parler de quoi ?
Randy : De toi. De moi. Au mieux, de nous.
Zélie : Parlons-en alors..
Randy : ...
Zélie : Ok. Je crois je devrais commencer. -je soupire- Tu sais, j'ai pas réfléchis quand j'ai .. enfin tu vois ! J'étais mal parce qu'on s'était vraiment disputés et.. quand on se dispute, mon cerveau perd toutes ses fonctions. Et voilà. Je regrette tellement Randy. Je crois que c'est le plus grand regret de ma vie. Ma plus grosse peine aussi, parce que ça nous a séparés.
Randy : Ça nous a brisé.
Zélie, en baissant la tête : Ouais.
Randy : Pour être franc. Je sais pas si un jour je pourrais te pardonner, Zélie. Dans un sens je crève d'envie de tout oublier mais de l'autre.. j'ai plus confiance en toi. Et c'est quoi un couple si on n'a plus confiance en l'autre ? C'est carrément de la merde...
Zélie : Peut-être qu'avec le temps...
Randy : Je sais pas. Mais en tout cas je veux pas te savoir triste à cause de tout ça..
Zélie : Comme si c'était possible..
Randy : Sérieusement Zélie. Parfois il faut juste que tu te dises que tout ira bien. Peut-être pas maintenant ou demain. Mais ça ira mieux. Et je veux que tu te dises ça chaque jour jusqu'à ce que ce soit vrai et que t'y crois vraiment. Dis toi que les choses ont changées et que si elles ont changées c'est pour une raison. Les gens et les choses changent pour une raison. Tu dois juste laisser tomber et avancer. Ça va être compliqué et tu vas te sentir seule, je le sais parce que je le vis. Mais juste avance Zélie. Reste pas bloquée sur moi.

Comment ne pas "rester bloquée sur lui" ? Sérieusement ? Il est pour moi, LA personne. Celle qui a été créée pour moi. C'est peut-être bête toutes ces histoires d'âmes sœurs et je sais qu'il déteste ça mais c'est ce que je pense. Je ne pourrais pas m'accorder avec quelqu'un d'autre comme ça a été le cas avec lui. Y a des milliards de personnes sur Terre et peu de gens voient les choses comment on les voit et quand on trouve la personne qui les vois de façon identique, surtout lorsqu'il s'agit de choses importantes, il vaut mieux ne pas la laisser filer. Et là c'est ce qu'il me demande de faire. Il veut que je laisse partir MA personne. Celle qui m'est destinée.

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