Chapitre 5

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-Elias, arrête de faire des caprices ! Tu risques gros ! 

-Ta gueule et rentre, Maki. Vous me faites tous chier.

Ces voix sont réelles ou je ne suis pas bien réveillée ?

-Je t'en supplie Elias ! Cri à nouveau la personne avec sa voix fluette.

-Mais ferme-là ! ça fait longtemps que je suis ici, je risque rien ! Dégage !

C'est à ce moment que je décide de me lever et de me tourner vers Elias. Il est adossé à la fenêtre et n'a pas bougé depuis hier soir.

-Ah, salut ! Me lance-t'il en se tournant vers moi, cigarette à la main.

-Salut... à qui tu parlais ? Demandai-je sans prendre de pincettes.

Il se mors la lèvre inférieure. 

-Quoi ? T'entends des voix ma pauvre, tu dois avoir de la fièvre. Ricane-t'il.

-Mouais... Tu devrais pas fumer autant dès le matin tu sais.

-Hein ? T'inquiètes, les poumons des vampires et ceux des humains sont différents.

Je fais le tour de la chambre. Avec la lumière du jour, je vois mieux tout ce qui se trouve ici. Il y a une porte entrouverte dans le fond de la pièce, qui mène vers une cuisine. Il y a des toilettes -miracle- et un placard rempli à ras-bord d'objets divers. 

-Il neige encore... Je ne vais pas pouvoir rentrer... Soupirai-je.

-Parce que tu voulais rentrer ? Me demande-t'il avec un pointe de tristesse dans la voix.

-Oui, 'fin... Toutes mes affaires sont là-bas, et mes parents vont s'inquiéter...

Il se lève et s'approche de moi.

-Si tu as fugué, c'est bien pour une raison non ? Tu as vraiment envie de retourner chez toi ?

Ses yeux me scrutent de haut en bas, tandis que je garde la tête baissée. J'ai du mal à réfléchir. 

-Je suis partie sur un coup de tête en fait...

-Si, sur un coup de tête, tu es capable de t'enfuir et dormir chez un inconnu, c'est que ça ne se passe pas bien chez toi. 

Je pince mes lèvres.

-J'ai raison ? Ajoute-t'il.

Je lève mes yeux vers lui, osant enfin le regarder. J'ai l'impression de le voir pour la première fois ; ses cheveux noirs en bataille, ses yeux sombres... Je n'avais jamais remarqué qu'il me fixait avec autant de tristesse.

-Tu ne veux pas rester seul ? Murmurai-je.

Il frotte ses cheveux et tourne les talons en rigolant.

-Je suis vraiment en train d'insister pour qu'une lycéenne reste avec moi ? Ricane-t'il en écrasant une cigarette. 

Je me balance d'une jambe à l'autre.

-Non, je ne veux pas rester seul. Soupire-t'il. Je préfère que tu reste. Cet endroit est trop vide sinon, mis à part les cadavres pourrissants de chats... 

Je regarde à nouveau la pièce dans lequel nous sommes. Il y a tout ce qu'il faut pour vivre ici, plus que chez moi... Même si je n'ai pas mes posters d'Imao-Chan, j'ai Elias avec moi...

-D'accord, je ne partirai pas. Dis-je avec un sourire.

Elias me sourit en retour. Je vois soudainement passer dans ses yeux un éclat de terreur ou d'une sorte de... Culpabilité.

Il sort une nouvelle cigarette et l'allume.

-Tiens, maintenant que tu es là... Tu veux bien aller acheter à manger ? Me demande-t'il.

-Hein ? Il y a des magasins ici ? 

-Oui, à quelques rues de là... Y'a un combini.

-Pourquoi tu n'y va pas tout seul ?

-J'en ai marre de garder mon masque pour cacher mes dents. Dit-il en montrant ses canines. Et vois ça comme un loyer.

Il me lance un porte monnaie qui sent le moisi.

-Où t'as eu cette argent ?

Il me fait un grand sourire en retour.

-Quoi, sérieux ? Soupirai-je.

-ça va, quelques yens en moins n'ont jamais fait de mal à personne !

Il me pousse en vitesse vers l'extérieur, comme s'il me foutait dehors. Il me pousse sur le palier et me fait un petit signe de la main.

-à tout' ! Cri-t'il en claquant la porte devant mon nez.

Je suppose que je n'ai pas le choix...

Je descends les marches à toute vitesse. J'esquive les chats morts, sur lesquels dansent des mouches. Le soleil brille fort sur la neige, mais il ne fait pas chaud pour autant. En marchant un peu dans la rue, ma cheville me fait encore mal. Mais je sens que je pourrai tenir. Les créatures de l'extérieur sont rentrées chez elles, ce qui me fait un petit peu mal au coeur de ne pas les voir par ce beau temps.

J'arrive enfin au combini. Mes chaussures, peu imperméables, sont trempées.

Le magasin est tenu par un vieil homme, assit derrière le comptoir. Je commence à chercher à manger. L'endroit ets petit, mais généreusement rempli de toutes sortes de nourriture. J'opte pour une grosse boîte d'onigiris au saumon, des oeufs, quelques sachets de nouilles instantanées et deux bouteille de thé vert. Je paye avec l'argent d'Elias et sort. 

Il se remet à neiger... Je m'abrite avec mon sac de courses et cours jusqu'à l'appartement. Par chance, ma cheville ne me fait plus mal. Temporairement.

J'arrive devant la porte de "notre" chambre et ouvre doucement. Le Soleil se couche -j'ai beaucoup dormi ce matin- et m'empêche de bien voir.

-Elias, tu es là ? Demandai-je en faisant grincer la porte.

Aucune réponse. Toute la salle est plongée dans le noir. J'entre à pas de loups, il dort peut-être.

J'avance vers la cuisine pour poser le sac, quand une présence apparu derrière moi. Je sursaute, mais ce n'est que lui.

-Elias ! Tu m'as fait peur ! Arrête de surgir comme ça, j'ai failli avoir-

Il se tient debout, ses deux yeux sont éclairés par la Lune dehors et brille d'un éclat de rage. Ma cheville me lâche soudainement.

J'ai un mauvais pressentiment. 

AyumiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant