Chapitre 6

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Il s'avançait vers moi, les yeux grands ouverts, m'oppressants. J'avais l'impression d'être avalée par un gouffre, dans ce noir horrible.

Il me saisit une épaule et me plaqua contre le mur, enserrant mes bras comme un étau. Ma gorge était bloqué, les cris ne s'en échappaient pas. La pièce était bloqué dans un silence pesant, ponctué par les éclairs de la tempête dehors. Je n'arrive même pas à prononcer son nom.

Au bout de quelques instants de terreur, il approcha son visage de mon cou, bouche grande ouverte... Et planta ses longues dents dans ma chair. 

La douleur était intense, mais j'avais peur de faire le moindre bruit. Je gardai mes mains serrés, aplaties contre le mur. Elias suçait mon sang sans enlever ses canines. Je sentais mon énergie partir peu à peu, tandis que l'orage dehors augmentait en intensité. 

Il m'avait promit qu'il ne me ferai rien. Qu'il ne me sucerait pas le sang. M'avait-t 'il vraiment dis ça ? Je ne me souvient pas. Je n'arrivais pas bien réfléchir. J'avais l'impression que mon énergie se vidait...

Au bout de quelques minutes, ou peut-être quelques instants, il retira ses canines, un filet de bave coulant de ses lèvres. Le sang tombait de mon cou dans un "ploc, ploc" sonore. Il leva les yeux vers moi, et ils se remplirent de larmes. Il fixait mon regard incompréhensif et terrifié, et desserra mes bras.

-J... Qu-Qu'est-ce que j'ai fais...?

Il posa brusquement sa tête sur mon épaule et éclata en sanglots. Toujours pétrifiée par ce qu'il venait de se passer, j'articulai difficilement quelques mots.

-C... C'est pas grave... ça ne me fait pas s-si mal que ça...

Il releva ses yeux vers moi, et je sentis de la panique et de la culpabilité dans son regard.

-C-Ce n'est pas que ça... Je n'avait pas le droit... Je ne pouvait plus me retenir... Dit-il entre deux hoquets. S-S... S'il l'apprend... 

Je n'avais jamais vu autant de peur sur un seul visage. Surtout celui d'un garçon comme lui.

-Hé... Calme-toi... De quoi tu parles...? Tout va bien...

J'essayai de le prendre dans mes bras. Je sentais son coeur battre à tout rompre, couvrant l'orage dehors. Il claquait des dents, et je ne savait que faire pour le rassurer et le calmer.

-Tu... Tu ne comprends pas... Il... Il va...

Soudain, un énorme courant d'air s'engouffra dans la pièce, suivi de gouttes de pluies. Je n'y voyais absolument rien. Des flashs de lumières et des gouttes me brûlaient les yeux. J'avais soudainement froid, je tremblai, et le corps d'Elias ne me réchauffait pas.

-Elias, Elias, Elias... Soupira une voix grave. Tu n'en fais vraiment qu'à ta tête...

Elias s'immobilisa soudain, et tourna tout doucement sa tête vers la provenance de la voix.

Il y avait quelqu'un, un grand homme aux longs cheveux rouges portant un cache-oeil en forme de Lune, devant une sorte de porte blanche gelée qui n'était pas là avant. De la neige et de la pluie entraient par la porte pour venir se loger sur les murs, les objets et nos corps. 

-Tu n'es qu'un abruti Elias. Tu connaissais pourtant la règle. Tu es sûr d'être un Anémo ?

Elias couina comme une souris.

-Sire Hillis... Murmura-t'il. S'il-vous-plait... Je n'en pouvais plus...

L'homme coupa Elias d'un geste de la main. Il s'approcha de lui et, avec un maigre sourire, il attrapa le menton d'Elias et le rapprocha de son visage pour le forcer à le regarder dans les yeux.

-Rappelle-moi ce qu'est un vampire Anémo, mon cher Elias ?

-Un vampire ayant prêté serment à son roi et qui n'a pas le droit de boire du sang sans autorisation... Souffla Elias, les larmes aux yeux.

-Mais encore ? Demanda le dénommé Hillis, visiblement amusé.

-Un vampire n'ayant pas besoin d'autant de sang que les autres vampires... Ce sont des vampires puissants...

Hillis tordit son sourire.

-Et tu as bu. Tu m'avais pourtant prêté serment. 

-Je... Je n'en pouvais plus... J'avais besoin de boire... Je n'avais pas d'autre sang à ma portée...

-Alors pourquoi n'es tu pas resté dans le monde des vampires ??!! Hurla Hillis, faisant trembler la maison. Tu avais tous le sang que tu voulais là-bas, et tu as préféré boire le sang d'une humaine !! Je t'avais pourtant ordonné de rester ici !! Et, tel le crétin que tu es, tu as voulu vivre dans ce monde pitoyable !!

Il compressa encore plus le visage d'Elias et se tourna vers moi. Il me sourit d'un air cruel.

-Et toi...

Il s'interrompit et éclata de rire. Elias se raidit.

-Non, Sire Hillis ! Elle n'a rien fait ! C'est de ma faute ! Ne la touchez pas, je vous en supplie ! Hurla-t'il avec l'énergie du désespoir. 

Hillis ne prêta pas attention au jeune homme et claqua des doigts. Aussitôt, mes jambes et celles d'Elias lâchèrent. 

-Enfin... Pardon ma grande, ça ne va pas être agréable. Me dit-il de sa voix grave me donnant envie de vomir.

Il lâcha le menton d'Elias, qui tomba face contre terre, et s'approcha de moi avec aisance dans sa cape sombre qui flottait autour de lui. Il agrippa l'une de mes épaules et, de son autre main, posa trois doigts sur mon front. La pièce devint noire autour de moi, encore plus noire qu'elle ne l'était déjà. Ma tête vrombissait et tournait. Mes yeux se fermèrent tous seuls, au moment où Hillis ricanait son monstrueux rire.

AyumiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant