Matriocka¹ | THE WALKING DEAD

6. Trucks

Paniquée par le spectacle sous ses yeux, Sonia échangea sa place avec celle du mort et baissa la fenêtre.

— Dwight ! Dwight, reviens !

Voyant le groupe de Goinfres se rapprocher, la jeune femme ne savait plus comment réagir. Devait-elle abandonner la Fouine tandis qu'elle resterait elle, bien planquée dans sa voiture ? À lui, pas à elle.

— Putain, putain... Fait chier !

S'armant de son seul couteau et un peu de son courage, Sonia s'extirpa du véhicule et se mit à courir en direction des bois. Elle s'y enfonça, manqua de s'étaler plusieurs fois dans la précipitation, mais ne lâcha rien. Les branches les plus basses lui griffèrent les bras et les légers grognements des Goinfres coinçaient entre deux arbres, à moitié dévorés sur le sol, rythmèrent sa course. Elle se faufilait parmi eux, parmi les débris de ce véritable champ de bataille zombiesque, tout droit, toujours tout droit... Dwight avait-il fait déjà fait tout ce chemin ou bien s'était-elle perdue ? Sonia avait chaud, elle crevait de chaud autant qu'elle crevait de peur.

Soudain, un bras s'enroula autour de sa taille l'arrêtant brusquement dans sa lancée. La trentenaire n'eut le temps d'hurler que la main de son coéquipier se plaqua sur sa bouche.

— Qu'est-ce que tu fais là, hein ?

Son regard noyé par la peur, mais l'instinct de protection à son plus haut degré, Sonia le repoussa violemment. Le dos de Dwight se heurta contre le tronc d'un arbre et sans crier gare, elle glissa la lame de son couteau contre sa trachée. Elle avait envie de lui hurler au visage, de finir ce que Negan avait commencé, mais se retint. Des pas venaient en leur direction.

— Si tu me permets...

Sonia observa la main du Sauveur lentement glisser vers son arme à feu et ne dit rien lorsque le canon glacial de celle-ci se glissa sous son menton. Comment ne pouvait-elle pas s'en douter ? C'était un revirement de situation plus que prévisible.

Et puis le semi-automatique abandonna sa peau, son but premier. Dwight tira sur un rôdeur derrière elle et le toucha en pleine poitrine. De part la violence du geste, le corps s'effondra, mais ne s'éteignit pas pour autant. Sonia pouvait encore l'entendre s'agiter sur le sol. Le Sauveur empoigna la trentenaire par le col de sa veste de garde forestier et la fit reculer. Elle trébucha, Dwight la releva et la fit basculer au-dessus du rôdeur sans plus de douceur.

La mâchoire du mort claqua au creux de son oreille, tel un amant doué avec les mots lui promettant monts et merveilles, et Sonia se raccrocha à Dwight du mieux qu'elle le pouvait. Ses ongles s'enfoncèrent à nouveau dans l'avant-bras du Sauveur et elle plongea son regard, — désormais submergé par la colère — dans le sien.

— Fais-le. Vas-y, lâche-moi !

— J'ai besoin que tu me fasses la promesse que tu vas faire le bon choix, Sonia.

— Lâche-moi ! Plutôt crever, lâche-moi !

Les doigts du rôdeur s'agrippèrent à son vêtement et la trentenaire bascula un peu plus en arrière, tiraillé entre deux mondes.

— Putain Sonia, dis-le !

— Non, toi fais-le !

— C'est trop te demander de vouloir vivre un peu plus longtemps ?!

Mais les négociations prirent rapidement fin lorsque le crâne du rôdeur éclata en centaine de morceaux, se répandant sur les vêtements de Sonia et dans ses cheveux. Un autre coup de feu retentit, mais Dwight la poussait déjà en direction de la route, que la trentenaire ne put comprendre clairement ce qui était réellement en train de se passer.