Quand l'Obscurité Avale le Passé

18 10 2
                                    


Mes parents étaient aisés, voire même opulents. Ma vie était normale jusqu'à la fin de mes années de lycée. J'ai obtenu mon bac avec mention, j'étais heureuse, et j'ai atteint ma majorité. Tout semblait se dérouler parfaitement, et j'étais impatiente de savourer les plus belles vacances de ma vie. Mais la réalité en a décidé autrement.

Un banal accident de voiture. Une heure comme une autre de la journée, puis tout a basculé.

Du jour au lendemain, mes parents n'étaient plus là, emportés par cet accident de voiture, évaporés de ma vie.

Après le jour fatidique de l'accident, de nombreuses choses se sont déroulées comme une brise glaciale du matin : les funérailles, les questions relatives à l'héritage et toutes les formalités associées.

Je n'étais pas véritablement impliquée dans ce qui se passait autour de moi, mais j'étais témoin de tout. Je voyais tout, les regards des gens, des employés de mes parents, tous attendant ma réaction.

C'était le soir de mes dix-huit ans, et je devenais l'héritière de tout cet empire, de cette richesse, de tout ce qui m'entourait. Cependant, je n'y prêtais guère attention. Tout avait changé du jour au lendemain. Mon esprit s'était comme réinitialisé, une métamorphose que je ne reconnaissais plus.

J'avais des ambitions, des désirs, un rêve, un avenir, mais tout cela s'était évaporé. Je ne me souvenais même plus de ce que j'avais envisagé pour l'après-lycée. Deux jours auparavant, j'avais discuté du sujet avec mon père, mais aujourd'hui, je ne me rappelais plus de nos échanges.

En réalité, ces deux jours de séparation correspondaient à une séparation d'un millier de jours, ma vie étant désormais divisée en deux périodes distinctes : une vie d'avant la séparation et une existence postérieure.

Tous les regards étaient braqués sur moi, tout le monde attendait mes décisions. Mais je n'en avais aucune.

Je souhaitais simplement que cette poignée de personnes qui gravitait autour de moi me laisse en paix. Lors d'une soirée, semblable à celles que je subissais depuis un mois, j'ai pris mon téléphone, que je n'utilisais presque jamais, mais qui ne me quittait pourtant jamais. J'ai composé le numéro d'un concurrent de mon père.

Une sonnerie, puis deux, et enfin un bonjour. Je lui ai demandé sans ménagement : "Voulez-vous acheter tout ce que mon père a laissé ?" Ma formulation était maladroite, mais je m'en fichais. Un silence s'est ensuivi, puis sa réponse : "Qui êtes-vous ?" m'a-t-il demandé, bien qu'il devait sûrement connaître ma véritable identité. Je n'ai pas relevé la question, me contentant de répondre : "La fille d'Édouard." Pas un mot de plus, impatientée de clore cette conversation.

À nouveau, un silence pesant. Puis il a répondu : "Demain, à 16 heures, je serai chez vous." "Très bien", ai-je répondu en appuyant sur le bouton rouge pour raccrocher. Je n'étais ni dérangée, ni soulagée. Je n'ai pas soupiré, ni relevé les yeux. J'étais simplement vide.

Je mangeais, je dormais, je me levais le matin, je prenais mon petit-déjeuner, puis je m'asseyais. L'horloge était devant moi, le temps passait, et je le regardais.

Mes parents étaient des êtres solitaires, sans famille, et je n'avais personne. Quelques employés étaient venus me rendre visite, mais en découvrant mon état, ils n'avaient jamais remis les pieds ici. Rien n'avait changé dans la maison, tout était comme avant, à l'exception d'un vide, d'une absence laissée par deux présences que j'avais déjà oubliées.

J'attendais, le temps passait, et moi, je restais.

 Quinze heures arrivait, alors je me suis habillée. Je ne savais pas quoi mettre, je n'y avais jamais pensé. J'ai opté pour une simple robe noire, longue et sans manches. Mes cheveux noirs étaient détachés. Tout était noir chez moi, jusqu'à mes yeux et moi.

16 heures approchaient.

Le Serment de l'Ombre à la NuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant