Quand la Brume Cache la Vie

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La vie est brumeuse, et devant un miroir, elle se dissimule. La brume l'enveloppe, lui apportant une certaine consolation, car elle sait, elle sait qui elle est, à quel point elle est injuste, égoïste, et sombre.

Je ne suis ni triste ni joyeuse, malgré les apparences actuelles. Il y a ceux qui vieillissent, puis il y a moi, qui semble rajeunir pour retourner au berceau, au sein du ventre de ma mère, là où la vie n'a pas encore dissipé la brume qui obscurcit mon regard, à une époque où elle osait encore se contempler.

Sans raison apparente, j'ai tout quitté. J'ai vendu tous les biens de mes parents, gardant l'argent pour moi. Au départ, j'avais l'intention d'en faire don à une association quelconque, mais au final, je ne suis pas aussi généreuse et bonne que je le croyais. Le sort des pauvres, des malades et des autres m'importait peu. À présent, je ne vois et ne vis que pour moi.

J'ai changé de ville, car il m'était insupportable de croiser tous ces visages familiers tous les jours, des visages qui me rappelaient constamment qui j'étais. Ils étaient tous aussi odieux et déformés que je l'étais.

J'ai voyagé et j'ai fini par atterrir dans une ville sans histoire, sans nom, un lieu insignifiant qui me protégeait du reste du monde.

j'ai une maison, pas un travail j'en n'en avait pas besoin. j'avais tout et rien à la fois.

Il m'arrivait parfois de sortir, bien que ce ne fût pas fréquent. J'ai commencé à peindre, mais cela ne me satisfaisait pas. Dans mon pinceau, je ne trouvais qu'une seule couleur : le noir.

Je n'arrivais même pas à créer des nuances. À chaque fois, c'était la même chose, le noir le plus profond ornait chacune de mes toiles, c'était tout ce que je pouvais faire. Mes créations n'étaient que des toiles noires, rien de plus.

Je ne cuisinais pas, je n'en avais pas la compétence. Je me faisais livrer de la nourriture jusqu'à ma porte, dans ma maison sombre, vide, dépourvue d'intérêt, à mon image.

J'avais vingt ans, et j'ai envisagé de donner mon corps aux hommes, au désir, mais cela ne m'a rien apporté. Le vide est resté constant, et l'idée d'avoir quelqu'un sur moi, se mouvant sauvagement en moi, ne me plaisait pas du tout.

Rien ne semblait être fait pour moi, tout était soit insuffisant, soit souvent excessif. L'équilibre m'était étranger.

J'ai vingt-deux ans, je vis seule, je mange seule, et j'ai fait la rencontre d'un vieil homme.

Il marchait, titubait, son corps tremblant de toutes parts. Ses pas étaient instables, et sa peau semblait dépourvue de toute attache, pendante de partout.

Pourtant, son ombre, elle, était différente.

Le Serment de l'Ombre à la NuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant