Quand la Nuit Me Dévore

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Comme toi, comme aujourd'hui, ou hier, comme avant-hier, semblable à moi et à lui, semblable à jamais et à toujours, je m'égare sur le chemin, je le trouve, puis il me trahit, me désoriente, et je me perds en lui. La route se dérobe à ma mémoire, l'oubli me guette, inexorable. Ils me traquent, ces ombres fugitives, et je les fuis, mais ils me rattrapent toujours, telles des ombres fidèles.

À l'horizon, la nuit s'approche insidieusement, et je la repousse avec ferveur. J'entends le jour me faire ses adieux, mais je le supplie en silence de demeurer à mes côtés. Hélas, il est trop loin pour entendre mes lamentations, et son éclat s'éloigne irrémédiablement.

Je me tourne, résignée, et plonge mon regard dans cette obscurité cruelle qui me nargue. Je n'ose plus sourire, car je connais son dessein sinistre. L'angoisse étreint mon cœur, mais fuir n'est pas une option. J'aurais dû les suivre, ne pas m'enfuir comme une lâche.

Celle qui se dresse devant moi sait parfaitement ce qui se trame, et cette conscience la réjouit. Son sourire s'élargit au fil des heures, cette nuit, ce monstre impitoyable. La lune, elle, se détourne, incapable de soutenir mon regard, car elle sait qu'elle va m'abandonner, comme elle le fait inlassablement. Elle n'a guère d'autre choix, semble-t-il.

Lorsque je ne suis point seule et que je ne suis point astreinte à affronter ce que l'on nomme la nuit, je vis, je ris, je souris. Cependant, dès qu'elle s'installe, je suis contrainte de tout effacer, d'effacer ma propre existence.

Le Serment de l'Ombre à la NuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant