Day dreamer

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1.

Quand je m'étais réveillé auprès d'Estelle, j'avais fui aussi vite que j'avais pu. Elle n'avait pas mon adresse, elle ne pourrait pas me recontacter, même si je doutais qu'elle essaie. Elle dormait encore quand je m'étais retrouvé sur le palier de sa porte et que j'avais couru dans les escaliers jusqu'à la sortie. J'avais ensuite bloqué son numéro et je m'étais affalé chez moi. Ce rôle ne me convenait pas.

Ma recette terminée, je décidai de faire une pause et je m'assis quelques instants. Iris avait changé. Ou alors mes attentes n'étaient plus ce qu'elles étaient.

Elle ne m'avait pas adressé la parole depuis trois jours. Nous nous étions revus le lundi en classe et elle m'avait ignoré, les deux jours suivants aussi. Aucun mot sur notre entrevue au cinéma, sur le café renversé et le baiser que nous avions échangé. Après l'agacement, l'inquiétude et la tristesse, je m'étais senti obligé de retourner vers elle, quitte à mettre ma fierté de côté, il fallait sûrement que je m'excuse. La journée fut longue et je ne savais comment aborder la conversation. Je me rendis compte que je voulais avant tout entendre sa voix, revoir l'étincelle effrontée dans ses yeux quand elle m'avait dit « oh pardon ! ».

J'eus l'impression qu'elle voulait partir avant que je finisse mon cours, je venais à peine de passer la porte derrière ma classe qu'elle se levait déjà d'un bond sans m'accorder un regard.

— Iris, si vous avez deux minutes, il faudrait que je vous parle.

Son prénom dans ma bouche sonnait étrange, je ne l'avais jamais appelée comme ça, pas même dans ma tête. Si elle en était aussi étonnée, elle ne le montra pas.

— Ma journée de travail est terminée.

— Je le sais, ce n'est pas pour vous retenir que je veux vous parler. Je voudrais m'excuser pour samedi.

— D'accord. C'est déjà ça.

Elle se désintéressa de moi, se dirigea vers le porte-manteau et attrapa son sac, je la retins par le bras et elle essaya de se dégager.

— Écoutez-moi, essayai-je.

— Lâchez-moi.

Je la lâchai, levant les mains en l'air.

— Dites-moi quel est le problème.

— Il n'y a pas de problème, mentit-elle.

— Je ne vous crois pas.

Il n'en fallait pas plus pour qu'elle lâche le morceau.

— Vous m'embrassez dans des toilettes alors que vous êtes en rendez-vous avec une femme, ça vous fait une drôle d'apparence à mes yeux.

Je soupirai, je m'y attendais bien sûr.

— Ce n'est pas ce que vous croyez. Ce n'est personne. Ce n'est pas ma petite amie...

— Ah oui ? Qui c'était alors ?

— L'amie d'un ami. Elle voulait sortir se promener et moi aussi.

— Ce n'est vraiment pas votre petite-amie ?

— Je suis célibataire.

— Vous m'avez dit être en rendez-vous.

— C'était pour me débarrasser rapidement de vous.

Elle leva les yeux au ciel.

— Au moins vous êtes honnête. Vous n'aviez pas un endroit plus convivial que les toilettes pour m'embrasser ?

J'esquivai sa réponse.

— Vous avez sali ma chemise.

— Je ne suis pas une personne maladroite, les enfants ne m'ont qu'effleurée.

PhantomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant