Chapitre 6

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Ma nuit est agitée, je dors peu et mal. Avant le lever du soleil, je suis debout, devant la fontaine à faire mes exercices. Muba est une ombre dans un coin, à croire que son rythme biologique est synchronisé au mien. A la fin de mes mouvements rituels, il s'approche, m'éclaire sur ses intentions :

– Surprends-moi. Pas les attaques habituelles.

Je hoche la tête et me lance. Il pare. Nous dansons sur un tout nouveau rythme. C'est grisant, j'apprends à anticiper ses mouvements. Je prends plus de coups que d'habitude. J'accueille chaque douleur. Je veux apprendre. Si je dois me retrouver au milieu d'une campagne militaire j'ai tout intérêt à savoir encaisser les coups et à être prête pour plus que de l'entraînement. Muba l'a bien compris et ne me ménage pas. Le combat prend fin sur une démonstration de sa supériorité sur moi. Il m'a coincée. Il me maintient d'une main, les poignets croisés au dessus de ma tête. Ses hanches plaquent les miennes contre le mur. Je ne peux plus bouger. Son visage au dessus du mien, nos yeux rivés l'un à l'autre, à bout de souffle, il me dit :

– Vous manquez encore de fluidité, vos jambes ne sont pas assez rapides, vous devez anticiper mes mouvements.

Incapable d'articuler quoi que ce soit, je réponds comme je peux :

– Hmmmm.

J'attends qu'il me libère. Nos souffles se mélangent. Son regard glisse sur ma bouche. L'instant est en suspens.

– Je suis disposé à vous aidez pour tous vos entraînements.

Je prends subitement conscience que si il avait une queue, je la sentirais en ce moment même contre mon ventre. Cette absence crée un vide en moi. Je suis en train de devenir une vraie nympho. Je ne pense qu'à ça. Je me dégoûte. Je baisse la tête. Il ouvre mes cuisses d'une pression de genou et crée un frottement sur mon entrejambe avec sa cuisse. Mon intimité se met à palpiter. De sa main libre, il relève mon menton, plongeant sont regard dans le mien.

– Acceptez mon offre d'aider une fille d'Ishtar à retrouver sa voix. Hier n'a pas suffit à briser votre armure. Vous n'êtes pas que colère, vous êtes aussi désir et plaisir, acceptez-le.

Encore ce sentiment que Muba est plus qu'un simple Gardien. Je me tortille comme une anguille pour me libérer mais le rendu est tout autre. Je veux qu'il me lâche ou... Qu'il me prenne. Il ne semble pas décider pour le premier et est incapable de l'autre. Impossible de me défaire de son étreinte et en fait je n'en ais pas envie, j'ai l'impression de devenir schizophrène.

– Je pensais vous trouver prêts.

Nabuchodonosor, grimé et vêtu comme un marchand, est méconnaissable, seule sa voix le trahi.

Muba me libère, en un instant il est loin de moi, au garde à vous, le regard dirigé droit devant lui, loin du Général. Son mouvement a créé un courant d'air froid entre nous. Je ne sais pas quoi dire, encore perturbée par les sensations que mon Gardien à fait naître en moi. Leurs mœurs sont tellement différentes des miennes que peut-être ça ne gêne pas mon futur mari de me voir dans ce genre de position avec un autre homme, un eunuque qui plus est. Je me voile la face. Le pli dur de sa bouche et son regard assassin me le confirment. Il est contrarié.

Sans rien dire, je file dans la chambre me préparer. Samirna réveillée m'aide. Elle sent la tension ambiante et ne dit pas un mot. Voilée et parée de ses habits, je ne suis plus Amytis, fille de Cyaxarre de Mède, fille d'Ishtar (j'ai toujours adoré les noms avec des titres à rallonge) mais une simple suivante.

Quand je rejoins les deux hommes dans la cour, je constate que Muba a perdu tout ses attributs distinctifs de Gardien : manchettes, armure de cuir et épaulettes ont disparu, ne lui reste que son pagne et une dague à la ceinture. Nous sommes prêts. Je vais enfin sortir de cette prison dorée. Mal à l'aise, et ne sachant qu'elle attitude adopter, les mots sortent tout seuls... Je frise l'insolence :

La marque d'IshtarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant