4. Klimt

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La première nuit fut la plus terrible, la plus dure à supporter. Blottie contre son petit frère, Sonia peinait à trouver le sommeil, malgré le matelas d'un confort sans pareil et des draps propres, n'empestant pas la moisissure, le sommeil la fuyait comme la peste.

Anton lui, dormait à poings fermés. Il avait passé sa soirée à lire de vieilles bandes dessinées que les femmes de Negan lui avaient prêtées, avant de s'écrouler de fatigue.

Leurs dernières semaines d'errance avaient eu raison de lui.

— Dwight, il ressemble à double-face, le méchant de Batman, lui avait-il dit sans quitter des yeux sa page.

Sur le coup, Sonia pensa en rire. Mais la remarque l'attrista plus qu'autre chose.

— Ne dis pas ça en sa présence, tu m'as compris ?

Anton s'était contenté de hocher la tête, peu concerné. Sonia lui expliqua alors qu'ils devaient faire profil bas, se fondre dans la masse le plus possible et que bientôt, ils reprendront la route en direction du Nord du pays. Et maintenant, il dormait sur ses deux oreilles, la petite comptine morbide chantée par les rôdeurs à l'extérieur, au rythme de la pluie, ne semblant pas le troubler.

Sonia, quant à elle, ne cessait de tourner dans le lit. Elle se remémorait l'épreuve passée en cette fin de journée, elle n'avait rien pu avaler ensuite, le sourire du grand méchant Loup ne cessait de la hanter, et ses mots aussi...

Doucement, on frappa à la porte de la chambre. Sonia se tira du lit et sans un bruit, ouvrit à son visiteur nocturne. Dwight se tenait dans l'encadrement de la porte, une paire de bottes dans à la main.

— C'est les tiennes, je crois.

— Bien sûr que ce sont les miennes, tu as déchaussé beaucoup de monde aujourd'hui ?

— Uniquement ceux en qui je n'avais pas entièrement confiance.

— Et c'est toujours le cas ?

Le Sauveur nia.

— Il va bien ? Lui demanda-t-il en parlant d'Anton.

— Oui, les épouses de ton patron l'ont dorloté. Je suis heureuse pour lui, mais j'ai peur que tout ce confort lui monte à la tête...

Sonia récupéra ses chaussures et les jeta dans un coin de leur chambre. Anton émit un léger grognement de gêne et sa sœur en rit.

— Il est capable de se sentir gêné, même à la belle étoile. Tu devrais l'voir...

La trentenaire se figea, comme se rappelant soudainement qui elle avait devant elle et quel rôle il avait joué durant son petit face à face avec Simon. Alors, elle fut tentée de lui cracher au visage, de viser la partie dont il avait le plus honte, celle sur laquelle elle faisait une fixette depuis leur rencontre tout en se retenant de ne pas l'effleurer du bout des doigts à chaque fois qu'elle le croise, à chaque regard échangé, mais se retint.

— Je ne sais pas si on te l'a dit mais, on a une bibliothèque, lui dit Dwight.

— Pour de vrai ?

— Y'a pas grand monde qui l'utilise, mais je me suis dit que ça pouvait t'intéresser, toi.

Sonia eut un sourire pincé et le remercia pour l'information. Puis, elle se tourna vers l'intérieur de sa chambre et lui désigna le soupirail entrouvert, d'où parvenait une étrange lumière, presque trop irréelle. De là, son sourire se transforma en quelque chose de véritable et le Sauveur sentit quelque chose se rompre en lui.

— Tu devrais venir écouter ça d'un peu plus près, c'est vraiment magique.

— J'ai le même dans...

Matriocka¹ | THE WALKING DEADOù les histoires vivent. Découvrez maintenant