Chapitre 5

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Après les bains, nous demandons à Muba de nous conduire au temple d'Ishtar. Je n'enfreins aucune règle, le palais bénéficie d'un accès direct. D'ailleurs, ce programme semble lui plaire. Sur le trajet, il me fait un rapport sur ses premiers contacts avec les gardiens, le projet est bien accueilli. Nabuchodonosor a tenu parole, mon gardien possède maintenant un mandat officiel le désignant comme chef de mission. Il est fier, ça me fait plaisir de le voir rayonner ainsi. Il joue de suspense avant de m'informer que le général m'autorise à l'accompagner dans sa première expédition sur le terrain.

– Il me fait confiance pour prendre soin de vous. Mais nous prendrons quand même la précaution de vous déguiser.

Parfait, un peu d'action ! Enfin je vais sortir de cette maudite prison dorée !

Nous entrons au temple par un passage dérobé, sur le côté j'aperçois l'entrée principale bordée par d'imposantes colonnes de pierre. A l'intérieur, contre les murs, des fontaines en cascades servent aux fidèles à se purifier avant d'entrer plus avant dans le temple. Ça me rappelle la configuration de celui de Bâal-Marduk à mon arrivée. Des fresques plus qu'explicites ornent la pièce. Samirna me chuchote :

– Ici c'est un Seuil, un pont entre le monde des humains et le monde des Dieux.

Je hoche la tête pour lui montrer que j'ai compris. J'imite chacun de ses gestes pour me nettoyer le visage, les mains, les pieds. C'est plutôt rapide, on sort des bains. Nous laissons nos sandales à l'entrée.

La seconde salle est une surprise. Les murs sont recouverts de statuettes d'hommes. De toutes tailles, dans plein de positions différentes mais ils semblent tous en mouvement. Ils ont tous des pierres bleues en guise d'yeux, sûrement du lapis-lazuli. Ils me donnent des frissons j'ai l'impression qu'ils me fixent. Je remarque un homme, je n'ai pas vu de tenue comme la sienne au palais, mais il paraît riche, un marchand certainement. Il tend à une prêtresse une statuette blanche à son effigie, et lui murmure quelque chose à l'oreille. Cette dernière sourit, acquiesce et lui prend la main. Elle l'emmène, ils disparaissent par une porte. Des deux côtés de la pièce entre les étagères, il y a des portes, plein de portes. Pendant que mon esprit peine à faire les connexions, ma suivante me susurre :

– Tu veux voir ?

– Quoi ?

– Comment Ishtar offre sa bénédiction à ceux qui viennent la prier.

Ma bouche s'assèche, trop pâteuse pour que je puisse lui répondre je choisi de remuer bêtement ma tête. Elle prend ma main et me guide vers la porte jouxtant celle que le couple a passé. On se retrouve plongé dans une semi-obscurité. Un faible éclairage donné par des braseros nous parvient à travers un moucharabieh de la pièce voisine. C'est bien ce que je craignais, nous allons jouer les voyeurs.

Je m'estime épanouie sexuellement avec mon homme. On a toujours su trouver du plaisir simplement. Nous n'avons jamais eu le besoin de se donner du frisson en se rendant dans un sex-shop, club échangiste ou autre endroit libertin. Pour moi c'est une première. J'avoue honteusement être piquée par la curiosité. L'ambiance empreinte de sacrée est loin de l'image de bordel que je me fais de ce genre d'endroit.

Malgré moi, ou pas, je suis captivée par ce qui se passe de l'autre côté de la cloison. Avec fluidité pagne et robe de cérémonie ont disparu. Du bout des doigts, elle souligne chaque courbe de l'homme en face d'elle, suivant un parcours qui semble défini. La vue de profil dont nous disposons ne me cache rien du désir grandissant du marchand. C'est une danse qui se déroule sous nos yeux, sensuelle, charnelle, intense.

Alors que je ne perds pas une miette du spectacle, je suis soudain enveloppée d'un cocon de chaleur. De douces caresses, légères, glissent sur mon ventre. Un souffle chaud fait frissonner ma nuque. Instinctivement, je ferme les yeux.

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