Quand j'étais enfant, j'adorais regarder les dessins animés, tout comme la plupart des fillettes de mon âge. Tantôt Barbie, tantôt Cendrillon, ces contes féeriques m'envoûtaient. Cependant, depuis ma plus tendre enfance, j'éprouvais une curieuse fascination pour les méchants de ces récits. Ils m'intriguaient, m'attiraient, et je m'identifiais souvent à eux, arborant leur sourire maléfique avec une assurance que seule leur méchanceté semblait pouvoir conférer.
J'élaborais d'innombrables théories pour percer le mystère qui poussait ces personnages à commettre des actes aussi atroces. Pourquoi étaient-ils méchants ? Qu'est-ce que la méchanceté signifiait réellement ? Quelle frontière distinguait les méchants des gentils ? Ces questions, je les posais inlassablement, désirant ardemment comprendre où je me situerais dans ce schéma dans dix ans.
Parmi tous les méchants, la belle-mère de Blanche-Neige m'attirait tout particulièrement, ainsi que son miroir. Son miroir magique, tant convoité, était mon rêve d'enfant. Je suppliais mon père de me l'offrir. À l'époque, je croyais en tout, y compris en l'existence de ce miroir, même si mon père me répétait que cette histoire n'était qu'un conte imaginaire. Il affirmait que je n'avais pas besoin d'un miroir magique pour me faire savoir que j'étais une gentille petite fille, belle et aimée. Mais s'il pouvait me voir maintenant...
Je n'avais jamais accepté son argument, convaincue que ce miroir existait réellement et que je le trouverais un jour. Je rêvais alors de régner sur le monde, non pas en tant que méchante, mais en tant que souveraine juste qui s'affranchit de ces concepts, le bien et le mal. Cependant, avec le temps, ces rêves d'enfant se sont estompés.
J'ai grandi, et un jour, je suis allée voir le film Blanche-Neige et le Chasseur, dans lequel Kristen Stewart incarne Blanche-Neige. Ce film m'a ensorcelée bien plus que le dessin animé original. La Reine et son miroir étaient devenus mon obsession silencieuse, une passion qui, sans que je ne le réalise, perdurait au fil des ans.
À mesure que je grandissais, mon obsession pour les miroirs a pris une tournure inquiétante. J'en accumulais constamment dans ma maison, de toutes formes et de tous styles. Mais cette fascination s'est rapidement transformée en une phobie sourde, une crainte permanente. Depuis plusieurs années, une ombre semblait me suivre à travers chaque miroir. À chacun de mes pas, je ressentais sa présence à mes côtés, une menace diffuse, un sentiment d'observation constante.
Même en dormant, je me sentais surveillée, traquée. Ma maison était devenue un labyrinthe de miroirs, où je me noyais sans cesse dans mon propre reflet, me perdant inlassablement. J'aimais me contempler, sourire à mon image, et parfois, je pouvais rester des heures à me perdre dans ce labyrinthe.
Mais un jour, tout a basculé. L'ombre qui me suivait, tout d'abord insignifiante, a commencé à prendre forme. Au début, je n'en avais que faire, pensant qu'elle n'était qu'une illusion. Son existence ne me troublait guère, car où que j'aille, j'emportais mon propre reflet avec moi. Il était ma protection, ma force.
À un moment, il m'était devenu difficile de quitter ma maison, de me séparer de mes miroirs, de ma forteresse. Je ne sortais que par nécessité, et lorsque je croisais un miroir à l'extérieur, je ne pouvais m'empêcher de m'y arrêter pour m'observer.
C'était ma vie, autrefois. J'étais seule, vivant pour moi et pour mon reflet. Mais depuis que cette ombre est entrée dans ma vie, tout a changé.
Au début, je ne ressentais aucune crainte, même si elle me suivait, me scrutait en permanence. Elle était là, j'étais là, nous coexistaient. Je n'avais pas peur, car j'avais mon image avec moi, partout où je me trouvais. Je me sentais en sécurité, soutenue.
Puis, un jour, elle a fusionné en moi, insidieuse, insaisissable. Je n'avais jamais cru aux phénomènes paranormaux ni surnaturels. Je ne croyais qu'en moi-même, en mon existence. Mais elle s'est immiscée dans mes rêves, me tuant chaque nuit dans un cauchemar différent du précédent.
Elle était dans ma tête, dans mon être, et elle cherchait à me détruire. C'est là que la peur a commencé à me submerger. C'est là que j'ai abandonné, encore une fois.
L'abandon, une constante dans ma vie.
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Le Serment de l'Ombre à la Nuit
ParanormalOmbeline serrait sa main , une main vieille, ridée, témoin des années qui s'étaient égrainées. Il portait le nom de Séraphin, mais le monde le connaissait simplement sous le nom du Vieux. La nuit était la compagne fidèle d'Ombeline. Elle aimait ses...