Le plus malheureux c'est celui qui reste

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1.

Iris était en voyage pour le week-end et moi j'essayais de m'occuper l'esprit. Je ne l'avais pas revue depuis qu'elle était partie du café. J'étais retournée voir Iain, il m'avait annoncé avoir réduit ma sanction au minimum. Thompson avait démissionné après que des parents d'élèves avaient été au courant et s'étaient inquiétés pour leurs enfants.

J'étais donc arrêté pendant une semaine, non rémunéré, où je n'avais pas le droit de pénétrer dans l'enceinte de l'école. Iain avait appelé Iris et lui avait annoncé tout ça, notamment qu'elle me remplacerait en classe. Il ne m'avait volontairement rien dit d'autre et j'avais été trop fier pour lui demander des détails sur ses réactions.

J'avais attendu un signe d'elle, mais le lundi se termina en silence, et le mardi aussi. Je supposais que tout se passait bien pour elle.

2.

Le livreur de sushis sonna à ma porte le mardi soir, j'avais très peu mangé ces derniers jours et la faim commençait à se faire ressentir. Malgré mon métier, parfois j'aimais bien rester sur mon canapé et attendre que les plats viennent à moi. J'avais de bonnes adresses, des restaurants que j'appréciais et en qui j'avais confiance. Ils n'étaient pas tous à blâmer.

J'attrapai mon porte-monnaie, essayant de compter ma monnaie d'une main, ouvrant la poignée de la porte de l'autre.

— On avait dit dix-neuf euros quatre-vingts ? demandai-je, les yeux fixés sur les pièces.

­— Quatre-vingt-dix-neuf, non ?

Je relevai la tête, surpris. Ce n'était pas du tout un livreur de repas, c'était Iris. Elle portait un débardeur en soie blanche et elle me regardait d'un air préoccupé. Je me félicitais de ne pas m'être laissé aller devant la télévision en pyjama pendant toute la journée. Même si mentalement je n'étais pas au meilleur de ma forme, au moins j'étais habillé.

­— Comment savez-vous où j'habite ?

— Le directeur s'est fait une joie de me mener jusqu'à vous.

— J'aurais dû m'en douter.

— Je venais m'excuser, pour la dernière fois. J'imagine que j'ai réagi un peu trop vivement et que vous vouliez simplement m'aider. Mais sachez que je n'ai pas besoin d'être protégée. Et je suis désolée pour ce qu'il vous arrive.

— Ce n'est pas votre faute, je suis parfois impulsif moi aussi. Je voulais juste... que vous sachiez que vous pouvez avoir confiance en moi, je suppose.

Il y eut un silence gêné et je lui proposai :

— Vous voulez entrer ?

Elle acquiesça et je refermai la porte derrière elle avant de passer une main dans mes cheveux. Elle regarda la pièce et je me sentis obligé de dire quelque chose.

— Il n'y a pas beaucoup de décorations mais j'aime les choses simples.

— Je trouve votre appartement très joli. J'aime beaucoup votre plafond.

Elle faisait allusions à toutes les étoiles phosphorescentes qui scintillaient quand il se mettait à faire sombre le soir.

— Faites comme chez vous.

Elle me surprit lorsqu'elle demanda :

— Je peux dîner ici ?

— Eh bien j'ai commandé pour une seule personne mais je...

— Vous allez manger des plats tout fait ? se moqua-t-elle.

— Je n'avais pas le moral pour cuisiner. Je peux toujours rajouter quelque chose, mais ça arrivera après.

PhantomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant