Chapitre 1

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-Encore toi ! Décidemment, je me demande vraiment pourquoi on t'as accepté dans notre groupe ! Tu es à nouveau le sujet de conversation préféré de tout les gens du bahut !

Sa voix perçante me fait mal aux oreilles.

-T'aimes ça hein ? Montrer à tout le monde que t'es horrible, comme ça ! C'est pas la première fois que tu fais le coup.

Et voilà le petit toutou qui s'y met à son tour.

-Faut plus trainer avec toi, les gens vont finir par croire qu'on est comme toi !

Toutou numéro 2. 

Elles partent. Enfin ! Ces histoires me lassent, je n'aime pas être au centre de l'attention. Surtout quand ce n'est pas moi la responsable. C'est cet imbécile qui a trompé sa copine, pas moi qui l'ai incité à me sauter dessus. Ce n'est pas la première fois, on dirait que les mecs ont une dent contre moi, à me donner ainsi le mauvais rôle. Où ils se croient tout permis. Ce qui n'est pas à exclure.

La sonnerie retentit. Encore un jour de plus passé dans cet affreux lycée remplie d'imbécile régit pas l'égoïsme. Encore trois ans à passer ici avant de pouvoir travailler. 

"Ayumi, en seconde-3. La salope du lycée. Faites-gaffe, elle va vous piquer vos mecs." Ces phrases sont sur toutes les bouches, tout les messages, tout les bouts de papier qui se font passer discrètement en classe, qu'on retrouve parfois par terre.

Je sors du lycée en branchant mes écouteurs et me mets en marche jusqu'à chez moi. J'habite à 20 minutes de marche, mais le train est sans arrêt rempli, sans place. Je n'ai pas envie d'être collée à un de ces pervers comme il y en a souvent.

Les gens ne font pas attention à moi, une fois sorti des cours. Ils discutent d'un "connard de prof" ou de ce qu'ils vont faire en rentrant chez eux. Je suis une de ces invisibles, parcourant les rues de Fukuoka toute seule. 

Le trajet parait plus long qu'il n'en a l'air. Le froid de l'hiver me recouvre comme la nuit, et mon léger manteau est gelé lui aussi. Mes écouteurs sont bientôt recouverts par la fine neige, et je m'abrite dans un combini. Pour ne pas faire la squatteuse, j'achète une bouteille de thé glacé et la jette dans mon sac. Je n'ai pas l'intention d'en boire par ce froid.

Une fois rentrée chez moi, je tourne la poignée. La porte n'est comme d'habitude pas fermée. Maman et Papa oublient toujours. Enfin surtout Maman, qui elle fait l'effort de rentrer au moins un jour dans la semaine à la maison. Papa n'en a strictement rien à faire.

Je cours dans ma chambre à l'étage et claque la porte en jetant rageusement mon sac par terre. Les murs sont recouverts de posters ou de toiles peintes de ma main. Mon lit est défait, sa couette est en boule en bout de matelas. Les fenêtres sont toutes ouvertes, et la neige s'engouffrent sur mon bureau et mes affaires de classe et de dessins. Je ne prend pas le temps de les fermer. J'ouvre la bouteille de thé glacé pour boire un peu, histoire de ne pas avoir gaspiller 200 yens pour rien. La boisson a un goût sucrée, agréable.

Je croise le regard bleuté de mon reflet, dans le miroir. Je m'aperçois que mes cheveux noirs et lisses sont mouillés, et il reste des traces blanches dedans. Je les enlève d'un geste de la main et reverse un peu de thé au passage.

-Raah, merde ! M'écriai-je en m'allongeant sur mon lit.

Je jette la bouteille par terre et son contenu se déverse sur mon sac de cours. Je fixe le plafond : les yeux doux de Imao-Chan sur mon poster me font craquer. C'est le personnage principal de mon anime préféré, Storm. Il est doux, charmant, et gentil avec tout le monde, même les menteuses solitaires corrompus comme moi. Mais il vit dans un autre monde, je n'aurai jamais la chance de le rencontrer en vrai...

J'entends la porte d'entrée claquer et quelqu'un râler. Sûrement maman, je ne vais pas prendre le temps de descendre pour elle. 

-Ayumi ! Descend ! Me crie-t'elle.

Et merde. J'obéis et descend les marches avec nonchalance.

-Quoi ? Demandai-je sèchement.

-Hm ? Ah non, rien, je voulais juste savoir si tu étais là. Dit-elle en s'asseyant à table pour tweeter.

-Quoi ? T'es sérieuse ?! 

-Si t'es pas contente, t'as qu'à remonter. Siffle-t-elle avec mépris.

Je cours dans les escaliers avec fureur et m'enferme dans ma chambre. J'ai faim, je n'ai pas assez d'argent pour m'acheter à manger, la neige tombe de plus-en-plus, je gèle même après avoir fermé les fenêtres, ma mère va sûrement aller manger dehors avec des mecs que je ne connais pas et n'a sûrement pas pris le temps d'aller acheter de quoi remplir le frigo.

J'irai en cours demain. La maison est encore plus insupportable pour moi que l'extérieur, elle me rappelle d'affreux souvenirs. Je préfère encore affronter les gens du lycée.

Dehors, j'aperçois une ombre. Quelqu'un qui se promène malgré la tempête. Il doit se geler, le pauvre... Mais bon, je m'en fous.



















AyumiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant