Au Royaume des Abysses - [Tome 1]

Épilogue

Vengeance.

Meurtre.

Tuer.

Un sourire cruel étira son bec à cette pensée.

Ils devaient payer.

Ils devaient tous, tous, payer.

Et à commencer par cette idiote de Corail.

Elle avait fait échoué ses plans une fois, mais pas deux.

Il allait s'en assurer.

Sans oublier de se charger de l'écervelée qui lui faisait office d'amie et qui l'accompagnait à chaque pas qu'elle esquissait.

Qui portait le nom d'Abysse.

Et qui ne méritait pas plus de vivre que son amie.

Elles n'avaient jamais rien faits de spécial.

Rien.

Rien.

RIEN !

Elles ne le méritaient pas.

Elles ne méritaient pas cette gloire.

Elle ne méritait pas ces pouvoirs.

Alors que lui, si.

Pourquoi elle et pas lui ?

POURQUOI ?!

Ces pouvoirs, ils lui revenaient de droits.

Il s'était dévoué corps et âme pour son Clan et...

... Rien.

Rien.

Rien.

Voilà ce qu'avait été sa récompense en échange de sa loyauté et de ses services.

Pas la moindre promotion, remerciements, présent ni gratitude.

RIEN !

Et le destin décidait comme pour le narguer une énième fois de doter une Phenix qui ne méritait pas le titre de princesse de pouvoirs extraordinaires qu'il avait toujours désiré.

Sans compter le fait qu'il l'avait fait Élue d'une prophétie par-dessus le marché.

S'en était trop !

Tuer.

Tuer.

Tuer.

Ces paroles résonnaient dans son esprit encore et encore, se répercutant en une symphonie alléchante faisant palpiter son cœur d'une joie sinistre.

Ses pattes saisirent d'elles-mêmes la pochette de cuir qui pendait à son cou, en tirant d'un geste expert son couteau ensorcelé qui l'envoûtait, l'appelant inlassablement, le séduisant par son offre tentante qui le tourmentait, le poussant à satisfaire ses désirs.

Ses iris dénuées de chaleur contemplèrent sa lame mortellement tranchante, reflétant ses yeux brillants d'un éclat meurtrier.

— Je sais à quoi tu penses. Moi aussi j'en rêve. Mais crois-moi, c'est une idée insensée qui nous conduira à notre perte.

Cette voix.

Cette intonation arrogante et glacée qu'il connaissait si bien.

Ce ton hautain qu'il aurait put reconnaître entre mille.

— Ah oui ? Tu as peut-être de meilleures suggestions, très chère mère ? ironisa-t-il en la gratifiant d'un regard noir.

— Et bien, figure-toi que oui. Seulement, la patience sera de mise, le prévint-elle.

Son sang bouillonna dans ses veines alors que ses serres aiguisées se plantaient dans le sol de cristal avec un crissement rageur, miroir de ses pensées.

La patience, vraiment ? À quoi joue-t-elle ?!

Ses yeux roulèrent alors qu'un sifflement exaspéré s'échappait de son bec.

— Tu ne crois pas que j'ai assez attendu ? Que nous avons assez attendus ? On pourrait mettre fin à leurs misérables existences ici et maintenant. N'est-ce-pas un plan parfait ? Plus de Corail dans nos pattes ni d'Abysse collante et encore moins de ce prince déserteur qui se permet de quitter son Clan pour prêter allégeance à un autre sans avoir le moindre remords. Quelle lâcheté !

— Tu as perdu la raison ! se récria-t-elle avec horreur. Pas touche au prince. As-tu oublié que peut importe la stupidité dont il fait preuve, nous avons besoin de lui ?

Une dizaine de jurons fusèrent avant qu'il n'admette à contrecœur :

— Malheureusement, nous devons le garder en vie. Pour le plan. Malgré le fait qu'il soit un écervelé de première, dépendant totalement de sa petite amie tout aussi stupide que lui.

— Si tu veux bien écouter mon plan, et l'appliquer à la lettre, elle sera bientôt morte.

Une lueur d'intérêt s'alluma dans ses yeux plissés par la curiosité qu'elle avait suscitée.

Je n'ai plus rien à perdre et tout à gagner.

— Je suis toute ouïe, souffla-t-il en glissant son arme dans son étui tout en se dirigeant vers son interlocutrice.

Cette dernière l'entraîna loin des portes, s'assurant au préalable que personne ne les épiait avec une minutie dut à l'habitude.

Elle est une experte en la matière après tout.

Une fois qu'elle fut certaine d'être à l'abri des oreilles indiscrètes, elle lui révéla son idée, excitée par la sombre vengeance qu'elle avait concoctée.

Son fils, tout aussi enthousiasmé, l'écoutait avec fascination, impressionné par l'ingéniosité de son plan qui se révéla être cruellement sournois.

Son bec aiguisé se recourba en un sourire malsain alors que le plan tourbillonnait dans son esprit vidé de toute joie.

Leur vengeance allait être terrible.

Personne ne s'en sortirait vivant.