Chapitre 4

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Je scrutai d'un oeil émerveillée les créatures. Elles me semblaient plus en paix que les humains, et ça me réchauffait le coeur de savoir que de telles choses se produisaient la nuit, sous nos fenêtres.

-C'est... C'est magnifique ! M'écriai-je en me tournant vers le garçon. 

Il me fixait d'un air exaspéré désormais, et mon sourire s'affaissa.

-Bref, je vais rentrer. Me lança-t'il en se tournant avec un geste de la main. Tu devrai venir avec moi, madame la fugueuse.

Je me sentis rougir.

-Je suis pas une fugueuse ! (Je secouai la tête) Et je ne suis pas stupide au point de suivre un inconnu vampire chez lui dans un lieu que je ne connais pas !

-Comme tu veux, bailla-'il. Mais ce n'est pas sûr de rester dehors par ce froid.

-Je m'en fiche.

-Très bien. Bonne nuit miss.

Il s'en alla les mains dans les poches. Sa joie de vivre d'avant avait disparu d'un coup, et le voir s'éloigner baissait le peu de joie que j'avais encore moi aussi. Je serrai les poings, les refermant sur mon horrible uniforme.

-At-Attend ! Criai-je fort pour couvrir le bruit du vent.

Il se retourna.

-Tu t'es décidé à venir avec moi ? Ricana-t'il.

Je hochai la tête. Depuis quand suis-je devenu aussi dépendante de quelqu'un ?

-à une condition : essaye ne serait-ce qu'une fois de me faire quoi-que-ce-soit et je te tord le cou. Menaçai-je en courant vers lui. C'est compris ?

-Compris.

Nous avançons dans la pénombre la plus profonde. Je ne vois pas à un mètre devant moi, mais lui se dirige entre les ruelles avec vitesse et agilité, se souvenant par coeur des chemins à emprunter. Il s'arrête devant un mur avec un trou qui devait être l'entrée, sans porte. 

-C'est ici. Murmura-t'il avant de s'engouffrer dans le passage, moi à sa suite.

Malgré le noir complet, je distingue quand même quelques vitres brisées, des marches d'escaliers en bois pourris nous menant à son appartement, des barrières de sécurité affalés contre les murs  et quelques... Cadavres de chats. De frayeur, je m'agrippe à son pull avec une expression digne d'un héros de Ghibli apeuré, et il manque de trébucher sur les escaliers. 

-Ne fait pas attention à ça. Dit-il (dans sa grande nonchalance). Cette endroit est un recueil pour tous les chats malades, qui viennent crever ici. 

Il ouvre la porte de son appartement d'un petit coup de pied et entre, puis referme la porte.

L'intérieur est tout-de-suite rassurant : quelques bougies par-ci par-là brillent, un futon rose est posé au sol (trouvé dans une décharge, vu la crasse), des cartons ouverts remplis de boîtes de nourriture s'entassent dans les coins et quelques objets inutiles font office de décoration, comme une peluche Pikachu et un tableau brisé représentant une Hatsune Miku décoloré qui sourit avec le V de la victoire.

Un vrai repaire d'Hikikomori.

Le garçon s'assoit sur le rebord de la fenêtre en baillant et dégaine une cigarette.

-Hé ! Tu fumes ! Le grondai-je.

-Et alors ? Ricana-t'il (pitié, son rire me donne envie de lui arracher la langue !) Je suis majeur. 

-Hein ?

-Bah quoi ? Tu pensais quand même pas que j'avais ton âge ! 

-Et bien... Murmurai-je en jouant avec mes doigts, mal-à-l'aise.

-Non, sérieux ?!

Il rit à gorge déployé, la cigarette toujours posée sur ses lèvres (quel exploit !).

-J'ai donc un visage de gamin ? Intéressant... Dit-il après avoir reprit son souffle.

-Oh ça va ! Ferme-là deux secondes ! Râlais-je.

-Elle va se calmer la tsundere ?

-Il y a une différence entre une fille tsundere et une fille exaspérée !

-ça doit être ça. Maintenant prend mon futon est dort. La couverture est en-dessous.

-C'est un conseil ?

-Un ordre.

-Je vois... Répondis-je en me glissant sous les couvertures. ça fait quand même bizarre de dormir à côté d'un vampire majeur inconnu chiant qui fume.

-Je n'aime pas les gamines. Souffla-t-il. Je ne te ferai rien, dors tranquille.

-Vampire Emo.

-J'ai un nom, et c'est Elias. Je pourrai savoir le tiens, tsundere exaspérée ?

-Ayumi. Bonne nuit Elias.

-Bonne nuit Ayumi.

Je m'endormie comme une pierre, bercée par les rayons de la Lune et le soufflement régulier d'Elias qui fumait. Je n'ai jamais aussi bien dormi.

AyumiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant